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Economie : Les investissements privés restent faibles au Burkina, selon un rapport de la Banque mondiale

Publié le mercredi 30 octobre 2019 à 11h05min

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Economie : Les investissements privés restent faibles au Burkina, selon un rapport de la Banque mondiale

Le groupe de la Banque mondiale, à travers la Société financière internationale, a réalisé une étude-diagnostic du secteur privé burkinabè. Les résultats de cette étude ont été mis en lumière le mardi 29 octobre 2019, devant les premières autorités des ministères de l’Economie, de l’Energie, du Développement de l’économie numérique, mais aussi des premiers responsables de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso.

Les investissements privés au Burkina Faso restent faibles malgré la croissance robuste et soutenue au cours des vingt dernières années. C’est la principale conclusion de ce diagnostic dont les résultats, consignés dans un rapport, ont fait l’objet d’un exposé, le mardi 29 octobre 2019 devant les ministres de l’Economie, Lassané Kaboré ; de l’Energie, Bachir Ouédraogo ; du Développement de l’économie numérique, Hadja Ouattara ; et des acteurs de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso. Selon le rapport, les structures de l’économie sont restées pratiquement inchangées : toujours une forte dominance de l’agriculture de subsistance.

Présenté par Volker Treichel, économiste régional de la Société financière internationale, le rapport a fait état de la pénurie des ressources publiques qui empêche le secteur privé de jouer son rôle dans le développement économique du pays et des mécanismes d’utilisation de ces ressources publiques pour canaliser les investissements privés.

Malgré la croissance économique robuste et soutenue au cours des vingt dernières années (environ 6% l’an) tirée par l’exportation du coton et de l’or, les investissements privés restent faibles au Burkina Faso et ne représentent que 13% du PIB, soit à peine 1,5 milliard de dollars par an. Le rapport tire la conclusion que la faiblesse des investissements privés semble provenir d’un manque de possibilités d’investissements, inhérent au sous-développement du secteur privé du Burkina Faso.

En parallèle, la population burkinabè augmente de près de 3% par an alors que le pays ne crée pas suffisamment d’emplois pour absorber sa population supplémentaire ; conséquence, une inactivité généralisée, qui concerne plus du tiers de la population en âge de travailler. Le rapport ajoute le constat amer que l’emploi au Burkina Faso ne permet pas de sortir de la pauvreté, car le secteur informel est prédominant et représente 85% des emplois non-agricoles.

Le pays est donc confronté à une série de défis exacerbés par une situation sécuritaire fortement dégradée et des risques climatiques et budgétaires accrus. Il faut alors un accroissement des investissements du secteur privé, selon le rapport, venant particulièrement d’autres sources de croissance que l’exploitation aurifère et cotonnière, pour soutenir la croissance.

En revanche, le rapport relève qu’en dépit de ces défis et des risques sécuritaires, l’économie burkinabè montre des signes de résilience et l’investissement persiste. En effet, la croissance reste positive, avec un taux de croissance annuel moyen du PIB réel qui devrait avoisiner 6 % à moyen terme. Le Burkina Faso dispose, en outre, de l’un des meilleurs cadres de gouvernance de l’Afrique. Plus précisément, des indicateurs internationaux convergents montrent que la corruption est beaucoup moins répandue au Burkina Faso que chez ses voisins côtiers.

Le pays dispose aussi de possibilités considérables pour diversifier ses chaînes de valeur agricoles au-delà du coton, grâce à des conditions naturelles favorables et des avantages comparatifs dans le domaine de certaines céréales, les fruits et noix, les oléagineux ainsi que l’élevage.

Il est alors établi, pour le ministre de l’Economie, Lassané Kaboré, qu’au-delà des difficultés, il y a beaucoup d’opportunités au Burkina Faso. Des secteurs ont été cités et peuvent permettre à l’économie de pouvoir être beaucoup plus résiliente et le gouvernement burkinabè s’y attèle. Plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement, selon lui, dont la mise en place d’institutions pour booster le financement du secteur agricole, le financement des PME/PMI et des entreprises naissantes.

Du côté de l’énergie, le ministre Bachir Ouédraogo déclare que le gouvernement compte réduire le coût de l’énergie de moitié par le solaire, et augmenter son accessibilité grâce à la combinaison gaz-solaire (le LNG, ndlr). L’insuffisance énergétique a été évoquée par le rapport, comme étant l’un des facteurs limitant le développement du secteur privé.

Réagissant aux recommandations du rapport, le ministre de l’Economie annonce la mise en place d’un comité, avec le bureau de la Société financière internationale, pour permettre un meilleur suivi de ce qui a été proposé dans le document.

Madame Ronce-Amoni Ogunsulire, représentante régionale de la société financière internationale

En effet, le rapport rappelle que dans les cinq années à venir, il sera essentiel pour le Burkina Faso de s’attaquer en priorité à certain nombre de goulots d’étranglement s’il veut développer et mobiliser son secteur privé pour renforcer sa résilience économique, notamment dans l’agriculture où le pays dispose d’un avantage comparatif. Il recommande ensuite l’exploitation des secteurs catalyseurs tels que les TIC et les chaînes de valeur minière, pour stimuler l’agriculture et développer les infrastructures et enfin de saisir les opportunités régionales pour tirer profit de l’intégration économique.

Du côté des officiels, il y avait Ronke-Amoni Ogunsulire, représentante régionale de la Société financière internationale ; Cheick Kanté, représentant résident de la Banque mondiale ; Doudou Doumbia, vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie ; et le directeur général de la Maison de l’entreprise, Lancina Ki.

Etienne Lankoandé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 29 octobre 2019 à 20:29, par RV En réponse à : Economie : Les investissements privés restent faibles au Burkina, selon un rapport de la Banque mondiale

    La vérité est que le Burkina est un pays de faible rente (or et coton) avec une oligarchie qui vampirise les recettes fiscales et douanières. Qui va investir dans un pays sans infrastructure minimale et qui s’enfonce dans le chaos politique et terroriste. La BM dit diplomatiquement au peuple Burkinabé qu’on est foutu avec ce régime d’incompétence. UDP

  • Le 29 octobre 2019 à 21:44, par Touende En réponse à : Economie : Les investissements privés restent faibles au Burkina, selon un rapport de la Banque mondiale

    Le secteur prive vit fondamentalement des marchés publics. Tres peu d’innovation dans le secteur privé. Le secteur privé est dans achat-revente. C’est la vision qui doit changer.

  • Le 29 octobre 2019 à 22:08, par Bili-bili En réponse à : Economie : Les investissements privés restent faibles au Burkina, selon un rapport de la Banque mondiale

    Effetivement les investissements ne peuvent qu’être faibles. La preuve palpable voilà ce qui se passe actuellement avec les TRAIDER. Ici au Burkina on est très mauvais. Ceux qui sont riches ne veulent même pas qu’une autre personne puisse lever le doigts.

  • Le 30 octobre 2019 à 07:26, par Pascal En réponse à : Economie : Les investissements privés restent faibles au Burkina, selon un rapport de la Banque mondiale

    Dommage que certains dirigeants corrompus et jouisseurs refusent de dire la vérité à la population.
    J’ai vraiment pitié du Président Kabore qui se bat seul avec sa bonne volonté sans accompagnement conséquent sérieux.

  • Le 30 octobre 2019 à 09:08, par la sagesse En réponse à : Economie : Les investissements privés restent faibles au Burkina, selon un rapport de la Banque mondiale

    Le vrai problème au BURKINA est le manque de courage dans les reformes.Comment un pays qui aspire au développement peut t’il se retrouver avec un secteur informelle qui représente 85% des emplois non agricole ?
    Ceci explique un manque de vision terrible .comment dans de telle situation pourra t’on arriver un temps soit à résoudre le problème d’emploi ?

  • Le 30 octobre 2019 à 13:36, par zama noma En réponse à : Economie : Les investissements privés restent faibles au Burkina, selon un rapport de la Banque mondiale

    Mes observations sur ce rapport ;
    1) " Plus précisément, des indicateurs internationaux convergents montrent que la corruption est beaucoup moins répandue au Burkina Faso que chez ses voisins côtiers". Je suis d’accord avec cette vue de notre pays. Tous ceux qui font des affaires dans la sous région reconnaissent l’intégrité des burkinabè. Cependant, cette intégrité empêche très souvent les burkinabés d’être ambitieux et peu solidaires. Par exemple, les cadres burkinabés ne se soutiennent pas souvent ou ne soutiennent pas leurs compatriotes dans les dossiers internationaux de financement. Quand on parle d’un milliard, le cadre burkinabè pense déjà que c’est trop et il tendance à réduire le financement.
    2)"Plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement, selon lui, dont la mise en place d’institutions pour booster le financement du secteur agricole, le financement des PME/PMI et des entreprises naissantes." Je suis désolé monsieur le ministre des finances, vos structures de financements cités sont sans fonds et vous le savez bien. Je citerai par exemple le FAPE qui depuis 2018 n’a plus accordé de financement à ces clients malgré l’abondance de la demande. L’AFP/PME qui a abandonné le secteur d’Élevage pour difficultés de remboursement. Le burkinabè a eu toujours peur des difficultés et se campe sur ce qui est facile. Avec un tel esprit, on va jamais réduire la pauvreté.
    Et pour conclure, si on veut réussir dans les secteurs porteurs cités, il faut accepter le risques et financer conséquemment les entreprises qui sont dans ces secteurs.Et c’est le rôle de l’État de créer les conditions et faciliter l’accès au financement par des garanties. Cependant, il faut un bon suivi des entreprises par les cadres compétents qui savent comment entreprendre et non pas des fonctionnaires qui ont déjà peur du risque et sont campés dans leurs bureaux et constituent en eux mêmes un blocage.

  • Le 1er novembre 2019 à 12:43, par Sacksida En réponse à : Economie : Les investissements privés restent faibles au Burkina, selon un rapport de la Banque mondiale

    D’abord, notre Etat doit faire le Bilan des actions de la Banque Mondiale et du FMI depuis plus de 50 ans et quels en sont les resultants probants ? La Banque Mondiale et sa soeur FMI n’ont jamais developpe un pays. Le President Thomas Sankara, la Revolution dAout 83 et son programme economique nationale independante, autosuffisante et planifiee au service du societe democratique et sociale n’a jamais eu recours a la Banque Mondiale et au FMI ; mais a reussit en 4 ans avec une croissance generale de 7%, resultat d’un developpement autocentre. Donc, dans tout ca, il n’y’a pas de developpement sans une rupture avec les modeles economiques qui nous sont imposes de l’exterieurs ; des investissements directs et les capitaux etrangers n’ont jamais ete des seuls facteurs de decollage d’un pays. La seule solution pour le Burkina Faso, s’il veut se developper ce serait d’actualiser et d’appliquer l’orientation politique, economique, social et culturel de la Revolution d’Aout, sinon nous pataugerons dans le sous developpement pendant des siecles. C’est cela la verite. Salut.

  • Le 3 novembre 2019 à 08:19, par Kouda En réponse à : Economie : Les investissements privés restent faibles au Burkina, selon un rapport de la Banque mondiale

    Cher Sacksida,
    laisse les gens se chatouiller pour rire seulement.
    Comment peut-on avoir des investissements, de la croissance et un développement économique et social si les habitants du pays ne sont pas prêts à se serrer la ceinture et faire des sacrifices ? Les fonctionnaires pensent que toutes les ressources du pays leur appartiennent. Les opérateurs du secteur privé vivent de collusion, d’entente pour presser au maximum les populations tout en leur fournissant des biens et des services de piètre qualité. Même les marchés et appels d’offre du secteur privé sont viciés et soumis aux mêmes tares que ceux du secteur public. Les politiciens, de l’opposition comme de la majorité au pouvoir, ne s’entendent que sur une seule chose : dilapider les ressources du contribuable.
    Il suffit de se rappeler les réactions des gens et pas des moindres lorsque le 1er gouvernement de Rock a annoncé des promesses de financement du PNDES de 18 000 milliards FCFA pour savoir à quel point nous sommes foutus. Chacun, dans son coin, a aiguiser ses couteaux pour se tailler sa belle part du gateau.
    Aucun développement ne sera possible avec de telles mentalités et attitudes.

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