« Notre lutte est apolitique et estudiantine », rappelle Aly Idriss, porte-parole des étudiants tchadien de 2iE

Au cours d’un point de presse qu’ils ont animé ce mardi 29 mars 2016 dans l’enceinte de leur Ambassade, les étudiants tchadiens de 2iE ont formellement démenti la présence d’activistes au sein du groupe comme le soutient une délégation venue de N’Djamena pour établir le contact avec les frondeurs.
Cela fait 16 jours que l’Ambassade du Tchad est occupée par les étudiants. Et cela fait également 16 jours qu’ils n’ont aucune nouvelle de leur ambassadeur si ce n’est que le chauffeur par moments, vient chercher quelques affaires à la représentation diplomatique. Du côté de Ndjamena, c’était le silence radio jusqu’à la venue vendredi dernier, d’une délégation tchadienne composée essentiellement de représentants de trois ministères : les finances, l’agriculture et l’enseignement supérieur. Cette délégation a pris contact avec les étudiants le lundi 28 mars, en présence du 1er secrétaire et de l’attaché militaire de l’Ambassade.
Pas d’activistes dans les rangs

Selon Aly Idriss porte-parole des frondeurs, la délégation les a assimilés à des « opposants et activistes ». Une étiquette que les étudiants refusent et ils déclarent n’avoir fait appel à aucun activiste même si un compatriote est venu de la France « de lui-même » pour compatir à leur cause. « L’activiste n’a pas accès à l’Ambassade et il fait ce qu’il veut. Dans notre lutte, on n’assimile pas d’activistes à nos réunions. Nous avons répété dès le début, avant qu’on ne vienne à l’Ambassade, à qui veut l’entendre, que la lutte est estudiantine et apolitique », soutient Aly Idriss.
Déception

« Franchement nous sommes déçus », regrette Charles Dagou, l’un des conférenciers. Même si les étudiants maintiennent avoir gardé le sang-froid face à ces intimidations de la délégation tchadienne, ils ont exprimé la crainte d’une impasse dans la résolution de la crise. Lors de la prise de contact, M. Dagou s’est dit surpris de voir la délégation demander aux étudiants les arrêtés de leurs bourses, c’est-à-dire les papiers qui attestent qu’ils sont boursiers de l’Etat tchadien. Pourtant, souligne-t-il, le ministère de l’agriculture, le ministère de tutelle des étudiants, avant de passer le bâton de commandement au département de l’enseignement supérieur, avait fait un rapport détaillé de la situation des étudiants à 2iE. Il faut noter également que la délégation s’est par la suite rendue à l’institut pour réunir des documents sur les étudiants.
Pour une résolution « totale »
« Il y a une maxime populaire qui dit qu’un sac vide ne peut tenir debout. Certes, ils peuvent payer notre scolarité mais si on n’a pas de quoi payer le loyer, de quoi manger, je crois que il ne servirait à rien pour nous de repartir en classe. Parce qu’un ventre affamé n’a point d’oreilles. Ce que nous voulons, c’est la résolution totale de notre situation pour nous permettre d’être stables en classe et d’être debout comme un sac rempli », a laissé entendre Charles Dagou.
En attendant de voir le bout du tunnel, les étudiants ont annoncé qu’ils enverront au ministre burkinabè des affaires étrangères, une lettre d’information pour le mettre au parfum de l’évolution de la lutte.
Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net