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Incivisme crasse au Burkina : Ainsi donc…, tous les Burkinabè sont ‘’mauvais’’ !

Publié le mardi 3 mai 2016 à 23h26min

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Incivisme crasse au Burkina : Ainsi donc…, tous les Burkinabè sont ‘’mauvais’’ !

Quel antidote pour un Etat burkinabè ‘’hospitalisé’’ ? C’est la question agaçante à laquelle chaque Burkinabè doit se faire le devoir de répondre aujourd’hui. Dire que l’Etat burkinabè souffre est une lapalissade. Aussi, faudra-t-il s’interroger au préalable même de l’Etat. Ce, d’autant puisque qu’au plan juridique, « l’État peut être considéré comme l’ensemble des pouvoirs d’autorité et de contrainte collective que la nation possède sur les citoyens et les individus en vue de faire prévaloir ce qu’on appelle l’intérêt général, et avec une nuance éthique le bien public ou le bien commun ».

Un petit décompte des actes d’incivisme notoires ces deux derniers mois montre l’ampleur de l’état piteux dans lequel se trouve la Patrie. Pendant que l’on n’a pas fini de s’indigner de ce qui s’est passé à Logobou, c’est un autre pan important de la République, la gendarmerie, qui paie cache tout le malaise profond de la même société qu’elle est appelée à protéger. Pour ne citer que les derniers cas à Ziniaré et à Dédougou. Chaque jour, son lot d’actes d’incivismes et de violences. En réplique au forfait d’un seul individu, des institutions et/ou des familles entières sont victimes de la justice populaire par des violences de toute sorte.

A quand la fin de ces épisodes qui enfoncent chaque jour le pays ? Bien malin, qui saura trouver la réponse. Il faut pourtant trouver une solution ; ce n’est pas une option, c’est une obligation. Pour cela, il faut que les Burkinabè commencent par se parler. Sans complaisance. Sans jeux d’hypocrisies. Cela est impératif parce que, une lecture simple de la société burkinabè laisse entrevoir que, pour chaque Burkinabè, c’est l’autre qui est mauvais. Du plus petit au sommet, chacun pense que c’est l’autre le problème, c’est l’autre qui est mauvais. Ainsi donc…, tous les Burkinabè sont ‘’mauvais’’ !

Dès lors, il ne reste qu’une seule issue : s’asseoir et se parler. Se parler franchement et en toute fraternité. Cela va demander un véritable courage et surtout que chacun mette de côté son orgueil au nom de la Patrie. Sinon, dans le contexte actuel, chaque Burkinabè, sans exception, est une potentielle victime de la justice populaire. Cela est d’autant à méditer que « l’homme est neuf, il n’est pas dix », dit-on. Cela voudrait dire qu’à tout moment, il peut commettre une erreur ou même se retrouver à un mauvais endroit au mauvais moment. Et cela suffit pour qu’il perde la vie et voit sa famille décimée.

On ne va pas résoudre les problèmes de la société par cette façon de voir les choses. Il faut donc trouver les voies et moyens pour que chaque Burkinabè puisse se vider et pour permettre ainsi au peuple de répartir sur de nouvelles bases. Il faut mettre le prix et le sacrifice qu’il faut pour que les Burkinabè se parlent, et vite. Pour cela, des assises locales de la société ne seront pas de trop dans la recherche des solutions aux difficultés que vit le Burkina. Il s’agit d’organiser des cadres de proximité d’échanges à l’échelle des provinces (ou même des communes) pour toucher toutes les couches de la société. Il faut que chaque Burkinabè, à tous les niveaux, arrive à se convaincre qu’il compte dans la construction du pays, que sa préoccupation est entendue par les autorités et que les autorités sont-là pour lui. C’est à cette condition que le Burkina va pouvoir se créer les conditions d’une vraie relance. On pourrait par exemple envisager des week-ends successifs où les ministres et autres personnalités prendront d’assaut les localités pour échanger avec les populations. Cela permettra également à ces autorités de partager les misères des populations, leur souffrance et de se rapprocher d’elles. Tant que l’ensemble des Burkinabè n’auront pas une vue sur la destination commune, ce sera difficile de prétendre au développement. Et ce, si tant est vrai que le développement d’un pays est forcément tributaire du niveau de civisme de sa population.

Dans un contexte où des partis politiques tendent à étaler leur égocentrisme et des organisations de la société civile, à prouver que « 50 francs n’est pas mieux que 25 francs », les populations, frustrées donc, ne peuvent que compter sur elles-mêmes. Hélas, de cette mauvaise manière ! Ce qui se vit aujourd’hui n’est que le fruit de ce que des gens ont semé. Malheureusement, c’est tout le monde qui récolte les fruits amers.

Faisons fi donc des discours moralisants et passons à d’autres voies plus pragmatiques, avec pour repère, une démarche courageuse, franche, honnête, patriotique et participative.

Oumar L. OUEDRAOGO
(oumarpro226@gmail.com)
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