Les troubles mentaux sont en passe de devenir une des premières préoccupations sanitaires pour de nombreux pays. Alors que 14% de la charge mondiale de morbidité est attribuée à ces troubles, la plupart des personnes affectées vivent dans les pays à faible revenu et ne peuvent accéder au traitement dont elles ont besoin.

Face à cette situation, le ministère de la santé du Burkina Faso a élaboré en 2019 un plan stratégique de santé mentale. Cette année 2020, il est question de l’élaboration d’un plan intégré de communication qui s’inspire des grandes lignes du PNDES et du plan stratégique santé mentale. L’élaboration de ce plan intégré de communication a été possible grâce à l’appui technique et financier de l’ONG CBM.

Pourquoi cibler toutes les populations burkinabè ? Pour le docteur Marie Emmanuelle Zouré, directrice de la prévention et du contrôle des maladies non transmissibles, les maladies mentales ne concernent pas que les fous errants. Selon elle, une étude épidémiologique en 2015 a montré que 41% de la population âgée de 18 ans et plus a souffert d’au moins un trouble mental. Ce qui montre l’importance du phénomène dans notre pays.

Dr Marie Emmanuelle Zouré, directrice de la prévention et de la gestion des maladies non transmissibles au ministère de la santé

C’est pourquoi, le ministère entend développer un plan visant à élaborer des stratégies de communication à destination des populations pour les sensibiliser sur les mesures de prévention mais également sur les meilleures stratégies de prise en charge disponibles en santé mentale. Pour le docteur Zouré, ce programme est particulièrement nécessaire dans les contextes sécuritaire et sanitaire actuels, qui font que les populations burkinabè sont beaucoup éprouvées sur le plan psychologique.

Le plan de communication, selon les organisateurs, veut surtout être en phase avec le contexte actuel qui est caractérisé par l’émergence et le développement de trois défis majeurs : le contexte sécuritaire et les conflits intercommunautaires avec pour conséquence, des mouvements de populations ; la propagation de la consommation de la drogue même en milieu scolaire, la consommation des substances psychoactives en raison de la prolifération des sites d’exploitation artisanales ainsi que la prostitution et la pandémie du Covid-19.

Selon Oumar Sangaré, chargé de programme à CBM et responsable des projets santé mentale à CBM, le plan de communication s’inscrit dans le cadre du projet « santé mentale pour tous ». C’est un projet qui est à sa deuxième phase, pour la période de 2019-2022.

Oumar Sangaré, Chargé de programme de l’ONG CMB

Il est important de noter que CMB est une ONG internationale, présente au Burkina Faso depuis plusieurs années. Elle intervient dans une dizaine de régions dans les domaines de la santé mentale, du handicap auditif et oculaire, les domaines de l’éducation inclusive, du développement et de l’autonomisation des populations vulnérables. Dans le domaine spécifique de la santé mentale, l’ONG intervient dans les régions du Sud-ouest, de la Boucle du Mouhoun, du Centre-est et du Nord.

Oumar Sangaré affirme que les résultats de la première phase du projet « santé mentale pour tous » ont été très satisfaisants, et c’est ce qui a milité en faveur de la mise en œuvre d’une deuxième phase plus dynamique.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net