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Accès des femmes à la terre : Dori, dernière étape d’une campagne de sensibilisation

Publié le lundi 11 février 2019 à 00h35min

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Accès des femmes à la terre : Dori, dernière étape d’une campagne de sensibilisation

C’est au clair de lune que les habitants du secteur N°7 de la commune de Dori ont accueilli, vendredi 8 février 2019, la troupe théâtrale « Action pour la culture et le tourisme dans la région du Sahel » pour la dernière étape de sa grande campagne de sensibilisation sur les droits fonciers de la femme en milieu rural. Cette activité entre dans le cadre du projet d’accès des femmes à la terre en milieu rural « EWOH2 », mis en œuvre par la Fondation allemande Konrad Adenauer.

Dori, pas si « rouge » que cela, telle que caricaturée sur la carte du Burkina Faso par l’Occident. La nuit, Dori vit. Vendredi dernier, au clair de lune, femmes, jeunes et enfants se sont évadés un tant soit peu loin de postes récepteurs. Direction, un petit terrain situé près de la grande mosquée du secteur N°7 pour suivre la troupe théâtrale « Action pour la culture et le tourisme dans la région du Sahel » qui est au terme de sa grande campagne de sensibilisation sur les droits fonciers de la femme en milieu rural, après Gorgadji, Touka-Korno, Falangoutou, Sampelga et Gangaol.

La population est sortie massivement pour suivre la pièce théâtrale

Des motifs de satisfaction

Conduite par la Coordination régionale des femmes du Sahel, sous la coupe de la Fondation Konrad Adenauer, cette campagne de sensibilisation à travers les théâtres-fora a permis de distiller plusieurs messages allant de la possession de la terre jusqu’à l’accès de la femme aux marchés en passant par les différents éléments de financement tels que le warrantage, cette nouvelle forme de crédit basée sur le stockage des céréales qui permet de sécuriser les stocks au niveau des villages et d’améliorer les revenus agricoles par un système de spéculation. « Nous organisons ces théâtres-fora depuis trois ans. Partout où l’on est passé, même si les groupements n’ont pas obtenu les papiers, ils ont un accès à la terre sans difficulté », se réjouit Roukiatou Sow, présidente de la Coordination régionale des femmes et de la coopérative Djam Wéli.

Mme Sow Roukiatou, responsable de la coopérative Djam Weli.

Le réveil

« Konrad Adenauer nous a ouvert les yeux en renforçant nos capacités sur le plaidoyer pour un accès à la terre auprès des époux, dans nos familles et auprès des autorités », reconnaît le premier adjoint au maire de Dori, Boureima Bocoum, qui embouche la même trompette que Mme Sow pour saluer l’impact des activités menées par la Fondation. D’ailleurs, la responsable de la coopérative Djam Wéli se souvient qu’auparavant, même si leurs conjoints leur prêtaient des lopins de terre, il leur arrivait de les retirer de façon impromptue. « Il te donne un autre terrain. Même si tu avais mis de l’engrais sur le premier terrain, tu n’as plus le droit d’y revenir ». Notons que la coopérative Djam Wéli a bénéficié d’un terrain d’une superficie de deux hectares pour ses activités agricoles.

Bocoum Boureima, 1er Adjoint au maire de la commune de Dori

Vers la fin du dilemme

Le projet d’accès des femmes à la terre en milieu rural « EWOH2 », exécuté dans les régions du Sahel et de l’Est, est arrivé à un moment où les droits fonciers de la femme avaient été négligés alors que celles-ci représentent près de 53% de la population burkinabè.

« Lorsque vous prenez la loi N°034-2009/AN portant régime foncier rural, vous voyez que dans le processus d’héritage ou de possession foncière, les femmes sont négligées dans la mesure où on a deux systèmes qui s’affrontent en matière de gestion de foncier : le système coutumier et celui moderne. On a également remarqué dans les villages que la femme était considérée comme ‘un bien’ d’héritage », explique Dramani Ouédraogo, coordonnateur du projet, pour justifier la création du projet qui, depuis 2016, a mis l’accent sur le renforcement de capacités des femmes, des coutumiers, des élus locaux et aussi les services techniques décentralisés (agriculture, élevage et environnement).

Le coordonnateur du projet, Dramani Ouédraogo (en tee-shirt noir blanc) s’est réjoui de l’impact du projet dans la province

En rappel, fondé en 1955, Konrad Adenauer Stiftung est un think-tank allemand associé à l’Union chrétienne démocratique allemand (CDU). Présente dans 120 pays, la fondation compte près de 25 ans de présence au Burkina et en Afrique de l’Ouest. Notons que le projet d’accès des femmes à la terre en milieu rural « EWOH2 » s’inscrit dans le programme « Un seul monde sans faim » mis en œuvre au Burkina, au Bénin et au Togo.

Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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