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Burkina : Des policiers exhortent le gouvernement à dépolitiser le corps

LEFASO.NET | Par Nicole Ouédraogo

Publié le vendredi 31 mai 2019 à 23h15min

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Burkina : Des policiers exhortent le gouvernement à dépolitiser le corps

Le syndicat des sous-officiers de police, l’Alliance police nationale (APN), a dénoncé ce vendredi 31 mai 2019, une tentative d’étouffement du syndicat par sa hiérarchie. Décriant l’ingérence du directeur général de la police dans la vie du syndicat, l’APN affirme que le moral des sous-officiers est mis à rude épreuve depuis l’arrivée de Jean Bosco Kienou à la tête de l’institution.

L’Alliance police nationale, par la voix de son secrétaire général adjoint, Ousmane Ouédraogo, clame que depuis sa création le 13 octobre 2018, la liberté syndicale des policiers est violée. En effet, il confie que dès la mise en place du bureau national le 13 octobre, cinq des onze membres du bureau ont été affectés hors de Ouagadougou dès le 26 octobre. Il s’agit notamment du secrétaire général, Yitouro Somé, affecté à Kantchari ; le chargé de communication et son adjoint, le chargé à l’organisation et aux affaires juridiques et son adjoint, également affectés hors de Ouagadougou.

Après plusieurs recours, le syndicat, se référant à la loi 064-2015 /CNT portant liberté d’association, dit avoir sollicité en vain la réaffectation des membres du bureau. Confronté par la suite à un refus de délivrance d’un récépissé de déclaration d’existence du ministère de l’Administration territoriale, l’APN dit avoir intenté un procès contre l’Etat Burkinabè.

Une fois le tribunal administratif saisi, le secrétaire général adjoint relève que l’Etat a suspendu la décision du ministre de l’Administration territoriale à la date du 15 février 2019. Et si après un recours, le Conseil d’Etat à la date du 26 mars 2019, a autorisé le syndicat a mené ses activités, M. Ouédraogo affirme que le directeur général de la police continue de s’immiscer dans la vie du syndicat.

C’est le cas, dit-il, du directeur régional de la police nationale de la Boucle du Mouhoun qui aurait adressé une demande d’explication au secrétaire général qui ne relève pas de son commandement. « Malgré notre reconnaissance légale, le premier responsable de la police œuvre à sanctionner et à mépriser nos actions. Pour preuve, une lettre de blâme a été adressée à notre secrétaire général en raison de ses activités syndicales », a-t-il relevé.

Par ailleurs, par des notes de messages radios transmis aux chefs de service de la police, Ousmane Ouédraogo affirme que le directeur général de la police aurait interdit l’accès des locaux de la police aux membres du bureau ainsi qu’à leurs militants dans le cadre des activités syndicales. Pis, il soutient que des membres du bureau absents dans le cadre des activités syndicales ont été considérés comme des cas d’abandon de poste.

Un syndicat de trop dans la police ?

Pour l’Alliance police nationale, la police nationale n’a pas besoin d’un deuxième syndicat, mais d’un syndicat crédible. « C’est l’incrédibilité de l’UNAPOL qui a prévalu à la création de l’APN », a laissé entendre Ousmane Ouédraogo. Puis de poursuivre : « Il ne s’agit pas de s’asseoir dans un bureau et dire qu’on est secrétaire général. Il faut aller sur le terrain et recueillir les préoccupations des policiers. Qu’est- ce qu’ils font, si ce n’est du dilatoire avec le gouvernement (…) ».

« La désillusion la plus totale »

Estimant que les policiers sont dans « la désillusion la plus totale », Ousmane Ouédraogo n’a pas manqué de fustiger le directeur général de la police nationale. Le qualifiant d’un directeur général « notoirement incompétent », il soutient que le directeur général Jean Bosco Kienou, « se rabaisse à arbriter des rixes entre syndicats et œuvre à diviser les policiers ».

Des conditions de travail, le SG adjoint de l’APN note que les dotations en matériels adéquats promises depuis des années n’ont pas encore vu le jour. « C’est par manque de matériel que les policiers sont conduits prématurément à l’abattoir. Dans un commissariat de police de 12 personnes, les agents disposent à peu près de quatre armes et lorsqu’on se constitue en syndicat pour exiger de meilleures conditions de travail, on trouve que nous sommes indisciplinés », a-t-il signifié.

Et d’ajouter : « Les indisciplinés sont ceux qui sont présents dans les bureaux, qui pillent les frais de missions. Ce sont toujours les mêmes pratiques décriées depuis 2011 qui sont toujours là, c’est-à-dire, les détournements de fonds, le pillage. Comment un policier qui devait percevoir 30 000 F CFA à l’issue d’une mission peut-il se retrouver avec 10 mille FCFA ? » Admettant néanmoins qu’il n’est pas du devoir de l’APN de demander le départ du directeur général de la police, Ousmane Ouédraogo clame : « Il faut dépolitiser la police ».

En attendant, le syndicat appelle le gouvernement à prendre des mesures nécessaires le plus tôt possible pour éviter un climat délétère au sein de l’institution. Il interpelle également le gouvernement sur l’application de la loi 027 portant statut du cadre de la police nationale.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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