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Attaques terroristes au Bam : Le chef du canton de Datenga, Naaba Tigré, appelle à l’aide

Publié le mercredi 2 octobre 2019 à 18h00min

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Attaques terroristes au Bam :  Le chef du canton de Datenga, Naaba Tigré, appelle à l’aide

Depuis le 29 septembre 2019, la ville de Kongoussi, capitale provinciale du Bam dans le Centre-Nord, est envahie par des déplacés internes. Arrivées en grande nombre, ces populations fuient les attaques terroristes. La majorité des déplacés viennent de la commune rurale de Zimtanga. Le chef du canton de Datenga dont relève la commune a, quant à lui, refusé la fuite. Il appelle les autorités compétentes à l’aide. Nous l’avons rencontré le mardi 1er octobre 2019. Interview !

Lefaso.net : Les populations du Datenga, de la commune rurale de Zimtanga, sont en train de fuir vers Kongoussi. Qu’est-ce qui explique cela ?

Naaba Tigré : Cela est dû au manque de sécurité. Jusqu’à présent, il n’y a pas de forces de l’ordre. Nous avons fait des demandes en vain. Nous avons des promesses qui ne sont pas tenues. Il semblerait que ça allait être effectif aujourd’hui (l’interview a eu lieu le 1er octobre 2019). Mais, j’ai quitté ce matin mon canton, il n’y avait aucune trace de la sécurité. Tout le monde m’a demandé de partir. J’ai dit non. Tant qu’il y a une population, je vais rester.

Qu’est-ce qui explique les attaques, selon vous ?

Nous n’avons pas d’explication. Nous ne pouvons que regarder. Cela a commencé à Bourzanga (une autre commune de la province du Bam). Mais, aujourd’hui, c’est devenu Zimtanga. D’après ce que j’entends, ce sont des enfants, certains ont moins de 20 ans. Ils débarquent dans les villages et commencent à tuer. Nous n’avons aucune idée sur leur identité. Peut-être que c’est parce qu’on est un peu au Nord. Ils n’ont fait aucune revendication.

Vos populations pointent pourtant du doigt certaines communautés comme étant les coupables.

Nous faisons tout pour qu’il n’y ait pas d’amalgame. Il y en a qui pointent telle ou telle ethnie. Mais, nous disons qu’il n’y a pas une ethnie où tout le monde est mauvais ou bon. Nous faisons tout pour que les populations ne tombent pas dans cette bassesse. Cela pourrait conduire au massacre d’innocents.

Sa majesté a-t-elle un appel à lancer ?

Je remercie vraiment la solidarité de la population de Kongoussi envers les déplacés. Je souhaite que cette population qui se déplace puisse trouver de l’aide un peu partout. Qu’elles puissent avoir un réconfort. Que toutes les personnes qui peuvent les aider leur viennent en soutien. Ces populations ont abandonné leurs biens. Je demande au gouvernement de nous venir en aide. Je demande au gouvernement l’envoi de renfort pour sécuriser la zone.

Votre canton a pour voisin le Rissiam (Sabcé) et le Zitenga (Tikaré). Est-ce qu’il y a une synergie d’action entre chefs coutumiers pour lutter contre ce fléau ?

Jusqu’à présent, ce n’est pas fait. Mais, ça ne saurait tarder. Hier j’étais avec le Zitenga. J’ai communiqué aujourd’hui avec le Rissiam. Nous allons nous réunir pour voir comment nous pouvons travailler dans ce sens, travailler à venir en aide aux populations.

D’aucuns disent qu’il faut repartir à la source. Des déplacés ont évoqué le fait que vous ayez fait recours aux ancêtres pour venir à bout des criquets ravageurs il y a quelques années.

C’est difficile aujourd’hui. Avant, nous avions bien pu gérer cette situation. Aujourd’hui, c’est difficile. On peut tenter de le faire. Avec les armes à feu, les populations paniquent. Mais, dans une telle situation, il ne faut négliger aucune solution.

Propos recueillis par Dimitri OUEDRAOGO et Bonaventure PARE
Lefaso.net

Vidéo : Dimitri Ouédraogo
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