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Que faire de la SONABHY ?

Publié le lundi 14 mai 2012 à 02h04min

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Depuis l’augmentation du prix du carburant à la pompe, la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) se retrouve aux devants des préoccupations et de critiques diverses mais convergentes. L’Organisation des consommateurs du Burkina (OCB) à travers son président s’était exprimé aux premières heures de la mise en œuvre de la décision gouvernementale portant hausse des prix du carburant dans la presse en expliquant entre autres : « Ce que nous ne comprenons pas non plus, c’est comment des institutions comme la Banque mondiale ne réagissent pas contre l’existence de la situation de monopole de la SONABHY alors qu’elles ont prôné la libéralisation des secteurs économiques du Burkina à un moment donné à travers le programme de privatisation.

Aujourd’hui comme dans le passé, l’OCB est et a été de ceux qui pensent qu’il faut privatiser dans les meilleurs délais la SONABHY et libéraliser le secteur des hydrocarbures afin que le jeu de la libre concurrence détermine les prix. Nous nous sommes toujours érigés contre les situations de monopole et nous avons pris position en faveur de la libéralisation des secteurs de l’électricité, de l’eau, des hydrocarbures ».

Il en a été de même pour la Ligue des consommateurs qui a proposé « un audit du fonctionnement et de gestion de la SONABHY, afin de prendre des mesures courageuses, pour assainir ce secteur. Au besoin, restructurer cette société sous forme d’une centrale à l’image de la CAMEG ; Un assainissement du sous- secteur économique des hydrocarbures et mieux organiser les acteurs intervenant dans le domaine afin de régler les conflits d’intérêt ».

Cette proposition a été soutenue par le Chef de file de l’Opposition, Me Bénéwendé Sankara : « (…) nous soutenons la demande d’audit de la SONABHY faite par la Ligue des consommateurs burkinabè et exigeons que les aspects de la gestion antérieure épinglés par la Cour des comptes soient clarifiés et des dispositions concertées mises en place pour une gestion désormais transparente de cette société à caractère stratégique pour notre pays ».

A tort ou à raison, la nationale des hydrocarbures se trouve être accusée de gestion opâque, une caverne d’Ali Baba pour les richissimes et les hommes politiques du Burkina Faso. Il se dit également que pour prendre la mesure des connexions qui existent entre les milieux politiques et économico-affairistes au Burkina, il suffit de faire un tour à la SONABHY. Les accusations sont assez graves et pour cette raison, les responsables en charge de cette structure devraient faire siens, les reflex de communication vraie et du rendre compte, ne serait-ce que pour tenter de rassurer les citoyens. Ou du moins, tenter de dédramatiser le manque de transparence et l’opâcité qui sont dénoncés. Malheureusement.

On a l’impression que contrairement à certaines sociétés d’Etat, la SONABHY actuelle, s’est retranchée dans ses quatre murs et dans ses bureaux climatisés pour écouter toutes les récriminations contre-elle sans y apporter une réponse. Pour exemple, ce que le citoyen lambda sait de la SONABHY, c’est qu’elle est en grande difficultés financières et que les moments de bonheur semblent désormais loin. Il imagine aussi que la SONABHY rime avec corruption, gros salaires, deals, entre grands de ce pays. L’un dans l’autre, se taire aussi signifie communiquer. Mais le silence communiquant de la détentrice du monopole des hydrocarbures donnent raison à ceux qui pensent autrement. C’est la loi du vide.

Finalement, il y a une question fondamentale à laquelle le Burkina Faso doit répondre : que faire de la SONABHY dont le rôle et la place dans le secteur des hydrocarbures sont contestés ? A cette interrogation légitime, aucune information n’est à présent disponible, mais ce qui est certain, la structure va et doit évoluer. On apprend dans certains milieux que des négociations seraient en cours avec quelques partenaires pour une reprise de la SONABHY. On attend d’apprécier l’issue de ces négociations. Ce qui est évident, l’Etat doit mettre les bouchées doubles car la question des hydrocarbures et partant, celle de la SONABHY touche d’une certaine manière à la souveraineté nationale. La situation actuelle de la structure pourrait s’expliquer par le fait qu’au fil des années, on a oublié que la SONABHY est un patrimoine stratégique national mais qui s’est laissée accaparée par les milieux d’affaires et politiques, au sens plénier des termes.

Par Bendré

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