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VENTE ILLICITE DE CARBURANT A OUAGA : Plus de 2 237 litres saisis chez des vendeurs

Publié le vendredi 8 juin 2012 à 02h10min

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Le ministère du Commerce a procédé, hier 7 juin 2012 à Ouagadougou, au contrôle de la vente du carburant aux abords des routes. L’opération dite spéciale a été conduite par le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat (MICA) d’une part et par des éléments de la gendarmerie nationale d’autre part. Elle visait à mettre hors d’état de nuire les vendeurs de carburants indélicats et à sensibiliser les populations sur la dangerosité des produits frauduleux vendus. A l’issue de cette opération, ce sont plus de 2 237 litres de carburant qui ont été saisis et 16 vendeurs interpellés, avec une valeur estimée à environ 1 million 500 000 F CFA.

Cela fait des mois que la gendarmerie a commencé à conduire une enquête sur la vente du carburant hors des stations reconnues et aux abords des voies de la ville de Ouagadougou. L’investigation terminée, place aux interpellations des vendeurs indélicats. Le ministère n’a pas lésiné sur les moyens pour mettre fin à cette pratique. Ainsi, en plus des 5 personnes de la coordination de l’opération, il y avait 90 éléments d’appui et d’intervention de la gendarmerie nationale, 15 personnes de la Police judiciaire et 10 agents de renseignement. Ce sont au total 120 éléments qui composaient l’équipe d’opération.

Il est 5 heures du matin ce jour 7 juin 2012. Ablassé Kabré dans les bras de Morphée, ne s’imaginait pas que des agents de la gendarmerie étaient à sa porte. Surpris dans son sommeil, médusé, il n’avait que ses yeux à frotter. « Ce sont des gens qui viennent nous livrer le carburant, ils viennent de Pô », a déclaré Ablassé Kabré. Ce dernier ajoute qu’il a commencé son activité il y a environ trois mois. Il évolue dans la vente en gros de carburant dans le quartier Patte d’Oie. Tout comme Ablassé Kabré, ils sont nombreux les vendeurs de carburant aux abords des routes de la capitale Ouagadougou. Après l’étape de la Patte d’Oie, cap a ensuite été mis sur le quartier Pissy.

Si Ablassé Kabré reçoit son carburant de Pô, certains affirment s’approvisionner dans des stations régulières pour revendre. Pissy, c’est là que la densité est forte sur les six axes importants de vente détectés, a souligné Charles Eugène Nabolé, conseiller technique du ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat. « Sur une distance de 500 mètres, on peut dénombrer une vingtaine de détaillants », précise Charles Eugène Nabolé. Cela a été vérifié car les stations de fortune sont légion. Dans le même quartier et sur la N°1, Halidou Kabré n’a pas plus de 14 ans. Il vient de se réveiller et de toute évidence est le vendeur de la station « TOTAL ». Dans cette station, des pompes sont installées mais en réalité, aucune ne fonctionne, elles sont fictives. Yssouf Ouédraogo, lui, vendait sur des étagères, visiblement neuves.

Il a commencé son activité il y a à peine un mois. A la question de savoir s’il était informé de l’interdiction de la vente, il répond : « oui, je le sais, mais nous cherchons notre pitance ». Les stocks sont emportés sans hésiter. Il en a été de même pour la plupart des vendeurs. Des bidons, des bouteilles, des barriques, tout ce qui contenait du carburant est chargé et emporté au siège de la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (SONABHY).

Au total, il a été saisi plus de 2 237 litres de carburant dont la valeur est estimée à environ 1 million 500 000 F CFA. Au siège de la SONABHY, et à en croire Charles Eugène Nabolé, des contrôles seront effectués sur le carburant saisi et la SONABHY disposera désormais desdits stocks, mais « vous n’imaginez pas que nous allons retourner ces stocks aux fraudeurs », a aussi confié le conseiller technique du MICA.

L’inspecteur général des Affaires économiques, Hamidou Barry a souligné que les personnes interpellées sont des présumés fraudeurs et seront traitées comme tels et selon les dispositions d’une ZATU en révision, les arrêtés conjoints et la loi 94/15 sur la concurrence. S’ils sont reconnus coupables, ils encourent jusqu’à des peines privatives de liberté. Mais si cette activité se poursuit et demeure florissante, la responsabilité est collective. Le chef d’escadron, Kanou Coulibaly, commandant du groupement mobile de Ouagadougou, à l’issue de l’opération s’est dit satisfait des résultats atteints et cela pourrait constituer un coup de sensibilisation et décourager ceux qui voudraient s’engager dans une telle activité.

Yssouf Ouédraogo, comment je suis devenu vendeur de carburant ?

« J’ai commencé cette activité, il n’y a pas un mois. Un jour, j’étais assis et quelqu’un passait et m’a demandé ce que je faisais comme travail. Je lui ai répondu que je ne faisais rien comme travail. Puis il me demande ce que je souhaite faire. Je lui ai dit que mon souhait est de vendre du carburant mais je n’ai pas d’argent pour le faire. Il m’a proposé de l’argent, 30 000 F CFA, pour commencer la vente du carburant. Il m’arrive de vendre par jour 20 litres d’essence. J’y gagne modestement. Nous savons que c’est interdit mais il n’y a rien d’autre à faire ; nous y cherchons notre pitance. Il faudra que les autorités sachent que nous n’avons rien, nous sommes pauvres. Ils pourront nous dire de changer d’activité car une telle activité est proscrite. A ce moment, nous leur dirons merci. »

Aimé NABALOUM

Le Pays

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