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CNDD : Drôle de cadeau d’anniversaire

Publié le mercredi 23 décembre 2009 à 03h58min

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C’est en principe demain que le capitaine Moussa Dadis Camara allait souffler la première bougie de sa prise du pouvoir.

En effet, on se rappelle que c’est le 24 décembre 2008 qu’il est sorti des rangs, alors que la dépouille de Lansana Conté était encore chaude, pour s’autoproclamer président de la Guinée, sous la houlette du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD). Dès le lendemain, le capitaine promet à ses compatriotes des élections auxquelles il ne prendra pas part, après une transition de deux ans. Un nouvel espoir pour les Guinéens ? En tout cas, nombreux sont ceux qui y ont cru avec la disparition de Lansana Conté, surtout que dès les premières heures de l’arrivée aux affaires du bouillant capitaine, il avait promis de balayer la maison pour la céder aux civils. Mais ils ont vite désenchanté, car l’enfant terrible de Koulé n’a pas résisté aux sirènes et aux délices du pouvoir.

En effet, celui en qui on avait vu un papa Noël, à l’image du général Robert Guei en Côte d’Ivoire, s’est dédit : le pompiste, qu’on pensait apporter du jus neuf, a déclaré en août 2009 sa décision de se présenterait à l’élection présidentielle en janvier 2010 à la succession de Lansana Conté. Ce qui n’a pas manqué de pousser les forces vives de la nation, un conglomérat de partis politiques et d’organisations de la société civile, dans la rue.

Et survint la répression sanglante, à huis clos, des civils, sortis pour protester contre la candidature de Dadis Camara, du désormais tristement célèbre 28 septembre 2009 au stade de Conakry. A l’appel des syndicats, les Guinéens se mobilisent par une grève de 48 heures pour protester contre la boucherie. C’est la panique générale dans les rangs du la junte au pouvoir, dont le chef attribue la responsabilité des violences à des manifestants de l’opposition et à des « éléments incontrôlés » de l’armée.

Les Nations unies, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine condamnent le drame et appellent à la mise en place d’une commission d’enquête internationale sur le carnage de civils aux mains nues et « le viol des femmes », à la libération des « personnes détenues arbitrairement » et à la restitution des corps de toutes les victimes.

La CEDEAO s’en remet aux talents de médiateur du chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, pour désamorcer la crise entre le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) et les forces vives de la nation.

Ce dernier camp durcit le ton et conditionne sa disponibilité à participer aux pourparlers à la démission de Moussa Dadis Camara. Mais à Ouagadougou, après quelques rounds de consultations avec les différents protagonistes de la crise, le président du Faso propose une transition dirigée par Moussa Dadis Camara.

C’est pendant ce temps que la commission d’enquête internationale sur les massacres du 28 septembre 2009 débarque à Conakry ; et que l’homme fort de la Guinée sera blessé à la tête par balle à Conakry, le 3 décembre dernier, à trois semaines de son premier anniversaire au pouvoir, par son aide de camp, le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité, surnommé Toumba.

Et comme pour ne rien arranger les choses, c’est à la veille de la première bougie de la prise du pouvoir par la junte que la commission d’enquête internationale a déposé son rapport, qui enfonce Moussa Dadis Camara et certains de ses compagnons d’armes. Quel drôle d’anniversaire donc pour l’éruptif capitaine de Conakry qui, en plus d’avoir sur le dos le massacre de 156 personnes, selon Human right watch (HRW), séjourne toujours dans l’hôpital militaire de Rabat.

A présent, la question que tout le monde se pose est de savoir si le chef de la junte, à son retour de Rabat, reprendra sa place, actuellement occupée par le le général Sékouba Konaté. Si c’est ce dernier qui devrait continuer la transition, saura-t-il tirer leçon des abus de Dadis Camara pour asseoir les conditions d’un retour à une vie constitutionnelle normale en Guinée ? Bref, ce sont entre autres, des interrogations qui taraudent, présentement, plus d’un observateur de la scène politique guinéenne. En même temps, le chef de la junte tout comme son bourreau méditent déjà le sort que leur réservera la communauté internationale.

Dans tous les cas, un an après l’arrivée de la junte au pouvoir, c’est la désolation, car Dadis et les siens donnent aux Guinéens un anniversaire pour le moins sombre pour ne pas dire noir. Les promesses de démocratie se sont évanouies, et le pays de Sékou Touré, qu’on attendait de voir évoluer sous le règne de la junte, n’a fait que reculer. Qui sauvera les Guinéens, toujours sous le choc de l’hécatombe du 28 septembre ? C’est la préoccupation de plus d’un aujourd’hui plus que le sort de Moussa Dadis Camara, dont la santé, notamment sa capacité à reprendre la commande des affaires, fait l’objet de nombreuses supputations.

Hamidou Ouédraogo

L’Obervateur Paalga

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