« Le Pays » : Le week-end passé, certaines stations d’essence étaient en rupture de carburant notamment le super 91. Qu’est-ce qui a expliqué cette situation ?

Simandé Ouédraogo : Je crois que notre Directeur général est passé sur les ondes d’Etat pour expliquer ce qui a pu provoquer cette rupture. Néanmoins, ce que je puis vous dire, c’est que depuis un ou deux mois, le prix du super 91 a connu une hausse sur le plan international. Dans la sous-région nous sommes pratiquement les moins chers si bien qu’il y a des pays voisins qui viennent s’approvisionner à notre niveau. Alors que vous êtes sans ignorer que la plupart de nos produits pétroliers sont subventionnés par l’Etat. Et si nous continuions de laisser les autres s’approvisionner chez nous, c’est comme si le pays subventionnait pour d’autres pays. Depuis août 2010, le prix fixé n’a pas varié. Je peux vous dire que sur chaque litre de super vendu, nous perdons au moins 125 F CFA et sur chaque litre de gasoil vendu nous perdons 150 F CFA. On est arrivé à un moment où il est difficile pour la SONABHY de gérer cette situation.

Cela est l’une des explications de cette rupture constatée mais ce n’est pas la seule cause. Il y a aussi le fait que nous avons eu quelques problèmes avec la logistique, car la SONABHY ne dispose pas de camions citernes pour transporter nos produits pétroliers. Elle loue donc les camions citernes des privés. Mais ces derniers ont trouvé à un moment donné qu’ils faisaient beaucoup de coulage du super et qu’ils n’étaient plus à mesure de transporter le super 91. Mais nous avons trouvé des solutions par rapport à cela. De nos jours, la situation est en train de se normaliser puisque les camions ont repris le transport du super. Le troisième problème qui pourrait expliquer cette rupture spontanée, ce sont nos fournisseurs qui n’ont pas pu honorer leur engagement surtout au niveau du super 91, ce qui explique la situation que nous avons rencontrée.

La situation est en train de se régulariser ; pour preuve, les consommateurs ont dû le constater car depuis ce matin le ravitaillement en carburant se fait sans problème au niveau des stations d’essence. Depuis samedi et dimanche derniers, le dépôt est resté ouvert pour pouvoir charger les camions qui étaient venus pour se ravitailler en carburant surtout en super. Ce matin (ndlr : le 27 février 2012, jour de l’interview) nous avons reçu 24 camions citernes de super.

Pouvez-vous rassurer les consommateurs que le dépôt de Bingo dispose d’une quantité suffisante en carburant pour alimenter les différentes stations de la ville ?

Pour ma zone, à savoir le Centre, je peux rassurer les consommateurs de la capitale que nous pouvons ravitailler toutes les stations services.

Quelle est la quantité de stock disponible du super 91 à l’heure actuelle ?

Nous faisons sortir en moyenne 450 000 à 500 000 litres de super 91 par jour pour ce qui concerne le dépôt de Bingo. Mais pour les jours de pointe comme le lundi où nous chargeons pour au moins deux jours, compte tenu du fait que le week-end, la demande a été forte. Le vendredi est également un jour de pointe. Pour ces deux jours, nous sortons au minimum 1 000 000 de litres par jour pour ce qui concerne toujours le super 91. (ndlr : A titre de comparaison, le chef de mouvement du dépôt de Bingo, Jacques Conseibo, a mentionné que le vendredi 17 février 2012 ce sont 1 149 500 litres de super 91 qui sont sortis du dépôt. Quant à la date du 24 au 26 février 2012, ce sont 892 000 litres de super 91 qui sont sortis du dépôt de Bingo pour ravitailler le Centre).

La rupture observée le week-end dernier vous arrive-t-il souvent ?

C’est vrai qu’une rupture n’est jamais normale. Pour ce cas précis, je pense que c’est la rumeur qui a pris le pas. Moi j’étais en ville et j’ai vu les gens se ruer vers les stations d’essence pour s’approvisionner. C’est tout à fait normal en tant que consommateur surtout lorsqu’on entend ce genre de bruit courir. Mais là encore, cela peut engendrer d’autres problèmes, il y a un danger parce que les gens ne savent pas manipuler les produits pétroliers et s’exposent de cette façon à des problèmes d’insécurité. Le DG de la SONABHY, dans son message, a permis de circonscrire la rumeur qui était en train de se répandre. Toute chose qui a permis aux gens de ne pas stocker du carburant chez eux.

Certains consommateurs pensent que la SONABHY veut profiter de cette rupture pour augmenter le prix de l’essence

Moi, je ne peux pas le confirmer car ce n’est pas la SONABHY qui fixe le prix des hydrocarbures ; il y a une structure compétente pour cela. Du reste, cette structure est la seule à même d’augmenter ou de ne pas augmenter le prix de l’essence. Ce n’est pas parce qu’il y a eu cette fausse rumeur que les gens vont augmenter le prix du carburant.

Que fait la SONABHY pour minimiser au maximum les cas de rupture ?

Nous avons eu des problèmes avec quelques partenaires tels que les transporteurs, qui, du reste, ont trouvé solution. Je vous ai dit que le transport du carburant a repris sans problème. Nous avons du carburant qui est actuellement stocké au niveau de certains dépôts dans les pays côtiers. D’ici vendredi ou lundi prochain tout va totalement rentrer dans l’ordre. En venant ici, vous avez dû voir le nombre de camions stationnés (les camions venus du Togo et du Bénin) pour se ravitailler. Je veux dire à nos consommateurs que depuis un an, la Société ivoirienne de raffinage (SIR) traverse une période difficile. Laquelle situation perturbe par ricochet nos importations en carburant au niveau de ce dépôt.

Un dernier mot à l’endroit de vos consommateurs

Je rassure les consommateurs que la situation a été maîtrisée et que cette rupture constatée n’était qu’une rumeur. Je leur demande de ne pas s’affoler et je puis les rassurer que la situation est totalement maîtrisée. Il ne faut pas qu’ils paniquent car la SONABHY est là pour servir le peuple et nous allons effectivement honorer nos engagements vis-à-vis du peuple. S’il y a une situation pareille, je demande aux consommateurs d’aller à la source pour avoir l’information vraie et réelle.

Propos recueillis par Ambèternifa Crépin SOMDA

Le Pays