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« Si nous ne faisons pas quelque chose, c’est notre vivre-ensemble qui risque de partir à l’eau », interpelle le sociologue Fernand Sanou

Publié le jeudi 8 août 2019 à 21h00min

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« Si nous ne faisons pas quelque chose, c’est notre vivre-ensemble qui risque de partir à l’eau », interpelle le sociologue Fernand Sanou

Depuis 2015, le Burkina Faso est l’objet de multiples attaques terroristes qui ont entre autres des conséquences sur le vivre-ensemble, la cohésion nationale, les valeurs qui ont toujours caractérisé le pays. En plus des nombreuses pertes en vies humaines, le Burkina fait face, depuis un moment, à des milliers de déplacements internes.

Face à la situation, les initiatives, publiques comme privées, se multiplient pour contrer et parvenir à bout du phénomène. C’est dans cette dynamique qu’une douzaine de personnes en provenance de divers horizons, dont des syndicats et des organisations de la société civile, ont été, du 29 juillet au 2 août 2019, outillées par l’Institut supérieur de sécurité humaine à Ouagadougou.

« Prévention de l’extrémisme violent au Burkina Faso, crise agraire, conflit inter-communautaire et violence inter-ethnique ». C’est autour de ce thème que les participants ont été formés par des spécialistes de ces questions, notamment l’ancien ministre de la Sécurité, Auguste Denise Barry et Jacky Bouju.

Selon le sociologue Fernand Sanou, Professeur à l’Université de Ouagadougou et un des responsables l’Institut supérieur de sécurité humaine, le choix du thème se justifie par la réalité que le Burkina vit depuis 2015.

« Auparavant, on croyait que c’était ailleurs, qu’on n’était pas concerné. Mais depuis lors, nous sommes tellement concernés que nous aurions même dû, avant que ça n’arrive chez nous, nous intéresser à ce que les autres vivaient comme problèmes. De la façon dont ça se manifeste chez nous, notre cohésion sociale est pratiquement mise à rude épreuve. Et si nous ne faisons pas quelque chose, c’est notre vivre-ensemble qui risque de partir à l’eau. La gravité du problème est telle que ça nous interpelle et nous ne pouvons pas rester en marge de ce problème », diagnostique le sociologue sous forme d’interpellation générale.

De son avis, la gestion de la situation aurait été autrement, si des précautions avaient été prises dès les prémices et que des acteurs avaient été outillés. « Mieux vaut prévenir que guérir », rappelle-t-il avant d’exhorter à œuvrer diligemment à préserver ce qui reste et avant que le mal ne se propage. C’est à cela aussi que répond l’Institut supérieur de sécurité humaine qui multiplie les actions de renforcement de capacités dans ce sens.

C’est pourquoi Pr Sanou a souhaité que les idées développées au cours de la formation et les recommandations qui y sont issues servent sur le terrain.

« On a essayé d’approfondir les termes qui nous semblaient les plus importants, de relire ensemble un certain nombre de facteurs et de phénomènes pour mieux comprendre puis se donner les moyens, peut-être, de pouvoir agir, s’il y avait des oreilles des décideurs pour pouvoir nous écouter », a confié le formateur Jacky Bouju, relevant que le Burkina connaît une situation de crise grave.
Pour lui, cette session s’est donc voulu aussi un engagement à contribuer à la réflexion générale sur la situation actuelle et à sa résolution.

Il s’est agi aussi, avec les participants, de situer les facteurs en évitant les stigmatisations. Ainsi, des modules sur la crise foncière et agraire, les insuffisances des systèmes traditionnels de règlements de conflits locaux, les conflits inter-comunautaires, le développement des violences avec les groupes organisés ont été scrutés.

Pour les formateurs, il ne s’agit pas de solutions, mais d’avancer des idées, les nourrir et les clarifier, pour surtout éviter les amalgames qui sont très dangereux.
A ce sujet, Ramata Diallo, participante, s’est dit édifiée par le développement des formateurs sur l’origine des conflits. « Savoir qu’en fait, la plupart des conflits viennent de la mal-gouvernance… », résume-t-elle avant d’ajouter qu’elle a également appris sur les notions d’ethnies.

OHL
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