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Situation alimentaire dans le Sahel : Un haut-commissaire et quatre préfets en prison

Publié le mercredi 10 août 2005 à 08h19min

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Le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, M. Salif Diallo et le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, M. Moumouni Fabré ont effectué lundi 8 août 2005, une tournée de suivi de la situation alimentaire et de la campagnie agricole 2005-2006 dans le Sahel.

Etaient à leurs côtés, des représentants du PAM, de la FAO et de FEWSNET.

A bord de l’hélicoptère de la Base aérienne 511, l’équipe de la tournée a effectué un voyage fastidieux Ouagadougou-Dori-Déou-Gorom-Gorom-Dori
- barrage de Yakouta-Ouagadougou. Partie de la Base aérienne aux environs de 7h30, l’équipe, qui accompagnait les deux ministres, a fait escale à Dori pour embarquer le gouverneur de la région du Sahel ainsi que le directeur régional de l’Agriculture, M. Karim Dera. Ensuite le cap a été mis sur Déou. Déou, c’est ce village de la localité qui a connu un calvaire sans précédent du fait de la mauvaise campagne agricole 2004-2005 et de l’invasion acridienne.

Les paysans de cette localité avaient alors perdu 70 à 80% de leurs récoltes et vivaient une situation difficile. Mais depuis le 08 août 2005, l’heure n’était plus aux lamentations. C’est un Déou entouré de verts pâturages avec une population en liesse qui a accueilli le ministre Salif Diallo et sa suite. Place à la visite des champs et à l’entretien avec la population locale. La physionomie des champs est plus qu’appréciable. Le champ de petit mil visité par exemple est au stade de montaison et les paysans ont évoqué la possibilité des premières récoltes pour le mois de septembre.

L’ensemble des cultures se porte bien

A Déou, Gorom-Gorom comme à Dori où ont eu lieu les échanges avec les populations, une appréciation commune s’est dégagée : l’ensemble des cultures se porte bien du fait d’une bonne pluviométrie. "L’hivernage 2005 s’est installé sous de très bons auspices dans la région du Sahel et se poursuit de façon convenable et très prometteuse. C’est ainsi que nous enregistrons dans les quatre (04) provinces de la région, les précipitations suivantes à la date du 7 août 2005 : 495,9 mm en 20 jours à Dori, 356,1 mm en 22 jours à Djibo, 408 mm en 24 jours à Gogom-Gorom et 381 mm en 25 jours à Sebba. C’est dire que l’isohyète 350 reconnue à notre région est largement dépassée", a confié le gouverneur Bila Dipama. Du fait donc de la bonne pluviométrie, on note un état végétatif satisfaisant. Situation décrite par le directeur régional de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, M. Karim Dèra. Pour lui, les semis sont achevés à 100% pour le mil, le sorgho, le niébé.

Le mil et le sorgho sont actuellement à 25% au stade de montaison et floraison. L’un des aspects, également positifs de cette campagne agricole 2005-2006, est l’absence totale de maladie phytosanitaire. Et pour cause ; suite à la mauvaise campagne agricole écoulée, l’Etat burkinabè à travers le ministre de tutelle a mis à la disposition des populations du Nord 500 tonnes de semences améliorées. Cela a été suivi d’un appui technique de la FAO à travers des séances de formation au profit des paysans.

Une crise alimentaire à l’accalmie

La région du Nord fait partie des zones également touchées par une situation alimentaire difficile, mais surtout la flambée des prix des céréales due non seulement à la baisse de production de la campagne écoulée mais aussi à la sortie massive des céréales en direction des pays voisins et la rétention des stocks par certains acteurs céréaliers.
Le gouvernement est alors intervenu à plusieurs reprises en injectant des milliers de tonnes de céréales vendues à prix social ou gratuitement distribuées pour réguler les prix sur le marché qui prenaient une proportion alarmante.

L’Etat et ses partenaires, dira le ministre Salif Diallo, ont apporté une aide alimentaire de plus de 33 800 tonnes aux populations vulnérables.

Et le gouverneur de préciser que la région du Sahel a reçu 11 743 tonnes dont 5 374 pour l’Oudalan et 7 000 tonnes à vendre à prix social. Pour le ministre Salif Diallo, contrairement à ce que pense l’opinion nationale, il ne s’agit pas d’une question de disponibilité, mais plutôt d’accessibilité des céréales par les populations. Il estime que les prix pratiqués sur le marché doivent être revus à la baisse (23 000 F CFA le sac de sorgho blanc, 24 000 F CFA pour le petit mil et 21 000 F CFA pour le maïs). Il l’a fait savoir aux commerçants, avec qui il a discuté sur la place du marché de Dori. Il les a d’ailleurs interpellés à nouer un partenariat avec la SONAGESS qui dispose d’importants stocks de vivres dans le but de les leur livrer pour revendre à des prix raisonnables.

Côté donc situation alimentaire, l’heure est à l’accalmie du fait de la bonne physionomie de la campagne agricole, de l’arrivée de nouveaux produits sur le marché (maïs frais, mil hâtif, fonio sauvage, tubercules, arachides, feuilles de niébé) et de l’amélioration des pâturages qui entraîne l’augmentation de la production laitière. Les autorités locales des villages et villes visités ont d’ailleurs rendu un vibrant hommage aux autorités burkinabè pour leurs multiples efforts en vue de les sortir de cette situation de crise alimentaire.

Le cas des agents véreux de l’Etat

Une crise qui n’est pas sans rappeler un scandale de détournement de vivres initialement destinés aux populations.

En effet, dans "l’opération céréales" initiée par le gouvernement et ses partenaires pour venir en aide aux populations, certains agents de l’Etat se sont rendus coupables de détournement de vivres. Une enquête administrative, conduite par la gendarmerie, a permis de déceler le réseau mafieux et de mettre certains "au frais".

Une plainte a d’ailleurs été déposée auprès du Procureur du tribunal de Dori et les enquêtes se poursuivent pour déterminer tous les coupables afin de les traduire en justice.

La chose a été expliquée aux populations, surtout celles de l’Oudalan dont le haut-commissaire et quatre de ses préfets ont été arrêtés pour avoir dissipé 174 tonnes de vivres. Tout en invitant la population à dénoncer de tels actes, le ministre Salif Diallo a profité remettre à celle-ci 180 tonnes de vivres en remplacement de ceux volés.

Ismaël BICABA (bicabai@yahoo.fr)


En attendant que l’enquête de la gendarmerie fasse le point exact, voici quelques informations que nous avons pu glaner dans l’affaire de détournement de vivres :

1. 50 sacs vendus par le haut-commissaire de l’Oudalan à 650 000 F CFA

2. 140 sacs vendus par le haut-commissaire à un commerçant de Dori à 1 750 000 FCFA

3. 70 sacs vendus par le préfet de Déou à un commerçant de Déou à 15 000 F CFA le sac

4. 50 sacs vendus par le préfet à un éleveur au forage Christine

5. Sur 500 sacs reçus par le préfet de Markoye, seulement 25 ont été distribués au cinq secteurs de Markoye. Les 475 autres ont été vendus entre 15 000 et 20 000 F CFA par le délégué de Salmossi.

6 - Toutes ces ventes ont été organisées par des agents bénévoles complices et des délégués de village

7. Le haut-commissaire de l’Oudalan serait en train de construire un étage à deux niveaux.

8. Le préfet de Markoye aurait achevé de construire deux villas (Ouagadougou et Kaya) et celui de Déou , un étage à Ouagadougou.

I. B.
S. Ag. Ahmid

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 10 août 2005 à 09:55, par François Meyronein En réponse à : > Situation alimentaire dans le Sahel : Un haut-commissaire et quatre préfets en prison

    J’ai bien connu le Haut commissaire de l’OUDALAN, DANS LE CADRE DE NOS ACTIONS DE COOPÉRATION À GOROM-GOROM- je voudrais tout de même témoigné que je conserve le souvenir (encore récent) d’un homme d’action, compétent et motivé. Je désapprouve ce qu’il a fait, si il l’a fait (il n’est pas encore jugé ?) mais je lui conserve ma sympathie pour avoir toujours facilité nos actions.
    Peux-t-on me dire où il est incarcéré ?
    François Meyronein, président d’ASD France

    • Le 10 août 2005 à 12:47, par tarbala En réponse à : > Situation alimentaire dans le Sahel : Un haut-commissaire et quatre préfets en prison

      En tout cas c’est dommage qu’un homme occupant de tellle responsabilité puisse( si cela se verifiait) poser un tel acte au moment où les populations ont plus besoin de son aide. Mais qu’allons nous dire ? : la morale se meurt ou est dejà mort au pays des hommes dits intègres.
      Quels exemples pour les futures générations ? Pour ma part certaines nominations se font de façon complaisantes et c’est ce qui advient.
      Pour le cas du Haut commissaire de l’Oudallan c’est connu mais Dieu seul sait chaque jour au Faso commbien d’actes de ce genre sont perpétrés au vu et au su de nos autorités

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