Etat civil au Burkina : ‘’ Tous les Burkinabè doivent être enregistrés ‘’, dit la directrice générale de la modernisation de l’état civil, Awa Compaoré
La communauté Sant’Egidio (coopération italienne) via son programme BRAVO !, en collaboration avec le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation, a organisé un atelier de formation au profit d’acteurs de l’état civil pour l’enregistrement universel des naissances au Burkina. Ce renforcement de capacités a concerné 160 responsables du système de l’état civil venus de huit provinces (essentiellement des régions du Centre-ouest et du nord). C’était du 3 au juillet 2017 à Ouagadougou.
La session s’est déroulée en deux parties. La première a concerné les présidents des tribunaux départementaux, d’arrondissements et les représentants des tribunaux de grande instance de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou (de la naissance au décès, en passant par l’acte de mariage). La seconde partie a réuni les agents de l’état civil et a consisté à voir comment les déclarations sont faites (les entraves à la déclaration de naissance…). A ce contenu vaste, a été ajouté un élément sur l’apatridie dont l’élément de base est l’acte d’état sans lequel, les risques sont élevés, selon Colette Guiébré, responsable programme BRAVO ! au Burkina.
Pour Bruno Gentile, chef de la Coopération italienne à Ouagadougou et représentant de l’agence italienne pour la coopération et le développement au Burkina et au Niger, l’enregistrement des naissances est un élément indispensable pour l’Etat. Il consiste, entre autres, à garantir les droits des enfants. Le séminaire de formation vise donc l’amélioration du système et surtout à mettre en contact l’état civil avec le système de la santé. C’est pourquoi le gouvernement italien apporte-t-il également son soutien technique et financier à l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD) dans le cadre du RGPH (recensement général de la population et de l’habitation)à venir.
« C’est très important, parce que, normalement, les enfants naissent dans des centres de santé. Mais, il y a un autre aspect qui est ceux qui naissent dans les villages. Là aussi, il faut bien appuyer ce processus. La coopération italienne s’est engagée dans ce processus et pour soutenir le RGPH à venir pour un montant de 500 mille Euros, qui est déjà acquis avec les autres partenaires techniques et financiers… », a expliqué Bruno Gentile.
Pour le secrétaire général du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation,Pierre Bicaba, le gouvernement burkinabè a, à travers l’adoption de la stratégie nationale de l’état civil, et son plan d’action 2017-2021, prévu d’améliorer la performance d’au moins 88% des acteurs de l’état civil, des tribunaux départementaux, d’arrondissements ainsi que des missions diplomatiques et consulaires d’ici à fin 2021. Par cette stratégie, informe-t-il, le gouvernement vise à mettre en place un système performant dans l’enregistrement des faits d’état civil pour des services de qualité aux citoyens.
Selon M. Bicaba, cette volonté politique est manifeste, car elle se traduit par des actions de promotion de l’état civil, qui sont mises en œuvre depuis les cinq dernières années à travers l’informatisation et la modernisation du système d’état civil. « Pour atteindre cet objectif, il est impératif que les officiers d’état civil et les agents chargés de la gestion d’état civil soient formés sur la gestion du système dans notre pays. Il a été en effet constaté, que la plupart des centres d’état civil de nos communes rencontrent des difficultés, notamment en ce qui concerne l’observation des règles relatives à l’enregistrement, la tenue des registres, l’archivage, etc. », a dévoilé le secrétaire général du ministère de tutelle, Pierre Bicaba.
Il se réjouit donc de cette initiative qui rejoint ces efforts du gouvernement pour améliorer le système d’état civil burkinabè. Il a, à cet effet, exprimé la reconnaissance du gouvernement à la communauté Sant’Egidio qui accompagne l’Etat depuis 2009 pour garantir l’enregistrement à l’état civil de tous les enfants du Burkina. « Par cette action, plusieurs milliers d’enfants du Burkina possèdent le premier document nécessaire et indispensable à la vie de tout citoyen… », a confié M. Bicaba avant de lancer au partenaire : « Merci de permettre aux enfants ‘’invisibles’’ du Burkinad’exister à travers l’organisation d’audiences (foraines, ndlr) pour la délivrance massive d’acte de naissance ».
Dans la même lignée, la directrice générale de la modernisation de l’état civil, Awa Compaoré, a affirmé que les retombées de la formation sont énormes, en ce sens qu’au niveau de l’état civil burkinabè, il y a beaucoup de dysfonctionnements. Elle a aussi rappelé que l’enregistrement est un droit, et l’acte de naissance est le premier acte juridique de tout individu. Alors, un enfant qui n’est enregistré court des risques, poursuit-elle. « C’est un enfant qu’on appelle, dans notre jargon, ‘’invisible’’. Il peut être apatride ; parce qu’il n’aura pas d’appartenance à un pays. C’est un risque et tous les Burkinabè doivent être enregistrés. C’est notre cheval de bataille et nous comptons vraiment, jusqu’en 2021 (l’arrivée de notre deuxième plan d’action) arriver à couvrir au moins 90% de notre population en matières d’acte d’état civil », a projeté la directrice générale de la modernisation de l’état civil, Awa Compaoré.
O.O.
Lefaso.net