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Travailleurs d’Air Afrique/Gouvernement : la fièvre monte

Publié le dimanche 26 octobre 2003 à 11h59min

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Les travailleurs de l’ex-Air Afrique ont tenu une assemblée générale le 23 octobre 2003 à l’aéroport de Ouagadougou. Evoquant "le manque de volonté politique’’ au plan national pour le règlement de leurs droits légaux, ceux-ci ont fixé un ultimatum au gouvernement. Passé le 15 novembre 2003, des actions vigoureuses seront menées pour exprimer leur mécontentement.

"Paiement intégral des droits légaux de tous les retraités en tenant compte des augmentations gouvernementales au plus tard le 15 novembre 2003’’.

"Prise en compte des augmentations gouvernementales du solde de tout compte calculé par le siège pour tous les travailleurs en activité’’.

"Demandons à l’Etat et au Syndic liquidateur du Burkina Faso une concertation pour le paiement des droits des travailleurs en activité au plus tard le 15 novembre 2003’’.

Ces trois recommandations ont été prises par les ex-travailleurs d’Air Afrique à l’issue d’une assemblée générale tenue à l’aéroport international de Ouagadougou le 23 octobre 2003. Elles expriment le ras-le-bol des travailleurs face à "l’inertie de l’Etat burkinabè’’. Le sentiment général qui se dégage est que les ex-travailleurs de la compagnie multinational se sentent abandonnés, "laissés à eux-mêmes. Bien que "le contact avec l’Etat ne soit pas rompu’’, les travailleurs n’ont pas le sentiment que le mal qu’ils vivent préoccupe tellement les autorités burkinabè. "Il manque la volonté politique’’ soutiennent-ils. Depuis la liquidation de la compagnie Air Afrique en 2001, les ex-travailleurs courent toujours après leurs droits légaux.

Des propositions de règlement

Par lettre adressée le 5 mai 2003 au directeur général de l’Aviation civile, les travailleurs ont fait des propositions dans le sens du règlement de leurs droits. Ils ont suggéré que l’Etat contracte un prêt de 650 millions de francs (montant de la totalité des droits légaux des travailleurs) auprès de ECOBANK où la régie d’assistance en escale qui emploie actuellement les travailleurs sur contrat de six mois renouvelable, a son compte bancaire. Cette somme selon les travailleurs, pourra être remboursée par les recettes générées par les activités de la régie. Les ex-travailleurs ont proposé par ailleurs que l’Etat cède le patrimoine (bâtiment et matériel) de la direction de l’ex-Air Afrique pour le Burkina à une personne physique ou morale afin de leur payer leurs doits légaux. Jusqu’à présent, (à la date du 23 octobre) les effets escomptés n’ont pas eu lieu. Sauf qu’entre temps, l’Etat s’est penché sur le cas des ex-travailleurs admis à la retraite. Ceux-ci sont au nombre de 17. Ils ont reçu 50 % de leurs droits légaux. Le reste selon les prévisions doit être versé à la fin du mois d’octobre. Mais sait-on jamais !

Une crise de confiance

Les ex-travailleurs attendent de voir pour croire. "Nous avons été longtemps brimés’’.... "Pendant 40 ans environ d’Air Afrique, l’Etat burkinabè n’a pratiquement rien fait pour promouvoir les travailleurs burkinabè. Les gens se sont débattus eux-mêmes pour se hisser à certains niveaux de responsabilité’’.
Parlant d’infrastructures, c’est-à-dire les réalisations immobilières de l’ex-Air-Afrique, le Burkina Faso est selon les travailleurs l’un des pays actionnaires qui ne dispose pas de grand chose sur son sol. Autant de faits qui, selon les travailleurs de l’ex-multinationale sont la preuve du manque d’intérêt de l’Etat à leur égard. Ils campent sur cette position car dans certains pays membres d’Air-Afrique, la situation des ex-travailleurs est toute autre : "Tous les autres pays membres de l’ex-compagnie multinationale Air Afrique à part la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso ont déjà payé tout ou partie des droits légaux des travailleurs’’.

A titre d’exemple, le Bénin a déjà payé 60 % des droits des travailleurs, le Niger 100 %, le Mali 60 %, le Congo 100 %... Ces différents pays, pour s’acquitter de leur devoir vis-à-vis des travailleurs ont soit vendu le patrimoine d’Air-Afrique, soit utilisé les recettes générées par les régies administratives mises en place après la liquidation d’Air Afrique et chargées de la gestion de l’assistance en escale. Pendant que les autres pays prennent leurs responsabilités pour secourir leurs citoyens, "le Burkina, expliquent les travailleurs, a opté pour le règlement communautaire des droits des travailleurs’’. Cela conformément à l’esprit des textes régissant la compagnie. Une réunion des ministres en charge des Transports devra statuer là-dessus courant décembre. Les travailleurs cependant estiment qu’ils sont au bout de leur patience : "Nous ne sommes plus prêts à jouer les bons enfants’’, avertissent-ils. Dans tous les cas, la date butoire du 15 novembre a été adoptée par acclamation. Et selon M. Paul N. Kaboré délégué de personnel, "à l’approche de cette date la fièvre va monter’’.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
Sidibé PAG BELEGUEM


NB : Les "augmentations gouvernementales’’, dont il est question dans les recommandations se rapportent à deux augmentations de salaire décidées par l’Etat. Ces mesures à l’époque n’avaient pas pris en compte les travailleurs de l’ex-Air Afrique. Après des revendications, ils ont été finalement pris en compte. Les travailleurs exigent donc qu’on leur fasse un rappel sur toute la période pendant laquelle ils n’ont pas bénéficié des deux mesures d’augmentation de salaire.

Sidwaya du 24/10/2003

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