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Gnissa Isaïe Konaté, Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation « Le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole »

Publié le jeudi 11 juillet 2013 à 22h33min

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Gnissa Isaïe Konaté, Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation « Le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole »

Quelle est la part qui revient à la recherche, ce maillon très important pour augmenter la productivité agricole ?

Il est assez difficile de préciser avec exactitude la part du budget qui a été consacré à la recherche. Au Burkina nous avons un institut principal, l’INERA, qui s’occupe des recherches agricoles. Mais il y a aussi des recherches qui se mènent dans d’autres départements.

Nous n’avons pas à la date d’aujourd’hui le chiffre exact qui est consacré à la recherche agricole. C’est seulement avec le CNRST que nous avons quelques chiffres précis. A la période 2004-2011 l’allocation budgétaire de l’Etat à la recherche a été de 4 milliards par an. Il faut noter qu’il n’y a pas eu une continuité dans les efforts de l’Etat à ce secteur. Pendant 15 ans, de 1990 à 2005, il a investi environ 20 milliards de FCFA dans la recherche à travers un crédit qu’il a contracté auprès de la Banque mondiale. L’investissement a chuté à la fin du projet à partir de 2005, pour revenir à une somme modeste de 4 milliards de FCFA, destinée aux charges du personnel et des factures. Grosso modo, le financement de la recherche agricole tourne autour de 0,1% du PIB. Il faut reconnaître que depuis la création du Ministère de la recherche scientifique et de l’innovation, l’Etat a repris ses efforts de financement.

Le financement reçu vous permet-il d’atteindre vos objectifs ?

Bien sûr que non. Notre objectif général est que la recherche agricole en particulier, permette dans un délai raisonnable, de transformer qualitativement notre système productif. Il s’agit d’augmenter la productivité agricole, c’est-à-dire que la production par unité de surface s’accroisse. Il faut donc produire autrement que ce que l’on a fait jusqu’aujourd’hui. Cela inclus bien les variétés de semences qu’on utilise, l’amélioration du milieu de culture (les sols) et les moyens de travailler le sol pour qu’il puisse supporter la production sur le long terme. C’est cela l’agriculture durable. Il est évident que le financement actuel ne permet pas d’atteindre ces objectifs. Nous nous sommes attaqués à ce problème en créant un fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement que l’Etat a appuyé. Ce n’est que 250 millions par an, mais ma conviction est que ce n’est pas le volume d’argent qui fait le succès. C’est plutôt l’engagement des acteurs et la continuité dans le financement. En matière de développement de la recherche, il faut éviter les interruptions.

Quels sont vos attentes et suggestions en termes de financement public du secteur agricole dans les années à venir ?

Elles sont importantes et nous les mettons toujours en parallèle avec les missions qui nous sont confiées. Le secteur agricole ne peut pas décoller sans la recherche agricole. La recherche est l’un des moyens qui permette de faire de l’innovation. Logiquement une partie conséquente de ces 10,2% du budget devrait aller à la recherche, pour atteindre les 1% recommandés par certaines instances. Mais cela n’est pas le cas. Le financement de la recherche agricole peut venir de différents secteurs. Il est possible que le secteur agricole lui-même puisse financer la recherche agricole afin de bénéficier des résultats. C’est ce qui se passe avec le coton où la recherche est financée en grande partie par les sociétés cotonnières. C’est une possibilité mais vous me direz que ce sera difficile pour les producteurs burkinabè. C’est vrai.

Aussi en dehors du budget, on peut imaginer que l’Etat envisage des taxes para-fiscales pour le financement la recherche. Mais il faut que les financements reçus aient des retombées. Les partenaires techniques et financiers sont une autre voie, mais il est préférable que ce soit un financement d’appoint. Car leur financement généralement se fait sous forme de projet qui s’arrête en même temps que la fin du programme.

De même, au niveau des programmes de développement agricole, on peut se fixer comme objectif de consacrer un pourcentage à la recherche agricole. Les projets que la Banque islamique de développement finance aujourd’hui, elle exige que 10% aillent à la recherche. Car le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole. Si au Burkina Faso on prélevait seulement 5% dans le budget des projets de développement rural pour la recherche agricole, nous n’aurions pas aujourd’hui de problème de financement.

Aussi en dehors du budget, l’Etat peut envisager des taxes para-fiscales pour le financement de la recherche. Le Burkina Faso dépense de nos jours 100 milliards de FCFA dans l’importation du riz, pourquoi ne pas prélever un certain pourcentage pour financer la recherche et exiger d’elle des résultats. Pendant longtemps, les gens ont pensé que la recherche était un luxe pour nos pays.

A chaque niveau de développement de la recherche, parce qu’aujourd’hui au Burkina, nous n’allons pas nous mettre à rechercher l’origine de l’univers. Nous avons besoins de nos jours d’une recherche qui permette de résoudre les nombreux problèmes de développement.

Propos recueilli par S.S.H
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 juillet 2013 à 13:08, par Sans Parti Pris (SPP) En réponse à : Gnissa Isaïe Konaté, Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation « Le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole »

    Il aurait fallu un peu de logique dans l’agencement des idées. D’où vient le chiffre de 10,2% ?
    une remarque générale pour orienter notre recherche. Si la recherche a des problèmes de financement, c’est que ses résultats ne sont pas "vendus". Et si ces résultats ne sont pas "vendus", c’est qu’ils n’intéressent pas ceux à qui on les proposes. Ainsi, de la même manière qu’on doit "vendre un produit avant de le produire", je dis qu’il faut "vendre les résultats de la recherche avant de les produire". La recherche n’est pas une fin en soit mais une stratégie pour atteindre les objectifs des stratégies agricoles et des producteurs.
    Juste un point de vue.

  • Le 11 juillet 2013 à 15:48, par l’Analyste En réponse à : Gnissa Isaïe Konaté, Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation « Le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole »

    J’avoue que je ’arrive toujours pas à comprendre par quel acrobatie on en est arrivé à séparer la recherche scientifique de l’enseignement supérieur. la recherche et la formation étant les deux fonctions dévolues aux universités qui sont en étroite collaboration avec les centres de recherches. Pour rappel les universités ont été crées pour être des centres de savoir aptes à former des cadres-concepteurs et à trouver des solutions aux problèmes majeurs qui surgissent dans la vie d’un peuple ou d’une civilisation.Un ministère de la recherche et de l’innovation détaché de la formation universitaire est une grossière erreur.

    • Le 11 juillet 2013 à 16:40, par Vérité En réponse à : Gnissa Isaïe Konaté, Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation « Le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole »

      Vous dites "acrobatie" ? On n’a pas besoin d’acrobatie pour constater une juxtaposition de 2 institutions qui été "séparés" dans les faits et dans la réalité. Vous donnez l’impression qu’on a séparé les 2 ! En dehors de la théorie dont vous parlez, dites pratiquement ce qui lie les 2 dans la pratique et la réalité. Donnez un seul exemple prouvant que réellement, la liaison entre les universités et les centres de recherche a été la préoccupation de ceux qui ont dirigé l’ancien ministère, le MESSRS qui pourtant devait être en charge de 2.
      Regardez vous dans un miroir et demandez vous si vous êtes un enseignant ce que vous avez trouvé pour impacter l’agriculture ou l’élevage directement.

      Tout le problème et le blocage de la bonne collaboration réside dans votre intolérance et votre sous-estimation des centres de recherche. Corrigez cela et personne ne souffrira ni de la séparation, ni de la fusion.

      Ils sont combien les Ministres de l’ancien MESSRS à avoir visité un centre de recherche ? Ils sont combien les anciens Directeurs régionaux du MESSR à avoir visité une station de recherche dans leur région ? Aucun.

      Depuis, nous voyons les impacts de la recherche agricole par exemple. La séparation s’imposait et elle bien pertinente. Laissez donner les moyens à la recherche développement pour impacter les secteurs productifs de notre pays. Le Bondofa a sauvé les Burkinabè de la faim. Courage les chercheurs qui trouvent !

  • Le 11 juillet 2013 à 15:53, par l’Analyste En réponse à : Gnissa Isaïe Konaté, Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation « Le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole »

    J’avoue que je ’arrive toujours pas à comprendre par quel acrobatie on en est arrivé à séparer la recherche scientifique de l’enseignement supérieur. la recherche et la formation étant les deux fonctions dévolues aux universités qui sont en étroite collaboration avec les centres de recherches. Pour rappel les universités ont été crées pour être des centres de savoir aptes à former des cadres-concepteurs et à trouver des solutions aux problèmes majeurs qui surgissent dans la vie d’un peuple ou d’une civilisation.Un ministère de la recherche et de l’innovation détaché de la formation universitaire est une grossière erreur.

    • Le 12 juillet 2013 à 07:24, par L’Inconnu En réponse à : Gnissa Isaïe Konaté, Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation « Le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole »

      Les universités et les centres de recherche sont faits en effet pour travailler ensemble et devrait rester dans un même ministère. Mais l’erreur est plutôt de mettre ensemble les universités est les établissements secondaires. Ce qui fait que le recherche devient peu visible dans ce magma toujours bouillant de super ministère des enseignements secondaires supérieur et de le recherche scientifique. Il faudrait demander un dimensionnement des ministères selon les entités uniformes et gérables.

    • Le 12 juillet 2013 à 10:44 En réponse à : Gnissa Isaïe Konaté, Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation « Le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole »

      L’Université fait de la recherche fondamentale et les enseignants ne peuvent laisser leurs cours pour descendre en milieu paysan pour faire de la recherche-développement. Justement, nous sommes arrivés à la séparation des 2 parce qu’en réalité, la collaboration entre certaines universités (la grand majorité d’ailleurs) et les centres de recherches n’était plus illusoire que réelle. Au Burkina, on ne peut pas parlé d’étroite collaboration. Au contraire, les uns regardent les autres d’en haut avec souvent du mépris dévoilé. En dehors de l’UPB de Bobo, donnez un seul exemple où la collaboration est réellement étroite avec les centres de recherche. Combien de responsables de l’ancien MESSRS (ministres ou DG ou directeurs régionaux) ont visité une station régionale de recherche ?
      S’il faut scindé les 2 pour que les résultats de recherche impactent au mieux les secteurs productifs, je pense que c’est une bonne. La preuve est que le Bondofa qui est variété de maïs mise au point par l’INERA a permis de juguler la faim l’an passé, à travers sa promotion et sa la production en contre-saison. Son rendement est très bon. Que nos autorités donnent plus de moyens à la recherche pour changer les indicateurs de développement du Burkina, comme cela est le cas partout ailleurs

  • Le 12 juillet 2013 à 07:59, par Karim En réponse à : Gnissa Isaïe Konaté, Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation « Le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole »

    Heureusement que vous êtes seul à ne pas comprendre que la recherche scientifique est un secteur et que l’enseignement supérieur un autre. L’enseignement supérieur ne peut pas se mener sans recherche mais la recherche peut se passer de l’enseignement supérieur. Y a des chercheurs qui ne sont pas passés par les universités.

  • Le 12 juillet 2013 à 09:06, par OWEDRA@GMAIL.COM En réponse à : Gnissa Isaïe Konaté, Ministre de la recherche scientifique et de l’innovation « Le développement agricole n’a pas de sens sans recherche agricole »

    Ceux qui sont conscient de l’avenir peuvent voter un bon budget pour la recherche agricole. Nous avons de nos jours combien de produits ogm insérés dans les semences(maïs,sésame, coton, niébé etc.) et nos agriculteurs pour la plus part analphabètes, ne font qu’obéir sans savoir le danger. Ceux qui vous ont apporté les ogm ne les consomme pas. C’est juste nous utiliser pour tester leur produit. Il y a de nos jours plein de maladies sans nom. Aucun labo ne peut trouver comme toxique un produit et la population souffre et continue de souffrir. Parlant de recherche, nos agriculteurs savent la bonne variété pour leur sol, leur climat, et le cycle donc les chercheurs doivent les associer dans les recherches. C’est pour dire que le nord à ses variétés, le sud, l’ouest etc. Mais on dirait que chaque fois les semences ne conviennent pas aux agriculteurs et malheureusement, c’est pendant les récoltes qu’ils constatent que les semences ne sont pas du tout ce qu’ile attendaient.. on n’ a pas besoins de grosse sommes pour bien faire ! il suffit d’avoir de la volonté, vouloir le bien des agriculteurs et éviter le gain facile...

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