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Économies africaines : L’urgence de la diversité

Publié le mercredi 11 mai 2011 à 03h58min

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Cheick Sidi Diarra, Secrétaire général adjoint de l’ONU

Trop souvent dépendantes de quelques produits d’exportation, les économies africaines doivent absolument diversifier leurs économies. Tel est le message central d’un rapport conjoint des Nations Unies, de l’OCDE et du Nepad. Pour Afrique Renouveau, David Mehdi Hamam et Juliet Wasswa-Mugambwa en relèvent les points essentiels.

La croissance économique de l’Afrique, rapide et stable depuis 2000, a bien résisté à la crise financière et économique mondiale. Cependant la crise a brutalement rappelé la dépendance du continent vis-à-vis de l’exportation de ses richesses naturelles et de ses matières premières. Le ralentissement de la demande et la baisse des cours du pétrole et des minerais ont largement contribué à la diminution du taux de croissance du continent d’environ quatre dixièmes de points entre 2008 et 2009. Cette dépendance excessive vis-à-vis de quelques matières premières et d’à peine une ou deux industries démontre la nécessité d’une plus grande diversification des économies du continent.

Publiée conjointement en octobre 2010 par le Bureau du Conseiller Afrique de l’ONU, l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) des pays industrialisés et le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), programme de l’Union africaine (UA)*, une nouvelle étude – Economic Diversification in Africa : A Review of Selected Countries, examine les meilleurs stratégies pour la diversification économique du continent. C’est la première étude du genre, entreprise conjointement par les trois organismes, afin d’informer en temps réels les responsables des plans de développement et les décideurs politiques du continent.
Lors du lancement du rapport, le Secrétaire général adjoint de l’ONU et Conseiller spécial pour l’Afrique, Cheick Sidi Diarra a affirmé que la réalisation d’une plus grande diversité économique permettrait de multiplier le nombre d’activités dont dépend l’économie, réduisant ainsi la vulnérabilité des pays aux chocs extérieurs.
Pour illustrer les facteurs qui encouragent ou freinent la diversification, le rapport porte sur cinq études de cas. L’Afrique du Sud a adopté un plan d’orientation industrielle pour favoriser la croissance de secteurs d’activité comme l’agro-alimentaire, les plastiques, les produits chimiques et pharmaceutiques, la confection, les textiles et le tourisme. Le Kenya s’est inspiré de ses réalisations pour développer son horticulture, et prévoit d’investir lourdement dans l’infrastructure en vue de faire du pays la plaque tournante commerciale de l’Afrique de l’Est. Les efforts de diversification industrielle de la Tunisie ont porté sur quatre secteurs d’activité : les pièces aéronautiques et automobiles, la technologie de l’information et de la communication, les textiles et l’agro-alimentaire.

À l’opposée, l’Angola et le Bénin se heurtent à de sérieux obstacles. L’Angola n’a émergé que récemment de dizaines d’années de conflit, sa croissance dépend excessivement des ressources minérales et ses efforts de diversification n’ont porté jusqu’à présent que sur la modernisation des infrastructures. L’économie du Bénin, quant à elle, dépend beaucoup trop de l’agriculture, malgré un climat politique favorable et des pratiques de bonne gouvernance susceptibles d’accélérer le développement du secteur privé et d’accroître les investissements dans d’autres secteurs.

“Moteurs” de diversification

L’étude a désigné six principaux “moteurs” de diversification : les gouvernements doivent établir un climat propice aux affaires, notamment un cadre réglementaire porteur, des mesures incitatives pour le commerce international et une aide aux pôles économiques qui participent à la diversification. Le secteur privé de l’Afrique a besoin de l’aide publique pour saisir les opportunités, stimuler l’innovation et élargir son registre. La participation plus active des industries locales dans les activités de traitement des ressources naturelles est de nature à stimuler la diversification, et les recettes minières peuvent financer d’autres secteurs d’activité. Afin de surmonter l’inconvénient de la taille modeste des marchés nationaux, l’intégration régionale est indispensable, permettant notamment d’abaisser les obstacles qui freinent les échanges régionaux et d’investir dans l’infrastructure régionale. Les capacités institutionnelles et les ressources humaines doivent être développées. L’intensification de la coopération internationale permettrait aux partenaires traditionnels et émergeants de développer des marchés pour les produits africains par le biais de traités commerciaux favorables et d’investissements dans l’infrastructure économique de l’Afrique.

Par David Mehdi Hamam et Juliet Wasswa-Mugambwa

Credit : UN Photo/John McIlwaine

Cheick Sidi Diarra, Secrétaire général adjoint de l’ONU

Cheick Sidi Diarra, UN Special Adviser on Africa and High Representative for the Least Developed Countries (LDCs), Landlocked Developing Countries and Small Island Developing States, holds a press conference on developments in these countries ahead of a week-long LDCs meeting at UN Headquarters.

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