LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Indépendance de la magistrature : Il reste encore des juges au Niger

Publié le vendredi 25 septembre 2009 à 21h49min

PARTAGER :                          

Il fallait vraiment le faire ! Le tribunal de grande instance de Niamey a ordonné la levée de l’interdiction de voyager et la restitution du passeport de Mahamadou Issoufou, président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) et leader de l’opposition. Le juge a rappelé que tout prévenu nigérien gardait sa liberté d’aller et venir au nom de la présomption d’innocence. On se souvient que, le 10 septembre dernier, Mahamadou Issoufou se rendait à l’aéroport de Niamey pour prendre un vol pour Cotonou lorsqu’un policier l’aborda pour l’informer qu’il est sous le coup d’une interdiction de voyager, tout en confisquant son passeport.

Selon la police, le président du PNDS fait partie des 124 députés présumés coupables de détournement de biens publics, dont certains sont déjà inculpés mais laissés en liberté provisoire.

Scandalisé par un tel comportement, le leader de l’opposition porta alors plainte pour voie de fait contre le commissariat de l’aéroport et contre l’Etat du Niger. Et mardi 22 septembre dernier, la Justice lui a donné raison en ordonnant la levée de l’interdiction de voyager, la restitution du passeport et la condamnation de l’Etat du Niger aux dépens.

Voilà une justice réellement indépendante, en dépit de la chape de plomb qui s’abat depuis un certain temps sur tous ceux qui aspirent à un minimum de justice et de démocratie. Et véritablement, ce n’est pas la première fois que nous louons l’indépendance de la justice nigérienne, qui a osé, au paroxysme de la dictature de Tandja, dire le droit, rien que le droit. En rétablissant Mahamadou Issoufou dans la plénitude de sa liberté d’aller et venir, le juge d’instruction estime que ce n’est pas parce qu’on est inculpé par la justice qu’on est interdit de voyager.

Pour le juge, la seule obligation de la loi envers un inculpé, c’est qu’il en soit informé. Mamadou Tandja, qui a choisi la voie judiciaire pour mieux traquer ses opposants, vient ainsi de perdre une manche dans cette période préélectorale où chacun des différents protagonistes du landernau politique nigérien fourbit ses armes. En effet, à quelques semaines des législatives anticipées, prévues le 20 octobre, la bras de fer semble avoir pris de l’épaisseur entre le successeur du défunt président colonel Malam Wanké et son opposition, qui, quoiqu’on dise, reste l’une des plus crédibles de la sous région.

Sous le fallacieux prétexte « d’opérations mains propres », Mamadou Tandja entend en finir avec l’opposition, qu’il peine à museler. Mais en frappant dans le tas les 124 élus du peuple qu’il a chassés de l’hémicycle le 26 mai dernier, pour insubordination à sa funeste révision constitutionnelle, il se tire une balle dans le pied. Ce, d’autant plus que, parmi les 124 députés, figurent en bonne place ses proches.

Est de ceux-là Hamed Algabid, ancien patron de l’Organisation de la conférence islamique, chef d’un parti politique, le Rassemblement démocratique pour le progrès (RDP), qui soutient sans faille le président Tandja, même dans ses dérives autoritaires. Le pouvoir nigérien, à travers cette prétendue opération mains propres, entend pousser son opposition jusque dans ses derniers retranchements. Et Tandja se doit de savoir qu’un homme qui n’a plus aucune issue de secours et qui n’a plus rien à perdre est potentiellement dangereux.

Par Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos réactions (8)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
France : Michel Barnier est le nouveau Premier ministre
Un expert militaire analyse les actions de l’Ukraine en Afrique