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Tiémoko Meyliet Koné, gouverneur de la BCEAO : « « Le franc CFA est une monnaie africaine, gérée par des Africains »

LEFASO.NET | Par Moussa Diallo

Publié le jeudi 10 novembre 2016 à 23h30min

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Tiémoko Meyliet Koné, gouverneur de la BCEAO : « « Le franc CFA est une monnaie africaine, gérée par des Africains »

Les critiques contre le franc CFA ont pris de l’ampleur ces derniers temps. Depuis les déclarations, en août 2015, du président tchadien, Idriss Deby Itno, plusieurs économistes africains ont pris le relais. Dans une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique, le gouverneur de la BCEAO a enfin brisé le silence pour défendre cette monnaie qui, selon lui, est une monnaie africaine, gérée par des africains. Mieux, sa solidité a permis aux pays qui l’utilisent de traverser les crises sans grands dommages. C’est pourquoi, il invite à simplement déconstruire les préjugés qui entourent cette monnaie.

Face aux critiques qui qui se font entendre sur le franc CFA, le gouverneur de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) est sorti de son silence. Dans une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique, Tiémoko Meyliet Koné explique les vertus de la politique monétaire en vigueur dans l’UEMOA. Mais, pas seulement. Il a aussi saisi l’occasion pour défendre la monnaie de l’UEMOA et de la CEMAC, le franc CFA.

Pour lui, les critiques contre le franc CFA relèvent de la méconnaissance des textes qui régissent cette communauté économique et monétaire, et surtout celle du rôle de la France et du Trésor français dans le système monétaire en vigueur dans notre espace communautaire.

Selon ses détracteurs, le franc CFA est une monnaie trop forte pour des pays en développement et favorise l’importation au détriment de la production et de la transformation locale. Aussi, ils militent pour une gestion plus dynamique des réserves de change et la mise en œuvre d’une politique monétaire plus favorable à l’industrialisation.

Le Gouverneur de la BCEAO en répond que de telles critiques sont rarement appuyées par des études scientifiques crédibles et ne constituent pas une raison suffisante pour faire évoluer le dispositif monétaire actuel. Le banquier central met en avant les performances économiques actuelles de l’UEMOA qui table sur une croissance de 7% de son PIB en 2016, soit la plus forte progression de tout le continent africain.

Tout en invitant les Africains à ne plus voir les partenariats entre leurs pays et l’Hexagone sous l’angle de la colonisation, Tiémoko Koné relève que les critiques contre le franc CFA ne sont pas nouvelles. Seulement, regrette-t-il, « aujourd’hui, ce qui est dommage, c’est qu’elles peuvent alarmer inutilement l’opinion ». Pour le premier responsable de la BCEAO, la vie économique d’une zone comme l’UEMOA a connu des évolutions importantes. Toute chose qui a permis à chacun des pays membres de renouer avec « la croissance après des efforts importants pour assainir le cadre macroéconomique ».

Ainsi, le taux de croissance de la zone UEMOA est actuellement le plus fort de l’Afrique. « La monnaie qu’elle utilise reste une monnaie stable et prisée dans la sous-région et emporte l’adhésion des populations et des opérateurs économiques », assure le gouverneur de la BCEAO. Qui ne manque pas de préciser, par ailleurs, que « le franc CFA est une monnaie africaine, gérée par des africains ». D’où l’invite à ne pas confondre la gestion de la monnaie et celle des accords de coopération entre ces espaces communautaires et l’hexagone.

La France assure la convertibilité illimitée du franc CFA, en échange du dépôt d’une partie de nos réserves sur le compte d’opérations logé à Paris. En contrepartie, 50% des réserves de change des banques centrales sont déposées sur un compte auprès du Trésor français. « Nous sommes dans une relation de partenariat où chacun veille à ce que ses intérêts soient préservés tout en honorant ses engagements. Mieux, nous ne demandons ni l’avis, ni l’onction de la France quand nous décidons de mener des réformes », explique Tiémoko Koné.
Le gouverneur de la BCEAO ne manque pas de rappeler, dans cette interview que « les accords qui nous lient à la France sont très évolutifs contrairement à ce que prétendent certains détracteurs ».

A la question de savoir pourquoi ces réserves de change ne sont pas plutôt utilisées pour le financement des économies des pays de la zone, le Gouverneur se veut précis. Il indique que les accords avec la France servent à garantir la convertibilité illimitée du franc CFA, en échange du dépôt d’une partie de nos réserves sur le compte d’opérations logé à Paris. Il faut avant tout savoir, insiste-t-il, que les réserves de change sont obligatoirement conservées à l’extérieur des pays afin de permettre le financement de leurs transactions extérieures par la banque centrale.

Et surtout, ne pas ignorer que « ces devises représentent de l’argent dont la contrepartie en monnaie nationale a déjà été mise à la disposition des économies par la BCEAO ». Dès lors, il se demande par quel tour de magie cet argent, qui semble être l’objet de convoitise des pourfendeurs du franc CFA, pourrait être réinjecté une seconde fois dans l’économie où il se trouve déjà.

Moussa Diallo
Lefaso.net
Source : Jeune Afrique

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