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Noufou Ouédraogo(CNSE) : "C’est maintenant qu’on va me connaître"

Publié le lundi 27 décembre 2004 à 08h16min

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Au cours d’une conférence de presse donnée le 22 décembre dernier, Jacob Yacouba Barry de Savane FM, une radio privée au Burkina Faso, annonçait les changements intervenus au sein du Comité national de soutien aux Etalons, que préside Noufou Ouédraogo depuis la dernière assemblée générale qui l’a élu pour 4 ans.

Ainsi, Jacob Yacouba Barry est le nouveau président, selon la déclaration liminaire qui a été lue à la conférence de presse. La réaction de celui qu’on aurait remplacé ne s’est pas fait attendre. A quelques heures de la messe de minuit marquant la naissance de Jésus, El Hadj Noufou Ouédraogo nous a rendus visite avec cette phrase : "Personne ne peut me remplacer comme cela". Un long entretien s’en est suivi à travers lequel Noufou semble mettre en garde ceux qui exploiteraient le nom de sa structure. Le 24 décembre 2004, c’est bien la date choisie par le "Prési" pour dire sa vérité.

"Le Pays" : Avez-vous appris que vous n’êtes plus le président du Comité de soutien aux Etalons ?

Noufou Ouédraogo : C’est vous qui me l’apprenez. C’est d’ailleurs par votre journal que j’ai appris depuis Bobo-Dioulasso où j’étais, qu’il y a eu une conférence de presse convoquée par des individus au cours de laquelle on m’aurait destitué. Cela m’a d’abord fait rire. A mon avis, il faut qu’on se respecte dans ce pays. Ne confondons pas liberté et pagaille. Ce sont deux choses différentes.

Le Comité national de soutien aux Etalons existe depuis 1996. Personne ne peut renverser le président du Comité que je suis, si ce n’est par la voie d’une Assemblée générale souveraine. A l’époque, le Comité était un des démembrements de la Fédération burkinabè de football, en son article 57. Une Assemblée générale a réuni toutes les provinces pour élire Noufou Ouédraogo. C’est seulement cette Assemblée qui peut destituer Noufou qui, du reste, demeurera membre du Comité.

Il est ressorti lors de cette conférence de presse que vous aviez été contacté pour être président d’honneur à vie du Comité...

J’étais à domicile lorsque Yacouba Barry, Baba Sanou et Tindano sont venus me voir pour qu’on renouvelle le bureau. Ils ont évoqué le bilan des 50 millions que nous avons pris avec l’Etat. Le peuple doit savoir ce que nous avons fait avec cet argent. Nous avons déposé certes le bilan, mais il fallait le rendre public. Je leur ai dit de faire des propositions !

Un jour, j’étais à Ouahigouya lorsque j’ai appris qu’il y a des rebelles chez Noufou. Je ne sais pas si ce sont des gens de Guillaume Soro (rires) ou des gens du Katanga. Ensuite, l’Adjudant-chef Tindano est venu me voir pour me signifier qu’il n’était pas au courant de cette rébellion. Baba Sanou est venu me dire la même chose. Yacouba Barry est venu un jour à 22h, en pleurant, pour exprimer ses regrets. J’ai dit que ce n’était pas grave.
Je dis que n’importe qui peut démissionner, créer son comité, mais pas s’accaparer l’appellation de notre structure.

On vous accuse d’avoir beaucoup d’activités à la fois...

Tout cela peut être évoqué lors d’une assemblée, et cette dernière décidera. Si je suis vieux et que les jeunes veulent de la place, l’assemblée est souveraine. Ce ne sont pas trois individus qui vont se lever pour me demander de partir. Ils osent même mettre le nom du député Hamidou Compaoré comme conseiller sans le consulter. C’est grave ! Au delà de tout ça, je déplore le fait que la presse se rende à une telle conférence sans chercher à voir qui a signé la lettre...

... La presse est libre d’aller chercher l’information là où elle le souhaite, président...

... Donc vous avez fait votre travail.

Tout à fait !

Merci alors ! Mais j’en veux au ministère en charge des sports. C’est lui qui a laissé toute cette pagaille s’installer. Il devait prendre ses responsabilités pour qu’il n’y ait qu’un seul comité. Ainsi, si les gens disent qu’ils veulent Kouanda, Noufou applaudit. Si c’est Noufou que les gens veulent, je souhaiterais que Kouanda aussi applaudisse. A la CAN’98, on m’avait dit que je n’étais pas de la Coordination, j’ai accepté et j’ai supporté mon équipe. C’est Mahamadi Kouanda qui était dans la coordination.

Avant d’aller en Tunisie pour la CAN’2004, on nous a réunis autour du Grand Chancelier avec le Général Ibrahim Traoré. On a pris l’engagement devant ces personnes de gérer les éventuels problèmes en Tunisie. Même s’il y a eu des bagarres là-bas, j’ai pu me contenir. Il y a eu un moment où les supporters étaient décidés à faire du scandale et j’ai pu les contenir. Je leur ai dit que s’il y a problème d’argent, on le resoudra au Burkina...

... Parce qu’il ya eu des problèmes d’argent ?

Ah oui ! Il y en a eu ! Nous avons dormi dans un hôtel d’où nous avons dû partir 5 jours avant les délais parce que, nous apprenait-on l’argent était fini. Les gens n’étaient pas contents.

Mais, c’était vous, les présidents, qui pouviez donner des explications

Ce n’est pas moi qui gérait les frais. C’est Mahamadi Kouanda qui s’occupait de l’hébergement, de la restauration, etc. Moi, je n’ai jamais posé de questions à ce sujet, mais on a géré. Le ministère et la Fédération n’ont rien dit.
Et voilà que trois individus se lèvent et personne ne dit mot. C’est grave pour l’intérêt de notre football. Cela n’est pas bon pour notre CAN qui se prépare. Je suis sûr et certain que ce ne sont pas ces gens-là qui peuvent renverser le Comité...

...Vous pensez qu’il y a quelqu’un derrière eux ?

Il y a quelqu’un. Les trois personnes étaient mes "bras-droits", mes hommes sûrs, ceux en qui je plaçais plus de confiance qu’en ma propre famille. On se séparait à minuit ou à 1h du matin.

Mais qu’est-ce qui peut amener vos "bras-droits" à vous trahir ?

Mais qu’est-ce qui peut amener l’un à trahir l’autre dans ce pays, si ce n’est l’argent ? Mais ce qui me fait le plus mal, c’est le cas de l’adjudant-chef Tindano que je respecte beaucoup. Entre le gourmantché qu’il est et le Yadéga que je suis, cette situation ne devait pas arriver. En ce qui concerne Baba Sanou et Yacouba Barry, on sentait leur intention depuis longtemps. Barry même sait que j’avais déjà lu ses intentions avant qu’on aille en Tunisie.

Mais qui est derrière tout cela, puisque vous êtes convaincu qu’il y a quelqu’un qui les pousse à agir ainsi ? Vous avez un nom(s) ?

Ce quelqu’un veut déstabiliser Noufou. Ça peut être n’importe qui. Mais pour me déstabiliser, il faut se lever très tôt. Si tu te réveilles à 7 h du matin pour me déstabiliser, tu n’auras pas encore atteint ton objectif.

Vous n’avez toujours pas répondu à ma question. Vous n’avez donc pas un ou des noms ?

Vous connaissez plus que moi. Vous étiez à la CAN’2002 au Mali et vous savez tout.

Ceux qui vous ont destitué disent que leur acte vise à mettre fin au désagréable duel Noufou - Kouanda. Votre commentaire ?

Est-ce qu’il y a un problème entre Kouanda et moi ? J’ai rencontré Kouanda à plusieurs reprises. Il avait voulu que je chasse ceux qui sont en rébellion aujourd’hui. Je lui ai dit en son temps, que je ne pouvais pas le faire. Avec le recul, je donne raison à Mahamadi Kouanda aujourd’hui. Kouanda m’avait dit face à face de les chasser pour que nous deux on se retrouve pour former un bureau. J’ai 65 ans, je ne peux plus continuer à courir sur le terrain. Je lui ai dit de venir, on va travailler ensemble. Il n’a pas voulu. Comme il était pressé, il est parti créer sa coordination. Est-ce qu’il ya un problème ? Si ces individus qui pensent me destituer avaient démissionné pour aller créer une autre structure qui s’appelerait "chat", "lion" ou "chien", personne n’allait réagir. Des gens trouvent que Noufou n’est pas bon, qu’il travaille mal ; ils n’ont qu’à démissionner.

C’est aboutir à un seul Comité, disent-ils !

Est-ce que Kouanda a dissout son bureau ? Est-ce que Kouanda a été destitué ou a mis quelqu’un à sa place ? Où étaient-ils ? Pourquoi ne pas dire simplement d’aller rejoindre Kouanda ? Lors de l’assemblée qui a mis en place notre bureau, ces mêmes qui étaient là n’avaient pas suggérer de laisser notre affaire tomber pour rejoindre le groupe de Kouanda ? C’est pour vous dire qu’il y a quelque chose derrière. Les Burkinabè savent.

Mais vous tournez autour sans dire ce que vous pensez !

Vous voulez que je vous dise quoi ? En dehors de l’argent, rien ne peut engendrer une telle situation. Le président Houphouët a dit que l’homme qui a faim n’est pas un homme libre.

Qui peut donner cet argent ?

Celui auprès de qui ils s’approchent. Toi même qui me pose la question, tu connais...

Pas du tout, président !...

Vous, les journalistes, vous savez tout mais vous voulez amener les gens à parler. Comment pouvez-vous comprendre que des gens qui ne pouvaient pas payer l’eau pour les animateurs trouvent subitement de l’argent pour tenir des conférences de presse ? Imaginez un peu ! Je suis contre la division. Kouanda même le sait. Je le lui ai dit plusieurs fois : la division ne paie pas. Deux, trois, cinq comités de créés ne vont jamais résoudre le problème du football burkinabè. Des gens se saignent pour que ça marche et il se trouve des individus pour décourager ces bonnes volontés.

Peut-être parce qu’il y a à manger dans ces structures de supporters !

Ceux qui pensent ainsi ont peut-être raison. Mais je dois vous dire que depuis que l’équipe Diakité (ndlr, président de la FBF) est là, j’ai pu obtenir 500 000 F CFA pendant la CAN junior. Le reste, c’est Noufou qui se débrouille pour le faire. Celui qui pense ou qui sait que j’ai pris de l’argent avec quiconque et que je ne l’ai pas mis là où il fallait, qu’il le dise. Moi Noufou, personne ne peut m’avoir avec l’argent. Honnêtement, je ne manipule pas de l’argent.

Quel message avez-vous à l’endroit de ceux qui vous ont quitté ?

Je leur dis qu’ils ont mal réfléchi. Ils n’ont pas agi en responsables. Ils devaient attendre la tenue d’une assemblée générale pour agir au lieu d’aller à une conférence de presse pour déclarer qu’on m’a remplacé. Non, on ne peut pas me remplacer comme cela.

En clair, vous restez président du Comité national de soutien aux Etalons ?

Je suis monsieur Noufou Ouédraogo, président du Comité de soutien aux Etalons. Elu pour 4 ans. Seule l’assemblée générale peut changer tout cela.

Dans ce cas, il y aura deux comités puisque les dissidents gardent le nom "Comité national de soutien aux Etalons" !

Il n’y a pas deux comités au Burkina. Si les gens veulent savoir ce qu’ils veulent savoir, ils n’ont qu’à exploiter des banderoles avec ces termes. Le jour où je verrai au stade du 4 août ou au stade municipal, une banderole frappée de ce sigle et qui se trouve n’être pas de l’initiative de la troupe de Noufou, c’est là qu’on va savoir qui est Noufou. C’est à ce moment précis que le Burkina sera enfin obligé de prendre ses responsabilités vis-à-vis de ses structures de supporters. Je ne dis rien de plus pour le moment. Si je vois une telle banderole sur un terrain, c’est ce jour-là qu’on va enfin connaître Noufou Ouédraogo. Depuis 1996 jusqu’à nos jours, je n’ai jamais parlé, je n’ai jamais agi ou réagi, c’est maintenant qu’on va connaître Noufou.

Vous allez maintenant réagir ?

Si le lion est blessé, il va se défendre.

Finalement, il y a des problèmes partout. Sur la pelouse et dans les gradins. En définitive...

Je souhaite l’union en toute chose. Tous les acteurs n’ont qu’à s’entendre pour que notre football s’épanouisse. Que nous laissions tomber toutes les mesquineries. Que l’Etat prenne ses responsabilités car les divisions ne nous amènent nulle part. Ce qui se passe actuellement s’apparente à de l’indiscipline.

Si les choses doivent se passer comme cela, chacun des députés à l’Assemblée nationale peut demain se proclamer Président à la place de Roch Marc Christian Kaboré ! Chaque ministre peut destituer Paramanga Ernest Yonli (ndlr, le Premier ministre) ! Pire, on peut décréter, un matin au cours d’une conférence de presse, que quelqu’un a pris la place de son Son Excellence Blaise Compaoré (ndlr, le président du Faso) mon "homologue", ami et frère.

Si les choses doivent se passer ainsi, c’est très grave. Il y a feu Maurice Yaméogo, premier Président de ce pays qui disait le 31 décembre 1963 ceci : "Attention, il ne faut pas que chacun se laisse tromper par le miroir". Après avoir bien mangé, s’être rasé et s’être cravaté, il faut rester soi-même. Il ne faut pas qu’une fois dans cet état et devant le miroir chacun se dise : "Bien, moi aussi je peux devenir président". Faites attention au miroir. Il n’est pas donné à n’importe qui de diriger. Il faut cette union sacrée. Tant qu’on ne se donnera pas la main, on ne pourra rien faire.

Vous allez aussi convoquer une conférence de presse ?

Comme les Lobis, j’ai ma flèche que je ne montre pas à tout le monde. Le Lobi n’utilise jamais toutes ses flèches à la fois...

... Mais vous n’êtes pas Lobi

Ce sont nos parents. Je ne vais donc pas enlever toutes mes flèches et les montrer aux journalistes.

Qu’est-ce qui vous reste à dire ?

Bonne fête à tous. Que chacun boive un peu et fasse beaucoup attention à la circulation. Que 2005 soit une belle année pour tous et pour tout le Burkina. Que les Etalons puissent se qualifier pour Egypte’2006. On va se mobiliser pour la qualification. Il est prouvé que quand le Burkinabè n’a pas le dos au mur il ne se défend pas. Il nous faut 3 victoires et un nul ; nous aurons 4 victoires.

Bonne chance aussi à ceux qui vous ont remplacé ?

Persone ne m’a remplacé. Je ne veux pas entendre ce mot. Qui peut me remplacer ? Quelqu’un ne peut pas me remplacer comme cela (ndlr, le ton monte) ! Hein ? Barry, Tindano, Baba et les autres sont des frères. Je leur souhaite bonne fête, bonne année. Mais, me remplacer-là, ça c’est "le chien aboie, la caravane passe".

Propos recueillis par Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le Pays

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