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Construction de barrages : un arrière-goût d’insatisfaction

Publié le lundi 24 janvier 2005 à 07h23min

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Le 18 janvier dernier, une mission du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques est allée constater l’état d’exécution des travaux de construction des barrages de Nagréongo dans l’Oubritenga, de Salogo et de Tuiré dans le Ganzourgou, et de Lalgaye dans le Koulpelgo.

Des travaux qui s’inscrivent dans le cadre du programme biennale eau, lancé le 22 mars 2004. La mission que conduisait Kaboré Ibrahima, Secrétaire général du ministère, a livré des impressions d’insatisfaction.

Quels sont, à ce jour, les niveaux d’exécution des travaux de construction des barrages de Nagréongo dans l’Oubritenga, de Salogo et de Tuiré dans le Ganzourgou, et de Lalgaye dans le Koulpéologo, tous appartenant au programme biennal eau, lancé le 22 mars 2004 ? Entre 4 et 17 %, selon les estimations. “Ce qui n’est pas intéressant”, commente Ibrahima Kaboré, secrétaire général du ministère, à l’issue des visites. Les plus grandes inquiétudes se situent au niveau de l’état d’exécution du barrage de Lalgaye. 4 % à peu près. Sur le chantier, rien, manifestement, n’a été fait. Pas le moindre début d’ouverture d’une tranchée d’ancrage. Le véritable commencement se situe pourtant à cette étape. “Tant qu’on n’aura pas la tranchée d’ancrage, explique Oumar Zai, du bureau chargé du contrôle des travaux, on ne sera pas tranquille, puisqu’on ne sait pas ce qu’il y a au fond. C’est en ouvrant la tranchée qu’on constate la nature des matériaux et qu’on est tranquillisé”.

A Lalgaye, une progression à pas d’escargot

Visiblement très mécontente de savoir que les travaux avancent à pas d’escargot à Lalgaye, la mission s’est entendu dire que cette situation remettra en cause les délais fixés pour la mise en eau du barrage. Et pourtant, les travaux avaient démarré en trombe, avec les opérations de débroussaillement et de décapage, se rappelle M. Zai. Pour quelles raisons les travaux ont-ils été interrompus ? “On n’a pas eu de problème particulier”, avoue le responsable des travaux, qui évoque par la suite des pannes de machines.

Une raison qui, manifestement, n’a pas convaincu la mission. "Vous n’avez pas d’excuses ! Les contraintes viennent plutôt de vous”, a lâché le chef de mission de contrôle. Si la mission s’est montrée perplexe à Lalgaye, c’est davantage parce que dans la zone, les saisons de pluie sont précoces. Voilà pourquoi elle a insisté sur l’accélération des travaux, mais aussi sur la nécessité pour les travailleurs d’avoir un planning actualisé.
Les travaux du barrage de Tuiré, eux, connaissent un état d’exécution plus avancé. “Si on était, il y a une ou deux semaines à 17%, on devrait être actuellement à 20%. On pense que d’ici un mois, on sera à un niveau de 40%”, souligne Saïdou Tiendrébéogo, responsable de l’entreprise d’exécution.

La tranchée d’ancrage ouverte à Tuiré

Dans les faits, l’ouverture de la tranchée est pratiquement finie. Reste la phase de remblai. Ce n’est pas que les travaux n’ont pas connu des difficultés d’exécution. Bien au contraire. Il y a eu un petit retard car au lieu de 3200 m3 de déblai prévu, il a fallu à l’entreprise déblayer près de 5 à 6 mille m3, un travail supplémentaire. Autre difficulté, majeure cette fois-ci : l’approvisionnement en eau pour les travaux. "Il était prévu, affirme M. Tiendrébéogo, qu’on prélève l’eau dans le barrage de Pouytenga.

Mais il nous a fallu aller à 45 km plus loin, ce qui n’a pas été sans conséquences sur les travaux". Et puis, il était question de contourner des cimetières, lorsqu’on procédait à l’ouverture de la digue. Autant d’imprévus qui ont fait dire au chargé du contrôle des travaux que "tout cela grignotera donc sur le délai d’exécution, de six mois”. Ce n’est pas l’avis de M. Tiendrébéogo qui, très confiant, affirme : “On sera dans les délais, peut-être même arriverons-nous à les réduire”. Pourquoi pas ? D’autant qu’ici, on a eu la chance d’avoir “tout le matériel sur place”. Notons qu’en fond de tranchée, il a été découvert de l’eau, ce qui a servi à arroser la carrière.

Réhabiliter des périmètres à Nagréongo

Que dire du barrage de Nagréongo, construit en 1968 ? Le niveau d’exécution est estimé à 15 %. Dans ce département, il s’agit plutôt d’étendre et de réhabiliter deux périmètres, et de rehausser la digue. Le rehaussement de la digue est fini. Reste l’aménagement d’un périmètre. Le rythme de travail par rapport au programme prévisionnel a été ralenti à cause des travaux champêtres. “Mais, assure Assimi Sanogo, patron de l’entreprise d’exécution, il n’y a pas d’inquiétudes à se faire, on sera dans les délais, afin d’ offrir à temps (en saison hivernale prochaine) aux paysans, des périmètres fertiles". En tout cas, la présence de la mission sur place a permis d’attirer l’attention de l’entreprise sur la nécessité de respecter les délais, mais aussi de fournir un planning actualisé et détaillé de tous les travaux au bureau de contrôle.

Les résultats du contrôle des matériaux attendus à Salogo

Tout comme le niveau d’exécution des travaux du barrage de Nagréongo, celui de Salogo est estimé à 15 %. Les tranchées ont été ouvertes et le compactage sera bientôt fait. Quelques difficultés ont tout de même causé un certain retard. Car ici aussi, la digue a dû contourner des cimetières. Il y a aussi eu du retard dans le contrôle des matériaux au laboratoire national. "On attend ces résultats avant de passer à l’étape de compactage". Mais l’optimisme est de mise et l’on assure que ce petit retard sera rattrapé. Ce d’autant "plus qu’il n’y a pas tellement de craintes à se faire à propos des matériaux". L’on a insisté pour que l’entreprise mette l’accent sur les travaux du barrage. Cette tournée s’inscrit dans le cadre de sorties qui dureront dix jours et qui permettront de visiter une vingtaine de chantiers.

Par Cheick Beldh’or SIGUE


Ambroise Ouédraogo, (DG de l’hydraulique agricole) : "Notre impression n’est pas très bonne"

A l’issue de la tournée, le directeur général de l’hydraulique agricole a donné ses impressions.

Pour cette première sortie, quatre chantiers, d’un coût global de près de 1 milliard et demi de F CFA, ont été visités. A l’issue de cette visite, notre impression n’est pas très bonne. Car nous nous attendions à voir des chantiers mieux avancés et très animés et des digues construites. Or, la plupart des chantiers visités sont au stade de départ.

Mais nous pensons que le dynamisme impulsé par le ministère encouragera les entrepreneurs et toutes les parties prenantes à mettre du leur pour qu’on ait des ouvrages dans les délais. Cela est d’autant plus important que si, aux mois d’avril-mai, les tranchées n’ont pas été ouvertes puis rebouchées, ce sera une catastrophe aussi bien pour l’entrepreneur que pour le maître d’ouvrage. Les entrepreneurs doivent pour cela s’organiser. A notre niveau, à court terme, nous discuterons avec chaque entreprise, chaque ingénieur-conseil pour analyser les problèmes quotidiens.

Des sanctions seront-elles prises contre les retardataires ?

Nous sommes dans une république. Les entrepreneurs ont signé des contrats avec l’Etat. Ce contrat comporte un certain nombre de clauses, notamment disciplinaires.

La responsabilité de ces retards n’incombe-t-elle pas quelque part au ministère ?

On a une part de responsabilité. C’est celle de n’avoir pas eu un suivi plus serré avec les entrepreneurs et connu réellement leurs problèmes. Car arrivé sur un chantier mal équipé, il faut se demander pourquoi cela. Est-ce parce qu’il n’y a pas d’engins à louer, est-ce parce que l’entrepreneur a pris des engagements qu’il n’arrive pas à respecter ou parce que les sommes payées pour le démarrage du chantier n’ ont pas été suffisantes ? Y a-t-il des personnels non qualifiés ? Il faut chercher à savoir tout cela. Mais généralement, on ne dit pas tout cela parce qu’ on a peur de la vérité.

Propos recueillis par Cheick Beldh’or SIGUE


Ibrahima Kaboré, secrétaire général du ministère : "Arrêter des calendriers fermes"

Les taux d’exécution varient entre 4 et 20%. Ce qui n’est pas intéressant. Bien qu’étant dans nos bureaux, on a eu des échos et c’est ce qui nous a amenés à sortir et à constater de visu ce qui se passe sur le terrain. On y a constaté un certain nombre de problèmes, notamment le problème d’organisation de certaines entreprises. Il faudra les résoudre. Après cette tournée, nous réunirons l’ensemble des acteurs pour arrêter des calendriers fermes sur lesquels nous ne transigerons pas. Nous allons appliquer les règles et pour ceux qui seront défaillants, nous serons obligés de leur retirer les marchés pour les confier aux plus compétents.

Propos recueillis par Cheick Beldh’or SIGUE
Le Pays

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