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Moussa Dadis Camara : Un état de ni vie ni mort

Publié le jeudi 7 janvier 2010 à 00h51min

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Un mois après avoir commis son forfait, le lieutenant Toumba Diakité est toujours dans la toundra. Disparu ! Volatilisé ! S’il avait consenti à sortir de son silence en accordant une interview à Radio France internationale (RFI) le 16 décembre 2009, il n’est visiblement pas encore prêt à sortir du bois, au sens propre du terme.

Et comme les autorités guinéennes ne semblent pas particulièrement pressées de l’avoir, elles ne risquent pas de retrouver ce qu’elles ne cherchent pas. Pendant ce temps, la victime de Toumba, qui a reçu, le 3 décembre 2009, deux balles à la tête, est toujours alitée à Rabat où elle avait été transportée d’urgence dans un état de ni vie ni mort, qui déteint forcément sur la situation guinéenne, laquelle était déjà bien compliquée.

Certes, tout ce qui touche à la santé relève de la vie privée et même du secret d’Etat, s’agissant des présidents. Mais dans le cas d’espèce, consécutif à un attentat, ça commence à devenir insupportable. On ne peut donc que comprendre la légitime colère des syndicats guinéens qui menacent de débrailler s’ils n’ont pas d’informations précises sur la santé de Dadis Camara.

Car le général Sékouba Konaté, intérimaire depuis le 4 décembre, a beau multiplier les allées et venues entre Conakry et la capitale chérifienne, rien ne filtre véritablement du sujet. C’est tout juste si on attribue au Tigre ces propos aux premières heures de son arrivée à Rabat, selon lesquels « Dadis n’était pas conscient de ce qui se passait dans son entourage » et qu’« on ne peut rien tirer de lui ». Ce que le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) avait formellement démenti alors, sans parvenir pour autant à rassurer qui que ce soit.

Car à supposer même que Dadis échappe à l’attentat dont il a été victime, jouira-t-il encore de toutes ses facultés physiques, intellectuelles et mentales pour assumer la charge qui était la sienne, conduire la transition à bon port ? Telle est la question que tout le monde se pose aujourd’hui. Le plus grave est que l’intérimaire ne se décide pas à entrer dans la peau d’un vrai Tigre, pardon, d’un vrai président, puisqu’il louvoie depuis, comme pour attester le retour imminent du grabataire de Rabat.

Que les premiers jours qui ont suivi le coup de sang de Toumba il n’ait pas voulu communiquer sur la santé du chef et ses intentions personnelles, on veut bien ; surtout qu’il n’avait pas encore vu le malade. Mais un mois après, Sékouba est allé jouer les médecins de garde à l’hôpital militaire.

Si malgré tout il continue à se complaire dans une candeur poltronne, renâclant même à recevoir les vœux du nouvel an que les membres du gouvernement et de la junte veulent lui présenter (1), c’est à se demander s’il finira bien par se décider à engager la nouvelle transition dans la transition dont la Guinée a tant besoin. Autant dire un attentisme suicidaire dans un pays suffisamment délité.

San Evariste Barro

Note : (1) Aux dernières nouvelles, il semble que cette présentation de vœux aura lieu ce vendredi.

L’Observateur Paalga

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