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PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE : La grande farce

Publié le mardi 3 novembre 2009 à 01h31min

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Enfin, les masques sont tombés. Après les déclarations de ses fidèles lieutenants, propos sans doute distillés dans le but bien calculé de préparer les esprits des uns et des autres à recevoir sans trop de choc l’annonce d’un énième report de la présidentielle ivoirienne, le président Gbagbo vient à son tour confirmer que « la date sera dépassée ». Mais que l’on garde confiance, la volonté est intacte, ce sont tout juste des questions liées à « la réalité du terrain » qui font qu’on ne peut pas s’en tenir à la date du 29 novembre. Nul doute que dans les jours à venir, la CEI devrait confirmer, ne serait-ce que pour la forme, ce que tout le monde sait déjà : la présidentielle ivoirienne est reportée… sine die.

Presque un retour à la case départ. On devra se mettre à compter les jours pour 2010. Presque un supplice de Sisyphe. N’eût été la souffrance de nombreux Ivoiriens, des années durant, on parlerait volontiers de vaste mascarade, et de grande farce, où des politiciens s’amusent à se moquer de tout un peuple et au-delà, de toute la communauté internationale qui aura sué sang et eau dans le but de tirer ce pays du bourbier dans lequel il s’était engouffré.

Car, comment le comprendre autrement ? Tous les candidats ont déposé leurs candidatures, tout le monde s’est mis en campagne, tous les états-majors se sont mobilisés et pendant ce temps, « on » savait que la chose n’aurait pas lieu, au regard justement de ces réalités sur le terrain qui ne datent pas d’aujourd’hui, il faut le reconnaître. Et pourtant, on aura choisi de laisser faire, ne serait-ce que pour sauver les apparences. Si l’objectivité impose de reconnaître que des difficultés existent sur le chemin qui mène à la présidentielle ivoirienne, le bon sens, lui aussi, permet de percevoir que le peu de sérieux des protagonistes de la crise auquel s’ajoute un désir évident de s’agripper à un certain statu quo, expliquent la non-tenue de cette élection présidentielle régulièrement annoncée mais jusque-là jamais réalisée.

Au grand dam des populations ivoiriennes, bien sûr, mais à la grande satisfaction d’un petit groupe que « tout ça » arrange bien évidemment. Il semble à présent bien clair que des élections ne se tiendront en Côte d’Ivoire que si les concernés décident qu’elles auront lieu. Si toutefois ils arrivent un jour à le décider ainsi.

Alors quand ? Début, mi ou fin 2010 ? De combien de temps auront besoin les instances en charge du contentieux des listes électorales pour les rendre prêtes et acceptables par tous les partis ? Et quelles garanties a-t-on qu’aucune autre et nouvelle difficulté ne surgira quelque part, qui vienne à son tour tout remettre en cause ? Pour peu, on dirait que le processus de sortie de crise à l’ivoirienne semble voué à un perpétuel recommencement. Serait-ce fait à dessein pour fatiguer des candidats de l’opposition ou pour gagner les Ivoiriens à l’usure ?

Deux hommes en Côte d’Ivoire, le chef de l’Etat et son Premier ministre semblent tous deux rester de marbre cependant et ne s’émeuvent pas outre mesure que cette présidentielle se reporte presque à l’infini. Ils ont sans doute raison : c’est bien connu sous nos cieux, qu’un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras ». Et la question reste, lancinante : A quand la présidentielle ivoirienne ?

Par Jean Claude KONGO

Le Pays

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