PARLEMENT IVOIRIEN : Soro, évidemment !
Il n’y a pas eu de suspense. Guillaume Soro, comme nous le pressentions, est le nouveau président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. A l’unanimité, le seul candidat au perchoir a été adoubé par ses pairs le 12 mars à Yamoussoukro. C’est la dernière institution à être régularisée, si on peut le dire ainsi. Puisque depuis son élection à la présidence de la République, le président Alassane Dramane Ouattara ne dirigeait que par ordonnance, ayant mis volontairement sous l’éteignoir la législature héritée de son prédécesseur, Laurent Gbagbo. La nouvelle Côte d’Ivoire est en marche désormais, avec comme numéro deux, l’ancien Premier ministre, Guillaume Soro. Celui qui, un jour de 2002, à la tête d’hommes armés, décida de chasser Laurent Gbagbo du pouvoir, vient définitivement de troquer sa tunique de chef rebelle contre celui de deuxième personnage de l’Etat.
Une ascension incroyable à seulement à peine quarante ans. Est-ce un accomplissement pour cet ancien leader de la FESCI, camarade de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé sous l’ère Houphouët et Bédié ? Tout porte à croire que ce jeune homme ou plutôt ce grand homme au destin hors du commun n’a pas encore fini de nous surprendre. Pendant les 10 longues années de la crise, il a été omniprésent et incontournable lors des négociations de paix. Son élection parachève d’une certaine façon le partage du pouvoir entre les Forces nouvelles qu’il incarne, malgré son statut de député RDR, le camp Bédié et le RDR de Alassane Dramane Ouattara. Une inquiétude cependant. Cet allié de poids ne deviendra-t–il pas encombrant si d’aventure, il venait à être dans la ligne de mire de la CPI ?
Celle-ci vient d’élargir son champ d’investigation des crimes de guerre et crimes contre l’humanité à la période 2002. Et en tant que chef des rebelles et patron des forces nouvelles, les détracteurs de Soro espèrent bien le voir épinglé. Ce scénario est–il seulement possible d’autant que l’homme aura la confiance du président et sera d’une certaine façon sous son aile ? En attendant, l’homme doit savourer au fond de lui cette victoire personnelle qui lui ouvre les portes d’une carrière politique qui pourrait le mener loin... vers la présidence. C’est une question de temps. A lui de savoir naviguer en évitant les peaux de banane et autres coups bas qui ne vont pas manquer de surgir.
AT
Le Pays