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Autant le dire… : Karim ou la rançon d’être le fils d’Abdoulaye

Publié le jeudi 7 juillet 2011 à 01h37min

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Le fils du chef de l’Etat sénégalais, Karim Wade se défend à travers une déclaration publiée dans plusieurs journaux et sur des antennes de télévisions ou de radios internationales. A le lire, Karim pense qu’il est tout simplement la cible d’une opposition sénégalaise et d’une partie de son peuple qui le connaissent mal. Karim se défend également de vouloir remplacer son père à la tête de l’Etat du Sénégal. Autant que son père, ils sont tous contre une quelconque « dévolution monarchique du pouvoir ». C’est le peuple qui donne le pouvoir à travers les urnes. S’est défendu le fils du chef de l’Etat sénégalais.

On peut lui accorder le bénéfice du doute et de la présomption d’innocence comme il le réclame lui-même. Mais à l’analyse, on peut tout de suite dire que le fils du président sénégalais est la « victime légitime », tout simplement parce qu’il est le fils de son père. A ce titre, il n’y peut rien. C’est la rançon d’être le fils d’un président qui est véritablement en fin de règne et qui doit céder le pouvoir. Mais qui, malheureusement ne semble pas avoir compris le message d’une partie des Sénégalais. S’il le veut, Karim Wade peut se renseigner auprès d’un certain François Compaoré. Quand bien même il n’est pas le fils du président burkinabé, on l’a accusé et le soupçonne de vouloir hériter du pouvoir de son frère.

Depuis, toutes ses apparitions, ses déclarations politiques ou non, ses prises de positions, son soutien à un tel ou à un autre, sont immédiatement analysés et mis ensemble pour justifier son désir de remplacer son frère au pouvoir quand celui-ci partira.
Si les Sénégalais sont si méfiants et parfois « méchants » à l’endroit de Karim Wade, c’est aussi parce que des présidents par le passé, au soir de leur départ du pouvoir, ont tout fait pour que leur enfant les remplace. Au Togo, Gnassingbé Eyadema a tout simplement préparé son fils Faure du même nom à sa succession. L’opposition togolaise n’y a rien pu. Aujourd’hui, il est le chef de l’Etat élu du Togo. Pour combien de temps ?

Au Gabon, Omar Bongo n’a pas fait autre chose que de préparer son fils à sa succession. A travers des élections dont l’issue était déjà connue. Les multiples candidatures et recours qui ont été faits après les élections n’y ont rien pu.

Bongo fils est bel et bien au pouvoir. Où il veille sur les avoirs et le patrimoine de son père et de la famille Bongo. Avant ces deux cas, en République démocratique du Congo, Laurent Désiré Kabila a tout simplement succédé à son père. Après sa mort suite à un « coup d’Etat de palais ». Depuis, il règne sur la RDC et ne semble pas prêt à abandonner le pouvoir.

Ailleurs dans le monde, cela ne poserait pas de problème que dans des conditions normales, un fils, un frère ou un neveu hérite de son père, de son frère ou de son oncle. Car, à l’analyse, ils ont les mêmes droits que tout autre citoyen. Ils ont donc le droit de se présenter à des élections, communales, législatives et présidentielles et de les remporter. C’est un droit reconnu par toutes les Constitutions.

En tout cas à notre connaissance aucune Constitution au monde n’interdit aux membres de la famille d’un président de se présenter à une quelconque élection. Malheureusement, c’est l’usage qui pose très souvent problème. C’est une tradition française dont nous avons hérité. Le fils de François Mitterrand n’a pas réussi à se maintenir au sein de la classe politique française quand bien même il a travaillé auprès de son père. Nicolas Sarkozy qui a tenté entre temps de mettre son fils Jean Sarkozy en scelle a essuyé tous les coups. Il a préféré le protéger. Le fils de Mobutu a tenté en vain de revenir sur la scène politique dans son pays. Sans doute parce qu’il est le fils de Mobutu. Simone Gbagbo, la femme de Laurent Gbagbo a été pestiférée en Côte d’Ivoire à cause de son implication dans la vie politique auprès de son mari.

A contrario, aux Etats-Unis, Georges Fils est passé à la Maison Blanche après son père. Et il n’y a rien eu. Il s’y est même payé deux mandats successifs. La famille Kennedy est restée jusqu’aujourd’hui célèbre aux Etats-Unis parce que leur frère est passé à la Maison Blanche. Même s’il a été assassiné. Hilary Clinton, la femme de Bill Clinton s’est présentée aux primaires démocrates pour briguer la Maison Blanche. Il n’y a rien eu.
Si donc Karim Wade veut avoir la vie tranquille, s’il reste tranquille dans son petit coin. Malheureusement, ce n’est pas une obligation.

Dabaoué Audrianne KANI

L’Express du Faso

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