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Consommation des alcools frelatés : Une campagne pour sensibiliser aux risques sanitaires

LEFASO.NET | Par Justine Bonkoungou

Publié le mardi 3 décembre 2019 à 23h00min

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Consommation des alcools frelatés : Une campagne pour sensibiliser aux risques sanitaires

La ministre de la Santé, Pr Léonie Claudine Lougué, a lancé la campagne de sensibilisation sur les risques sanitaires liés à la consommation des alcools frelatés ce mardi 3 décembre 2019 au Laboratoire national de santé publique. Cette campagne de sensibilisation se veut une contribution aux efforts du gouvernement pour endiguer la prolifération des alcools frelatés au Burkina Faso.

Communément appelées « Tchrur tchrur », ou encore « suspend d’âge », les boissons spiritueuses frelatées sont très répandues au Burkina Faso. Selon une enquête de la police municipale publiée le 26 avril 2018, la ville de Ouagadougou compte à elle seule plus de 3800 débits de boissons dont certaines vendent ces spiritueux. Vendues soit en bouteille, soit en petit sachet coûtant seulement 50 F CFA dans les villes et villages du pays, ces boissons contiennent en plus de l’éthanol, d’autres substances à des proportions supérieures aux limites maximales autorisées et qui ne répondent pas aux bonnes pratiques de fabrication. C’est le constat fait par le Laboratoire national de santé publique qui effectue des contrôles de qualité des boissons alcoolisées importées ou produites localement.

Or, il est de notoriété publique, que la consommation d’alcool, surtout d’alcool frelaté, est associée au risque d’apparition de plus de 200 problèmes de santé, dont les maladies non transmissibles, la cirrhose du foie, certains cancers, les maladies cardiovasculaires, les troubles neuropsychologiques, etc. La consommation de ces boissons est le plus souvent associée à d’autres produits (café, thé, comprimés…) aggravant encore plus les conséquences sur la santé.

« L’alcool est à l’origine des pires problèmes de santé. Il est à l’origine de la cirrhose et du cancer du foie. C’est la première cause en Europe, mais c’est la 2e ici après les hépatites B et C. Mais comme nous avons commencé à dépister précocement, à vacciner et à soigner les porteurs d’hépatites, l’alcool sera en passe d’être la première cause de la cirrhose et du cancer du foie dans notre pays. », déplore Pr Claudine Lougué, ministre de la Santé.

Outre la maladie, la consommation d’alcool frelaté a des conséquences socio-économiques indéniables. Les nombreux malades et morts dus à l’alcool sont autant de bras valides qui auraient pu contribuer au développement du pays.

La consommation des alcools frelatés constitue donc un véritable problème de santé publique et de développement, qui mérite d’être pris à bras-le-corps. Et c’est ce qui justifie le lancement de la campagne de sensibilisation sur les risques sanitaires liés à leur consommation initiée par le Laboratoire national de santé publique (LNSP) avec la bénédiction du ministère de la Santé. « Cette campagne se fonde aussi sur les chiffres qui se dégagent des contrôles de qualité que nous faisons sur les boissons alcooliques importées et de productions locales, suite à des saisies ou des réquisitions qui nous sont souvent adressées. Les chiffres parlent et crient parfois, et c’est cet écho que nous voulons faire entendre. », a indiqué le Pr Elie Kabré, directeur général du LNSP.

Les ministres de la Santé et du commerce écoutant les explications sur les analyses effectuées sur les spiritueux

Et il a bien raison de vouloir faire entendre cet écho, tant les chiffres sont effarants. En 2019, sur les 126 échantillons de spiritueux analysés, 91,27% étaient non conformes en ce qui concerne le degré alcoolique et 88, 10% étaient non conformes en rapport avec les risques toxicologiques.

C’est pourquoi, tout en reconnaissant que la lutte contre les alcools frelatés ne peut être gagnée que par des actions synergiques entre les différentes structures concernées, le directeur général du LNSP a salué la décision du ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat qui interdit l’importation, la production et la commercialisation des alcools frelatés au Burkina Faso. Les actions du ministère du Commerce ont d’ailleurs entre autres permis de mettre la main sur plus de 3 600 000 sachets de boissons frelatées à Dakola, à la frontière avec le Ghana.

« Ces boissons sont autant destructrices que les balles. », a déclaré Harouna Kaboré, ministre du Commerce, qui apprécie donc à juste titre cette campagne du LNSP. Et d’ajouter : « Je peux vous rassurer qu’avec les bureaux d’investigation au niveau des brigades mobiles, avec le travail remarquable qui est fait avec la douane, avec le ministère de la Santé, vous verrez que dans les mois à venir, la question des boissons frelatées va commencer à être un souvenir pour les Burkinabè. Ce n’est pas ponctuel, ça sera permanent jusqu’à ce que les élèves, les jeunes, les étudiants et tous ceux qui constituent les bras valides, les agents économiques de notre pays ne soient plus victimes de ce fléau. »

La campagne de sensibilisation sur les risques sanitaires liés à la consommation des boissons frelatées est soutenue par le Mogho Naaba Baongho et le Chef des Bobo Mandarè. Tout le long du mois de décembre, des émissions radio et télé, des rencontres de sensibilisation sont aussi prévues pour toucher le plus grand nombre de personnes.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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