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Politique sectorielle de l’économie et des finances : Bilan mitigé pour les OSC participantes

Publié le vendredi 26 juin 2015 à 03h35min

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Politique sectorielle de l’économie et des finances : Bilan mitigé pour les OSC participantes

Le Burkina Faso a un faible niveau des investissements publics (seulement 21%), le transfert des fonds vers les collectivités territoriales ne se fait pas dans les délais et l’Etat devrait réduire son train de vie,…ce sont entre autres les conclusions auxquelles sont parvenues les organisations de la société civile (OSC) intervenant dans les finances publiques au Burkina Faso. Après un an d’effectives activités, ces OSC étaient face à la presse pour un bilan d’étape.

Un bref détour dans le passé s’impose pour mieux apprécier le présent. Année 2013, le Centre d’information, de formation et d’étude sur le budget (CIFOEB) émet un vœu : celui de contribuer beaucoup plus activement dans la conception et l’exécution du budget de l’Etat. Le vœu trouve écho auprès d’un partenaire technique et surtout financier : la Coopération allemande. Dans le cadre d’un partenariat formalisé, le CIFOEB bénéficie alors du soutien nécessaire pour faire valoir son point de vue dans la mise en œuvre de la politique sectorielle de l’économie et des finances (POSEF). Un an après soit en 2014, toujours avec le soutien de la Coopération allemande, le cercle des OSC ayant voix au chapitre sur les questions budgétaires nationales s’élargit. Elles sont désormais neuf OSC dont les avis comptent. Un cadre de concertation est alors créé pour leur permettre de parler d’une seule voix. Avec pour représentants de l’ensemble des OSC au sein du comité ministériel, le CIFOEB, le Réseau national de lutte anti- corruption (RENLAC) et le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). Leur mission : « En amont des revues annuelles et à mi- parcours de cette instance qui se réunit deux fois par an, les OSC membres du cadre de concertation se rencontrent, pour définir l’argumentaire que leurs représentants doivent aller défendre au niveau de ces instances », nous a précisé Isaac Barré Zongo, Directeur exécutif du CIFOEB.

Et c’est parti pour les activités de contrôle et de plaidoyer

Rencontres préparatoires de la participation des OSC aux sessions ordinaires du comité de pilotage de la POSEF, rencontres de restitution de la participation au cadre de concertation, rapports alternatifs d’analyse de la société civile sur des thématiques précises, renforcement des capacités des membres du cadre… beaucoup d’actions ont été menées pour permettre aux OSC de jouer pleinement leur rôle. Pour le Directeur exécutif du CIFOEB, « Au- delà de cette stratégie d’union pour peser fort et faire valoir sa vision, le cadre de concertation constitue aussi une force d’analyses critiques et de propositions pour des actions de plaidoyers. » C’est justement cette force d’analyse qui a permis à ces OSC, après analyse du rapport annuel 2014 et de la matrice de performance 2016- 2018, de faire ressortir entre autres le faible niveau des investissements publics avec un taux de 21%. Ces OSC ont en outre préconisé la réduction du train de vie de l’Etat et fait observer la nécessité de prises de mesures pour réduire le temps de transfert des fonds aux collectivités territoriales. « Parce que sur le terrain nous suivons le transfert aux collectivités territoriales. Mais nous constatons que ces transferts ne suivent pas. D’abord ils n’arrivent pas à temps, deuxièmement il y a la lourdeur administrative dans la passation des marchés publics, et troisièmement il n’y a pas de sanction à l’encontre des fournisseurs défaillants », a expliqué monsieur Zongo.

Des citoyens de plus en plus sensibilisés

La plus grande satisfaction des OSC leur vient de leurs activités de sensibilisation de masse. « Si vous allez dans les communes dans lesquelles nous intervenons, le maire ne peut plus rien faire sans consulter sa base. Et là, à chaque fin d’année, le maire est tenu de faire un bilan annuel public de l’exécution du budget de l’année… C’est déjà un changement », fait remarquer Isaac Barré Zongo. Pour lui, il faut multiplier les actions de sensibilisation sur le terrain. A l’entendre, notre économie se porterait mieux si la juste information avait toujours été donnée à la population à la base. « Quand on parle de l’incivisme fiscal c’est quoi ? C’est le fait que moi en tant que contribuable je ne sais pas ce qu’on fait de l’argent que je paie. Mais si celui qui collecte mon argent me dit, j’ai collecté ton argent, voilà ce que je vais faire avec et après il vient dire voilà ce que j’ai pu faire avec, je serai content demain de payer ! Et les communes où nous intervenons, si vous regardez leurs budgets, il y a une évolution du recouvrement des recettes. Parce que les gens savent pourquoi ils payent l’impôt ». Lui et ses camarades le disent d’ores et déjà à qui veut les entendre, ils poursuivront leur combat jusqu’à ce que « l‘Etat au moins accepte une fois pour toutes que le développement du Burkina Faso passe nécessairement par le développement de la collectivité locale. »
Notons qu’en plus de celles sus- citées, les autres organisations de la société civile engagées dans cette mission d’interaction pour le budget national sont le Secrétariat permanent des ONG (SPONG), SPHERE Burkina, le Groupe d’études et de recherche sur la démocratie et le développement économique et social (GERDDES- Burkina), le Conseil national des organisations de la société civile (CNOSC/BF), le Réseau d’initiatives des journalistes (RIJ) et le Laboratoire citoyennetés.
Samuel Somda
Lefaso.net

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