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Police municipale de Ouagadougou : « 60% des plaintes sont liées aux nuisances sonores », affirme l’inspecteur Alidou Tinto

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Publié le lundi 2 mars 2020 à 00h05min

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Police municipale de Ouagadougou : « 60% des plaintes sont liées aux nuisances sonores », affirme l’inspecteur Alidou Tinto

Nuisances sonores, occupation anarchique de la voie publique, insalubrité dans les restaurants et poissonnerie, etc., la ville de Ouagadougou ne semble pas être un bon exemple en matière de salubrité et de tranquillité urbaine. Que fait la police pour changer la donne ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes approché du Directeur de la police de la salubrité et de la tranquillité urbaine à la Direction générale de la police municipale, l’inspecteur Alidou Tinto. Interview.

Lefaso.net : Pouvez-vous nous présenter votre service ?

Inspecteur Alidou Tinto : La Direction de la police de la salubrité et de la tranquillité urbaine (DPSTU) est chargée de lutter contre les atteintes à la tranquillité, à la salubrité et à l’hygiène publique ; contrôler le respect de la règlementation en matière des débits de boisson et assimilés ; veiller au respect de la règlementation en matière d’hygiène, de salubrité et de nuisances sonores ; réprimer les abattages clandestins dans la commune de Ouagadougou ; interdire l’entrée et la commercialisation de la viande foraine dans la commune de Ouagadougou ; contrôler la règlementation en matière d’aires d’abattage ; assurer la police des cimetières et des sépultures ; et veiller au respect des bonnes mœurs et de l’esthétique.

La ville de Ouagadougou connaît un nombre croissant de bars et de maquis, comment gérez-vous les nuisances sonores ?

Face à la croissance des bars et des maquis, en moyenne des dizaines de plaintes sont enregistrées par jour à la Direction générale de la police municipale par le biais du numéro vert (80 00 11 03) ou au poste de police. Parmi ces plaintes, 60% sont liées aux nuisances sonores.

Suite à ces plaintes, nos services procèdent d’abord à une vérification de l’effectivité des nuisances à travers des enquêtes de proximité et des constats. Des sonomètres sont utilisés pour évaluer l’intensité des bruits selon la norme ISO 1999 de l’Organisation mondiale de la santé.
Ensuite, des convocations sont émises aux contrevenants et des amendes allant de 24 000 à 50 000 F CFA peuvent leur être infligées.

Parfois, certaines mesures sont prises. On peut citer entre autres les saisies conservatoires, les propositions de mise en demeure adressées à l’autorité compétente et la fermeture définitive pour des maquis faisant l’objet de plaintes récurrentes pour des nuisances sonores.

Quelles sont les dispositions légales en matière de nuisances sonores dans la ville ?

Les dispositions légales en matière de nuisances sonores dans la ville sont :
La loi n°006-2013/AN portant code de l’environnement au Burkina Faso qui donne les orientations en matière de lutte contre le bruit. L’administration communale apparaît comme la première actrice dans la lutte contre les nuisances sonores, spécialement les collectivités territoriales (Article 5).
L’arrêté n°97-031/MATS/PKAD/CO prescrivant la lutte contre les bruits dans la commune de Ouagadougou

Ces endroits de divertissement respectent-ils les horaires comme il se doit ?

Certains endroits respectent bien sûr les horaires prévus par la règlementation. Par contre, d’autres ne respectent pas les horaires. Le non-respect de la règlementation est généralement lié à l’incivisme et particulièrement à la méconnaissance des textes. La DPSTU intervient dans le but de faire respecter la règlementation en la matière, à travers la sensibilisation et parfois la répression (contravention, saisies conservatoires).

Qu’est-ce que la municipalité fait en matière de salubrité et d’hygiène pour les restaurants, les poissonneries et autres points de vente liés directement à la santé de la population ?

Les services techniques de la commune concourent à la préservation de la salubrité et de l’hygiène publique. Il y a d’une part le service d’hygiène qui est chargée de contrôler la qualité des produits commercialisés dans les différents points de vente, ainsi que les denrées alimentaires ; désinfecter les lieux à la demande des propriétaires et délivrer des certificats de salubrité et de désinfection ; réprimer toutes formes d’atteintes à la salubrité et à l’hygiène publique.

Et d’autre part, la police municipale intervient pour appliquer la règlementation en matière de salubrité et d’hygiène publiques dans de ces établissements, contrôler les documents administratifs de ces établissements, sensibiliser la population et réprimer les auteurs des infractions.

Quelles sont les sanctions infligées aux tenanciers qui ne respectent pas les règles d’hygiène ?

Les tenanciers qui ne respectent pas les règles d’hygiène encourent des sanctions en fonction de la nature de l’infraction. Les contraventions varient de 10 000 à 50 000 F CFA.

La voie publique est de plus en plus occupée de manière anarchique. La municipalité est-elle impuissante face à ce phénomène ? Sinon, pourquoi un tel incivisme ?

L’occupation anarchique de la voie publique ne résulte pas de l’impuissance de la mairie, c’est plutôt des actes d’incivisme. Car, il existe des conditions légales d’occupation du domaine public. Alors que si vous prenez les occupants actuels, plus de 80% sont installés de manière illégale.

Les affiches publicitaires pullulent dans la ville de Ouagadougou. A chaque feu tricolore, on peut constater des affiches anarchiques. Finalement, quelle est la bonne formule qu’il faut appliquer pour ne plus voir de pareils actes ?

La réduction des affiches anarchiques, voire sauvages, nécessite une prise de conscience individuelle et collective. Beaucoup d’efforts sont faits allant dans le sens de la lutte contre les affiches publicitaires anarchiques par la police municipale et l’Agence du développement économique urbain. Mais il faut l’implication de la population pour venir à bout de ce phénomène. Cette implication de la population peut se manifester par la dénonciation des auteurs.

Quelle stratégie pour l’éradication des animaux en état de divagation ou errants ?

Le moyen de lutte contre la divagation des animaux le plus courant est la capture et la mise en fourrière des animaux en divagation dont l’amende est fixée par la délibération N°2018-165/RCEN/PKAD/CO portant révision des amendes et droits de fourrière des animaux capturés en état de divagation dans la commune de Ouagadougou. L’amende est de 30 000 francs par tête pour les ovins, caprins et assimilés, plus 5 000 francs par tête pour les droits de fourrière. Pour les bovins, porcins, chevaux et assimilés, elle est de 50 000 francs par tête plus 10 000 francs pour les droits de fourrières par tête.

Cette méthode de lutte doit être pérennisée et accompagnée de moyens substantiels. Aussi, une prise de conscience de la population sur les conséquences néfastes de l’élevage en milieu urbain est très capitale. Concernant les chiens errants, des opérations d’abattage sont souvent organisées.

Parlons de la corruption. Qu’est-ce qui est fait à votre niveau pour ne plus être perçu comme l’un des corps les plus corrompus au Burkina ?

Nous avons pris acte des classements antérieurs où la police nationale occupait les premiers rangs. Des démarches sont en train d’être entreprises à notre niveau pour avoir un rang honorable parce que ça n’honore pas, lorsqu’on dit qu’une structure est corrompue alors qu’en réalité, on ne sent pas des actes de corruption au sein de cette structure.

Mensuellement, il y a des cadres de rencontre durant lesquels nous mettons l’accent sur les comportements des éléments. Nous leur donnons des conseils afin qu’ils puissent être de bons modèles afin de mettre fin à cette pratique que les gens supposent (il faut le dire que les gens supposent).

A l’interne, arrivez-vous à identifier certains auteurs d’actes de corruption et vous les sanctionnez ?

Le problème est que les gens ne dénoncent pas. C’est vrai que le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) fait son classement mais on n’a jamais reçu des gens qui portent plainte contre des actes de corruption.

Interview réalisée par Cryspin M. Laoundiki
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