QG Jeune : Une plateforme innovante au service de la santé des jeunes
LEFASO.NET | Aïssata Laure G. SIDIBE
Le ministre en charge de l’éducation nationale, Pr Stanislas Ouaro, a officiellement lancé, ce vendredi 30 mars 2018 à Ouagadougou, une plateforme interactive d’échange avec les adolescent(e)s et jeunes sur la santé sexuelle et de la reproduction dénommée « QG Jeune ». Le portail est accessible à partir de l’adresse www.qgjeune.org.
La plateforme « QG Jeune » a été conçue par une expertise nationale avec la participation des jeunes et dont la gestion et l’animation sont assurées par un consortium sous la responsabilité du ministère en charge de l’éducation nationale. Accessible sur le site www.qgjeune.org, elle a pour vocation d’offrir des services aux jeunes et adolescent(e)s, parmi lesquels des cours élaborés par des professionnels de la santé, et mis à leur disposition pour renforcer leurs connaissances sur les thématiques de la santé de la reproduction (SR) ; des vidéos d’éducation et de sensibilisation sur la SSR. L’opportunité est aussi donnée au public cible non scolarisé d’utiliser le téléphone vert (34 24) pour entrer en contact avec des mentors sur toutes les questions liées à la sexualité. QG Jeune ne se limite pas seulement à la Santé de la reproduction des adolescent(e)s et des jeunes. Elle est également conçue pour intégrer d’autres thématiques notamment la gestion de l’environnement, la prévention et la gestion des conflits.
Cette innovation, premier du genre, faut-il le souligner, est l’un des principaux résultats du projet « accélération de la réalisation des droits en matière de santé sexuelle et de la reproduction au Burkina Faso », initié par le Fonds des Nations Unies pour la population et le Burkina Faso. Il couvre les régions du Centre-Est et de l’Est et principalement les villes de Fada N’Gourma et de Tenkodogo. Avec une extension possible dans les localités de Manga, Banfora, Gaoua, Dori et Diapaga. Son objectif est de renforcer les initiatives en cours en matière d’autonomisation des femmes, filles et des jeunes et de capture du dividende démographique.
Pour l’instant, Tenkodogo et Fada N’Gourma sont les villes qui peuvent accéder gratuitement à QG jeune ; et ce, grâce à l’installation des bornes wifi libres. Toutefois, l’ambition des promoteurs est d’assurer un passage à l’échelle de la plateforme dans les 13 régions et son exploitation au-delà des frontières du Faso.
Le projet évoqué ci-dessus bénéficie du soutien du Royaume de la Belgique pour la période 2016-2019. « Nous avons reçu de la Belgique un montant total de 5 millions d’euros pour trois composantes. La première axée sur l’autonomisation des femmes et des filles, a un budget de 2 millions d’euros. En ce qui concerne la deuxième composante à savoir la conception de la plateforme, il est estimé à environ 300 000 euros », a confié Dr Edwige Adekambi Domingo, représentante résidente sortante de l’UNFPA. Et d’ajouter : « Nous avons fait une étude de prix et on s’est rendu compte que pour réaliser ce type de plateforme, il faut commencer par au moins 2 millions d’euros. Le coût réduit se justifie par le fait que nous avons utilisé les compétences nationales. Tout a été fait par les burkinabè ».
Le reste de l’enveloppe financière sera injecté dans l’animation de la plateforme ; la gestion des wifi libres mais également à d’autres services de SR notamment dans les infirmeries scolaires, les centres de la jeunesse et clubs scolaires. Le but étant de créer un réseau de connaissances et de compétences par les jeunes autour de la question de la sexualité.
La dernière composante qu’elle a évoquée se rapporte à la production des données fiables sur la population burkinabè et le suivi des progrès vers les objectifs de développement nationaux et internationaux, en particulier ceux relatifs aux femmes, jeunes et adolescent(e)s. Convaincu que le projet participe fortement à la réduction des grossesses non désirées en milieu scolaire, Dr Domingo a cependant fait ce constat : « Il y a beaucoup de cas de grossesses non désirées parce que les filles et les garçons ne sont pas au courant de ce qui se passe après les rapports sexuels (…) ».
Pour le ministre en charge de l’éducation nationale, cette initiative vient à point nommé : « Actuellement on a des difficultés au niveau du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur pour donner une formation en matière de SSR aux élèves et étudiants ». Cette insuffisance n’est pas sans conséquences. Des adolescentes pour avoir piqué très tôt une grossesse sont souvent obligées de mettre un terme à leur cursus scolaire. Pire, certaines finissent par contracter des maladies aux conséquences irréparables. « Cette plateforme offrira des perspectives heureuses pour nos élèves afin qu’ils puissent acquérir des connaissances solides. Qu’ils puissent se former de façon sereine pour pouvoir contribuer au développement de leur pays », se réjouit-il.
Pour un accès facilité à internet, des mesures ont été prises. « Au niveau du gouvernement, il y a une politique en matière de numérique qui est en train de se mettre en place, la création d’une université virtuelle du Burkina Faso. Ces espaces numériques ouverts qui seront déployés dans chaque région vont permettre d’avoir un accès facilité à internet », a confié le ministre Ouaro. Mais qu’à cela ne tienne, un nombre important de jeunes, adolescent(e)s, élèves et étudiants sont des adeptes des réseaux sociaux de nos jours. Et au ministre de dire ceci : « Ils devraient pouvoir à côté de ces réseaux sociaux, accéder à cette plateforme ».
« Savoir son futur, c’est très important. La jeunesse est le futur du pays. C’est important de se renseigner, de poser des questions. Il ne faut pas avoir honte. Cette plateforme innovateur, créatif est là pour vous assister », a, pour sa part, renchéri la représentant de l’ambassadeur de la Belgique, Katrien Meersman.
A terme, QG jeune devrait permettre à 10.000 adolescents et jeunes des villes de Fada et Tenkodogo d’avoir accès à l’information et aux services de SSR de qualité.
Aïssata laure G. Sidibé
Lefaso.net