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Référendum au Congo Brazzaville : Et pourtant, Sassou Nguesso s’entête…

Publié le samedi 3 octobre 2015 à 01h38min

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Référendum au Congo Brazzaville : Et pourtant, Sassou Nguesso s’entête…

A 72 ans, le pouvoir a toujours le même goût de caviar sur les papilles de Dénis Sassou Nguesso. Après avoir passé une trentaine d’année à la tête du Congo Brazzaville, le locataire du Palais du plateau serait-il en route pour briguer un troisième mandat ? Nul ne le sait mais pour sûr, l’annonce d’un référendum aux fins de modifier la constitution est décriée par l’opposition politique qui y voit une ruse pour le président de s’éterniser au pouvoir. Décidément rares sont les dirigeants qui préfèrent la fenêtre de l’histoire au portail de l’oubli.

Le vin se bonifie avec le temps, le pouvoir aussi. Deux quinquennats ou deux septennats n’ont jamais suffi pour gouverner un Etat africain. Il en faut davantage. Les honneurs sur un « tapis rouge » assaisonné au titre de « Son Excellence » suffisent à convaincre un dirigeant africain que « cuisiner la loi Fondamentale » est l’unique option pour donner plus de force et de stabilité à son pays. A chacun sa « démon-cratie », dira-t-on.

Une leçon incomprise

Depuis la chute de Blaise Compaoré, un appel indirect avait été lancé à plusieurs Chefs D’Etat qui cherchent à s’accrocher à leur fauteuil par le biais d’une modification de la constitution. En attendant Paul Kagamé en 2017et Kabila en 2016, Pierre N’Kurunziza du Burundi a réussi à s’imposer par la « force » des urnes, décriée par la communauté internationale depuis juillet dernier. Même si certains affirment que « Ouaga n’est pas Brazza », les anti-Nguesso demeurent mobilisés pour faire fausse route au Parti congolais du travail qui avait pourtant entamé des consultations nationales sur le projet de la nouvelle constitution.

De la grogne dans l’air

Aucune constitution n’est à l’abri d’une révision par voie référendaire ou parlementaire. Toutefois, si l’agenda caché de Denis Sassou Nguesso est d’ajouter un « lenga » à la limite d’âge prévue par la constitution (70 ans, NDLR) et sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats, alors la question de légitimité se posera avec acuité. Est-ce le moment d’impulser « une nouvelle dynamique aux institutions » quand une bonne partie du peuple s’y oppose ? La « vox populi » a été maintes fois entendue lors des manifestations de l’opposition dans les rues de Brazzaville. Hors du Congo, les peuples épris de liberté voient venir le stratagème politique. La communauté internationale, comme à l’accoutumée, se contente d’injonctions. Quoique…

En attendant les noises…

Certains signes sont perceptibles. La folie de Sassou Nguesso de modifier la constitution n’est-elle pas à l’origine de la saisie en France des biens « mal acquis » de son clan ? Est-ce un moyen de pression venant de Paris pour amener le septuagénaire à « débarrasser le plancher » ? Nul ne le sait mais pour sûr, lui et ses proches ne sont pas à l’abri de la justice tout comme les familles Bongo au Gabon et Obiang en Guinée équatoriale.

Lavoisier l’a dit « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Et les transformations qui commencent à s’opérer au sein des peuples africains sonneront le glas d’une ère où mastodontes et dinosaures du pouvoir chercheront à passer vainement par le trou de l’histoire. Une jeunesse en éveil, l’éclosion de nouvelles idées, l’alternance en marche, le développement à portée de main, que diantre attend l’Afrique pour devenir le « berceau de la démocratie » ?

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net

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