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Chronique du gouvernement : Produits de grande consommation : Le riz local objet de toutes les attentions

Publié le jeudi 6 octobre 2011 à 01h17min

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Au Burkina Faso comme dans de nombreux pays subsahariens, le riz est devenu l’un des produits de grande consommation dont la production et la commercialisation requièrent une attention particulière au lendemain de la crise alimentaire mondiale survenue au printemps 2007-2008. Le riz revêt donc un caractère stratégique du fait de l’accroissement de sa consommation liée principalement à l’augmentation de la population urbaine. De nos jours, la consommation annuelle du riz au Burkina Faso dépasse largement les 200 000 tonnes et s’accroît à un rythme d’environ 5,6% par an.

En dépit des efforts de réduction de la dépendance du pays vis-à-vis de l’extérieur à travers le développement de la production nationale, le marché national du riz est toujours largement couvert par les importations, soit un taux d’environ 70%. Il importe de rappeler, à ce niveau, que l’importation du riz reste libre au Burkina Faso même si cela n’est pas sans conséquences sur l’amélioration de la compétitivité du riz local sur le marché national.

Dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, le riz représente la céréale dont la consommation par habitant est l’une des plus élevée au monde. Les niveaux de ces consommations varient d’un pays à un autre. Par exemple, la consommation moyenne par personne a atteint 70 kg/an au Sénégal et au Mali et 90 kg/an en Guinée Conakry.

Une demande sans cesse croissante

Au Burkina Faso, la consommation moyenne de riz par habitant est de 50 kg/an à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso contre une moyenne nationale qui varie entre 10 et 15 kg/an. Cette demande connaît une croissance d’environ 5,6% en raison de la forte urbanisation, des changements dans les régimes alimentaires des populations malgré l’augmentation concomitante des céréales traditionnelles (sorgho, mil, maïs et fonio).

De nos jours, la production nationale contribue à couvrir environ 30% de la demande nationale en riz. La forte volonté politique et l’engouement des producteurs et des consommateurs, observés ces dernières années, sont une bonne occasion pour accroître la production du riz local et le rendre disponible de manière permanente sur le marché national. La production nationale du riz local évolue en dents de scie ces dix dernières années. Elle est estimée en moyenne à plus de 90 000 tonnes par an. Mais, jusqu’à présent les quantités produites restent largement en deçà des besoins du pays.
Le gap entre la production nationale de riz et la demande du pays est complété par les importations à hauteur de 70%. En moyenne, le Burkina consacre annuellement plus de 20 milliards de francs CFA pour importer environ 210 000 tonnes de riz.

En dehors de l’offre classique du riz, les importations d’aides alimentaires qui proviennent du don du Gouvernement japonais géré par la SONAGESS et de celui des Etats-Unis géré par Cathwel représentent en moyenne 5% de la demande.
Malgré les risques sur la production nationale, l’importation du riz est libre au Burkina Faso. Et cela depuis la libéralisation du commerce du riz dans notre pays en octobre 1996 et la suppression du monopole d’importation autrefois détenu par la Caisse Générale de Péréquation (CGP).

Toutefois, en plus du respect des dispositifs douaniers, certaines conditions s’imposent à tout importateur de riz. En effet, outre l’exigence de la disposition d’une carte professionnelle d’importateur de riz, tout importateur devra être capable d’importer au minimum 1000 tonnes conformément à l’avis n°99-008 du Ministre chargé du commerce en date du 9 juin 1999. Il devra également disposer d’un magasin de stockage respectant les normes sanitaires et phytosanitaires et accepter de se soumettre aux procédures légales de la délivrance d’un certificat de conformité et de Déclaration Préalables d’Importations (DPI). En rappel, l’arrêté N°98-021/MICA/AGRI/MEF du 13 mars 1998 qui fixe les normes de qualité du riz destiné à la consommation accorde une attention particulière aux conditions d’emballage et d’étiquetage et aux caractéristiques du riz.

La Direction Générale de la Qualité et de la Métrologie, le Département de Technologie Alimentaire de l’IRSAT/CNRST et le Laboratoire National de Santé Publique (LNSP) sont chargées chacun selon ses prérogatives et ses compétences du contrôle, de l’analyse et de l’information du consommateur sur la qualité du riz destiné à la consommation.
Depuis octobre 1996, la CGP a accompagné de nombreux opérateurs économiques dans l’importation du riz jusqu’à sa liquidation en 2002. Le nombre d’importateurs est progressivement passé de cinq (05) en 1997 à plus d’une trentaine actuellement.

Ces importateurs qui sont à la fois des grossistes, installés dans les grandes villes comme Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, approvisionnement le marché burkinabè par l’intermédiaire de demi-grossistes établis dans les centres urbains et semi-urbains. Généralement, le riz est vendu au comptant aux demi-grossistes. Cependant, un crédit dont la durée n’excède pas deux semaines peut lui être accordé. La fidélité entre importateurs et demi-grossistes confère, certes, une solidité du circuit de distribution, mais elle est favorable à des ententes au détriment du libre jeu de la concurrence.

Quant aux détaillants, ils vendent directement aux consommateurs le riz acheté auprès des demi-grossistes. En ce qui concerne le riz local, peu de grossistes ou demi-grossistes s’intéressent à sa commercialisation dans la mesure où ces derniers soutiennent tirer plus de profit avec la vente du riz importé. Aussi, la disponibilité irrégulière et les difficultés d’écoulement sont des raisons fondamentales qui font que les commerçants hésitent à distribuer le riz local sur le marché. Cependant, dans le cadre de la mise en œuvre de la mesure de baisse de prix des produits de grande consommation en mai dernier, la Société Nationale de Gestion des Stocks de Sécurité alimentaire (SONAGESS) joue de plus en plus un rôle crucial dans la vente du riz local.
Les demi-grossistes réalisent des marges bénéficiaires comprises entre 5000 F CFA et 10 000 FCFA par tonne alors que les détaillants gagnent entre 15 000 F CFA et 20 000 F CFA sur la même quantité.

Des prix selon les gammes de riz

Les prix du riz vendu au Burkina Faso varient en fonction de la gamme de variétés. Actuellement, sur la plupart des marchés de Ouagadougou, le riz ordinaire (bas de gamme ou 25% brisure) coûte 18 000 francs CFA. Le sac de 50 kg du riz de moyenne qualité (milieu qualité ou 15 à 20% brisure) coûte 19 500 francs CFA. Quant au riz de qualité supérieure (haut de gamme ou 5 à 10% brisure), il est vendu entre 19 500 et 20 000 francs CFA le sac de 50 kg au consommateur et 4 000 francs CFA pour le riz de luxe (paquets de 5 kg) moins de 5% brisure. Le riz local est quant à lui vendu à 15 000 francs CFA le sac de 50 kg et 7 500 francs le sac de 25 kg. Les prix dans les autres localités sont fonction du coût de transport.

Avant la libéralisation du commerce du riz, l’évolution des prix était régulée par les stocks détenus par la CGP. Mais, depuis la libéralisation, les prix augmentent régulièrement du fait de la répercussion des incidences des hausses des prix sur les marchés internationaux et aussi des spéculations auxquelles s’adonnent des opérateurs économiques véreux. La moindre baisse ou rupture de stocks de riz sur le marché entraîne automatiquement une augmentation des prix. Par ailleurs, les mesures de baisse des prix des produits de grande consommation comme le riz prises par le gouvernement sont difficilement suivies par les opérateurs économiques.

Compte tenu des difficultés sus mentionnées, l’Etat a décidé lors du Conseil des Ministre du 03 août 2011 de règlementer les prix de certains produits de grande consommation, y compris le riz et de mettre en œuvre une stratégie d’approvisionnement régulier du marché national.

Le riz est l’une des céréales les plus consommées au Burkina Faso. L’accroissement de la population urbaine est l’une des raisons majeures de l’augmentation de la consommation nationale en riz. Du côté de l’offre, les importations contribuent à couvrir 70% des besoins tandis que la part du riz local est en train de s’améliorer progressivement en dépit des contraintes de production et de commercialisation.

Au regard du contexte actuellement favorable à la consommation du riz local, le Gouvernement va redoubler d’efforts pour accroître la production et la commercialisation du riz local à travers la mise en place d’un système de financement adapté, le renforcement des capacités des acteurs et la promotion des normes de qualité.

Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat

L’Observateur Paalga

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