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Coronavirus au Burkina : les ruraux, ces éternels oubliés !

Publié le dimanche 12 avril 2020 à 13h56min

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Coronavirus au Burkina : les ruraux, ces éternels oubliés !

Le Covid-19 sévit au Burkina Faso comme partout ailleurs dans le monde. La lutte contre la pandémie, en plus des gestes barrières pour endiguer la propagation du virus à couronne, a entraîné la prise de mesures plus ou moins drastiques. C’est ainsi que les populations, du jour au lendemain, ont assisté, impuissantes, à la fermeture de leurs marchés et yaars, après celle des établissements scolaires et universitaires, à l’arrêt des transports en commun dans les villes, et entre des villes, dont Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, mises en quarantaine parce qu’ayant connu au moins un cas confirmé au Covid-19, à l’imposition d’un couvre-feu sur toute l’étendue du territoire national de 19h à 5h du matin, etc.

Conscients du fait que ces restrictions ne peuvent être mises en oeuvre sans un accompagnement, aussi minime soit-il, ceux qui nous gouvernent ont instauré des mesures qui devraient soulager les populations malmenées par le Covid-19. Et c’est là que le bât blesse, notamment dans le secteur de l’eau où, comme à l’accoutumée, les frustrés ne se comptent plus. C’est 70%, soit la majorité de la population burkinabè qui a été simplement oubliée dans l’application des mesures d’accompagnement, en ce qui concerne la prise en charge par l’Etat des factures d’eau des ménages moyens.

Le ministre en charge de l’Eau a été on ne peut plus clair, les populations rurales, puisque c’est d’elles qu’il s’agit ne font pas partie des bénéficiaires de la manne étatique qui doit soulager les Burkinabè en détresse du fait du Covid-19. Pourtant, constituant la frange la plus importante et la plus vulnérable de notre pays, les « ruraux », comme les appellent cyniquement les « gens de la ville », seront ceux qui subiront en pire, les conséquences indéniables de cette crise sanitaire qui a renforcé leurs conditions de précarité.

« La prise en charge par l’Etat des factures d’eau de la tranche sociale, la gratuité de la consommation au niveau des bornes fontaines, l’annulation des pénalités sur les factures de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (Onea), la prise en charge des factures d’eau dans les marchés et yaars », etc. Des mesures d’urgence auxquelles des Burkinabè n’auront pas droit, leur seul péché étant de n’être pas connectés au réseau de l’Onea.

En somme, ces « bannis de la société » paient pour un crime dont l’Etat est pourtant le seul responsable, n’ayant jamais misé sur l’objectif du « un ménage, un robinet ». Ces « ruraux » qui sont pour la plupart nos oncles, neveux, cousins, sœurs, tantes, cousines, nièces, etc., ne sont même pas forcément loin de nous, concentrées pour la plupart dans les quartiers périphériques et autres zones non-loties qu’ils désertent chaque matin pour venir chercher leur pitance journalière.

Tout aux privilégiés et rien pour les défavorisés ! C’est l’option choisie au détriment de cette couche de la population qui n’aura que le bol de riz et les paquets de thé, généreusement distribués lors des campagnes électorales par les politiciens en quête de voix. Comme si le Covid-19 et son cortège de malheurs faisaient la différence entre citadins et ruraux, c’est la grande majorité qui vient d’être une fois de plus sacrifiée sur l’autel de la ségrégation.

Par Wakat Séra
Les populations rurales ont une fois de plus été oubliées (ph. d’illustration)

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