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MUGABE ET L’OCCIDENT : La guerre permanente

Publié le mardi 4 octobre 2011 à 03h22min

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Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a l’intention d’attaquer l’Union européenne en justice afin de remettre en cause les sanctions dont lui et ses proches font l’objet depuis 2002. Cette information révélée par un journal local et reprise par Radio France internationale n’a pas encore été démentie par Hararé. Mais la volonté de Mugabe de desserrer cet étau qui commence à l’empêcher de gouverner convenablement depuis 2002 est réelle. Le vieux Bob essuie le courroux des Occidentaux notamment celui de la Grande Bretagne et des Etats-Unis depuis qu’il met en œuvre une politique de redistribution des terres au profit des paysans zimbabwéens.

C’est une démarche qui avait été jugée populiste et électoraliste et dont la mise en œuvre avait fait vaciller l’unité nationale. Le dossier du vieux Bob a été compliqué par l’organisation d’une élection chaotique qui l’a reconduit au pouvoir. Les déboires qu’il a fait subir à son opposant historique Morgan Tsvangirai et la répression qui a suivi ont fini de convaincre certaines chancelleries sur la personnalité de Robert Mugabe : ce grand nationaliste, héros de la libération du pays, se tyrannise et veut s’éterniser au pouvoir.

En répression, l’Union européenne a pris une batterie de mesures contre le pouvoir de Hararé (interdiction de voyage et gel des avoirs des dignitaires du régime et embargo sur les armes) allégées ou durcies au gré de l’évolution de la situation dans ce pays. Si au début, Mugabe s’est bien moqué des sanctions européennes parce que bénéficiant du soutien de la plupart des pays africains, il semble avoir changé le fusil d’épaule en s’engageant dans un bras de fer juridique. La question est de savoir si son opposition partage la même position que lui sur ce dossier.

Cela dit, le fait d’attaquer juridiquement l’attitude de l’Union européenne ouvre une nouvelle perspective dans le traitement des dossiers des sanctions à l’encontre de certains régimes. Nonobstant cette action en justice, Hararé ne gagnerait-il pas à entrer en négociation avec l’Union européenne en donnant des gages sur la transparence des prochaines élections ? Et surtout en annonçant le retrait de Mugabe de la scène, vu son âge ? En rejetant, par avance, la participation des observateurs de l’Union européenne, il jette, une fois de plus, le voile sur ses intentions. Officiellement, les sanctions ont été motivées par son comportement anti-démocratique. Même si depuis, il a été contraint de faire ménage avec son opposant de Premier ministre qu’il a toujours suspecté de rouler pour l’impérialisme.

Mugabe est un vieux crocodile qui ne dort que d’un œil. Cet ancien combattant de la liberté ne veut pas voir de son vivant, l’héritage de 30 ans de combat passé entre des mains ennemies. Et c’est de là que viennent tous les malheurs du Zimbabwe : un père de la nation qui ne songe pas encore à passer la main à ses héritiers et qui voit l’ennemi partout, chaque fois qu’une opinion contraire se fait entendre. Le combattant nationaliste voit progressivement son capital de sympathie s’effriter.

L’image du nationaliste fait peu à peu place à celle d’un homme assoiffé de pouvoir. De ce côté, la guerre permanente qu’il mène contre les Occidentaux est sans issue pour lui. Son départ semble être un objectif pour ses adversaires. A lui de savoir sauver les meubles dans l’intérêt de son pays, s’il ne veut pas être surpris un jour comme Kadhafi, Ben Ali ou Moubarak qui n’ont pas été moins méritants que lui dans l’œuvre de construction nationale.

Abdoulaye TAO

Le Pays

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