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Intégration et commerce international : La CEDEAO prépare les futures échéances

Publié le vendredi 11 mars 2005 à 07h53min

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Ouagadougou a abrité les 7 et 8 mars 2005 la réunion ad hoc du groupe d’experts sur les questions de commerce et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en Afrique de l’Ouest.

Les experts, en provenance de quinze pays membres de la CEDEAO, ont affiné les positions des Etats dans les négociations futures de l’agenda de Doha et des accords de partenariat économique avec l’Union européenne (Accords de Cotonou).

Le groupe d’experts a recommandé aux Etats africains "de parler d’une seule voix au sein du groupe Afrique et au cours des négociations" sur le cas du coton, "de protéger leurs produits en utilisant les mesures de l’OMC". Les discussions des experts ont fait ressortir que le dossier coton constitue actuellement un cas d’école. Le verdict de l’organe de règlement des différends de l’OMC dans le contentieux Brésil-USA est un cas d’école. Les pays africains pourraient s’en saisir dans les négociations sur d’autres produits agricoles comme la volaille, la tomate, le lait. La réunion a relevé que les pressions exercées par le groupe Afrique commencent à porter fruit dans la mesure où l’Administration américaine a promis de réduire les subventions accordées à ses cotonculteurs dans le budget 2006.

Le ministre burkinabè en charge du Commerce avait dès l’ouverture prévenu les experts "nous ne devons pas nous voiler la face car le débat autour du problème d’un meilleur accès de nos produits aux marchés mondiaux n’est pas que technique, il est aussi hautement politique dans la mesure où il influencera l’avenir des dynamiques de croissance et pèsera de tout son poids sur la capacité des pays africains à réduire le fossé qui les sépare du reste du monde".

Aussi les experts concèdent que les Etats-Unis ne vont pas démanteler aussi rapidement que l’auraient souhaité les cotonculteurs africains leurs systèmes de subventions. Ils regrettent, à la lumière du dossier coton, les démantèlements des caisses de stabilisation des produits agricoles en Afrique sous la houlette de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

"Le dossier coton résume la situation de l’iniquité du commerce international où d’un côté des pays africains qui n’ont pas les moyens de tricher alors que de l’autre, les pays développés trichent pour s’accaparer de tout", conclut la réunion du groupe des experts, qui optimiste, estime que la conférence de Hong-Kong en décembre 2005 pourrait déboucher sur des solutions acceptables. Dans le cas contraire, il ne faudrait pas s’attendre à des résultats sur l’agriculture.

Les accords de partenariat économique

"Dans la situation actuelle, les pertes liées aux accords de partenariat économique dépassent de loin les gains pour l’Afrique", notent les participants. Ils ont discuté des stratégies qui permettent de minimiser les pertes et de minimiser les avantages liés aux accords de partenariat économique. Les participants ont demandé le renforcement de l’intégration économique, en accélérant le rythme actuel, ils ont aussi souhaité l’ouverture du marché européen aux produits africain et plaidé pour la mise en œuvre des accords de partenariat économique au stade final, c’est-à-dire au vu des progrès réalisés pendant la phase de transition.

Les experts ont fait le constat que pendant les négociations relatives aux Accords de Cotonou, le commerce prend le dessus sur les questions de développement, et ont rappelé aux Etats que le continent ne peut pas se permettre de s’écarter de la problématique du développement.

Au cours de ces quarante-huit heures de discussions, les différents défis qui se posent à la sous-région ouest-africaine en matière de politiques commerciales aux niveaux bilatéral, régional et multilatéral ont été examinés. Pour le ministère Benoît Ouattara, ces préoccupations ont leur place dans la Déclaration de Doha et le cycle de négociations issues de Doha et s’appellent : réduction des subventions accordées par les pays de l’OCDE à leurs secteurs agricoles, le renforcement du traitement spécial et différencié de l’accès aux médicaments et à certains traitements pour faire face aux pandémies comme le VIH/Sida ou le paludisme. L’accès aux marchés des pays développés constitue, selon le ministre burkinabè, la préoccupation centrale des pays africains.

Les experts au cours de leurs échanges ont insisté entre autres sur la nécessité pour les Etats membres de centraliser les négociations sur l’accès au marché des produits non-agricoles, sur les besoins de développement de la région. L’accès au marché devrait, selon eux, dépasser les formules de réduction tarifaires, pour prendre en compte les barrières non-tarifaires. Pour les pays membres de la CEDEAO, le traitement spécial et différencié devrait être le but de la négociation et une fois obtenu, il sauvegarderait les politiques d’industrialisation de la sous-région.

Mais surtout les Etats membres devraient prioriser l’intégration régionale par l’élimination de tous les tarifs et toutes les barrières non-tarifaires telles que adoptées dans les traités et protocoles des communautés économiques régionales qui les créent. "L’intégration sous-régionale et régionale doit constituer une étape vers l’intégration mondiale" avait dit le ministre Benoît Ouattara, à l’ouverture de la réunion.

Tiergou P. DABIRE
Sidwaya

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