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Gouvernement, opérateurs économiques, BCEAO : Un dialogue de sourds autour de la démonétisation

Publié le mercredi 29 septembre 2004 à 06h28min

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Le ministre de l’Economie et du Développement, Seydou Bouda, remplaçant son homologue des Finances et du Budget, a dirigé une rencontre entre le gouvernement et les opérateurs économiques le 27 septembre 2004.

Il s’agissait pour les autorités de s’enquérir de l’ampleur des difficultés rencontrées par les hommes d’affaires dans les transactions économiques depuis le début du retrait des billets de la gamme 92 et de donner la parole à la BCEAO pour des explications.

Dans son mot introductif, le ministre de l’Economie et du Développement a indiqué que cette réunion fait suite aux difficultés nées des opérations de retrait de certains billets, initié par la BCEAO.

Ces opérations, a-t-il dit, ont plongé toute la population burkinabè, les opérateurs économiques en particulier, dans de profondes inquiétudes. "C’est compte tenu de la sensibilité et de l’urgence de la question que le chef du gouvernement a mandaté trois ministres, celui du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Benoît Ouattara, de la Santé, Alain Yoda, et moi-même", a ajouté Seydou Bouda.

Ces échanges permettront au gouvernement de mesurer l’ampleur du problème afin d’ouvrir des perspectives de résolutions, le plus tôt possible.

Prenant la parole au nom des opérateurs économiques, le vice-président de la Chambre du commerce, d’industrie et d’artisanat, Lassina Diawara, a remercié le gouvernement pour l’intérêt accordé au sujet. Il a ensuite relaté les difficultés qu’ils rencontrent depuis le 16 septembre et a demandé à ce qu’une solution immédiate soit trouvée.

On note entre autres les difficultés de versements qu’ont les hommes d’affaires auprès de leurs banques ; le problème de transfert, qui limite les capacités d’importations des produits, même ceux de première nécessité ; il a enfin noté que ces obstacles rendent douteux leur métier et n’offrent plus de garantie ; certains parlent de "prise en otage du métier". D’autres opérateurs ont évoqué des problèmes spécifiques tels l’exigence d’être à jour de certains frais douaniers, de certaines factures, la suspension des charges et les transferts dans certaines banques.

Des explications jugées insatisfaisantes

Les tentatives d’explication du représentant de la BCEAO, Thiémoko Diara, ont laissé les acteurs concernés sur leur soif. En fait, ceux-ci s’attendaient à ce que la BCEAO tire au clair le communiqué demandant l’acceptation des billets rejetés par les commerçants sur la base de numéros qu’ils détiennent. M. Diara s’est plutôt appesanti sur une justification des opérations de démonétisation qui, de son avis, relèvent de la réglementation des changes de l’UMOA.

Il a aussi noté que ce n’est pas tous les billets de série A qui sont visés par l’opération, mais une catégorie bien précise. Et le fait de demander à certaines personnes de justifier la détention de certains billets permet selon lui de remonter jusqu’à la source.

Bref, les explications données par M. Diara fait dire à certains hommes d’affaires que le communiqué est sans objet ou vise à cacher de mauvaises intentions.

Les réactions bruyantes des opérateurs économiques ont amené le ministre Seydou Bouda à mettre fin à la réunion. Tous les membres du gouvernement ont aussi reconnu que cette situation n’est pas favorable à l’économie du pays, même si la BCEAO prétend avoir conscience du problème.

Ils ont promis de rendre compte au gouvernement afin d’examiner avec sérieux les préoccupations des uns et des autres et de convoquer une autre réunion dans les jours à venir si cela était nécessaire.

Pour les hommes d’affaires, il n’est pas question qu’un billet soit rejeté puisqu’ils pratiquent leurs transactions dans la transparence et la légalité. A la BCEAO de résoudre son problème de vol de billets à Bouaké sans porter préjudice aux innocents, ont-ils laissé entendre.

Le ministre Bouda a pour sa part demandé aux uns et aux autres de rester calmes jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. C’est dire que la rencontre s’est terminée en queue de poisson. Cependant, on peut dire que les membres du gouvernement ont pris bonne note et que des actions vigoureuses seront menées pour éviter la catastrophe.

A. Galip Somé
Sidwaya

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