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Microfinance en Afrique : Inclure les exclus du système

Publié le mercredi 8 juillet 2009 à 04h31min

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Le monde du microcrédit s’est réuni à l’occasion de la IVe conférence panafricaine de la microfinance, à Ouagadougou, pour tenter de définir des stratégies, à même de favoriser l’accès des populations pauvres aux services financiers. L’objectif affiché de cette grande assise de la microfinance est de l’ancrer dans un système financier inclusif permettant aux petits entrepreneurs d’accéder à des ressources pour développer leurs affaires.

“La banque des pauvres” ou si vous voulez la microfinance, cherche à améliorer ses performances au profit des entreprises moins nanties et surtout des populations démunies exclues du système bancaire moderne. C’est tout l’enjeu de sa IVe conférence panafricaine qui s’est ouverte hier mardi 07 juillet 2009 dans la capitale du pays des Hommes intègres. Le gotha de la microfinance est appelé à réfléchir pendant quatre jours au thème : “Comment faciliter l’accès aux services financiers pour les entreprises africaines à faibles revenus”.

Ces assises doivent faire des propositions pertinentes en vue de permettre aux entreprises à faibles revenus regroupant le plus grand nombre d’agents économiques dans les secteurs de l’agriculture, du commerce et de l’artisanat de pouvoir accéder aux financements. Elles offrent de ce fait une opportunité à l’ensemble des 400 intervenants présents, de procéder à un partage d’expériences et de pratiques en vue d’identifier des solutions concrètes pour accroître la contribution de ce secteur financier en faveur des agents économiques à faibles revenus. Et les probables pistes à explorer par la conférence de Ouagadougou concerneront la capacité des Institutions de microfinance (IMF) à diversifier leurs produits et services financiers, à maintenir leurs points de service et à élargir leur clientèle à d’autres acteurs économiques, observe Léonce Koné, président du comité d’organisation et banquier de son état.

La microfinance est également appelée à asseoir une réglementation, à renforcer ses structures et son réseautage et à lorgner vers les assurances, les transferts d’argent ou la monétique. Ce sont autant de défis qui ne doivent cependant pas faire perdre de vue les progrès du secteur.
Les IMF enregistrent un taux de pénétration pour les familles bénéficiant des services offerts de près de 45% contre un taux n’excédant pas 6% pour les banques classiques au sein de l’UEMOA. Mieux, ses performances sont le fruit d’une législation engagée par les autorités monétaires dans les années 70 et qui a propulsé la microfinance.

Une percée encourageante

Ainsi en 2008, on a dénombré plus de 700 IMF et plus de 5000 points de service avec plus de 9,5 millions de bénéficiaires contre moins de 100 IMF et moins de 500 000 bénéficiaires en 1993. Au cours de la même période, le volume de crédit a bondi de 10 milliards à 442 milliards de F CFA.

Ces financements ont touché 12% des populations de l’Union avec une épargne estimée respectivement à 15 milliards de F CFA en 1993 et de 449 milliards en 2008. Au Burkina Faso, près de 319 IMF opèrent sur toute l’étendue du territoire. Plus d’un million d’individus recourrent au microcrédit pour une épargne de 69 milliards de F CFA contre un encours de crédit de 59 milliards. “Les résultats et les performances des IMF en termes d’accès aux services financiers sont éloquents et reconnus à l’échelle internationale”, dira l’ancien gouverneur de la BCEAO, Charles Konan Banny, qui a introduit une communication générale sur le thème de la IVe conférence. Pour lui, l’impact de la microfinance dans la lutte contre la pauvreté dépend de sa capacité à élargir les services à d’autres agents économiques et surtout à offrir des produits répondant à leurs besoins. Ce défi, en effet, est celui d’inclure dans les systèmes financiers ceux qui y sont exclus.

Bâtir un service financier inclusif

La présente conférence se propose d’apporter des réponses pragmatiques et innovantes pour l’ancrage des IMF dans le paysage financier. Elle va donc débattre autour des coûts des transactions jugées trop élevés alors que le microcrédit a pour client principal, les pauvres. Cette situation constitue un facteur limitant à l’accès aux services financiers. De plus, les participants vont tenter de définir une réglementation adéquate pour les systèmes financiers décentralisés de sorte à assurer un équilibre judicieux et dynamique entre besoins de sécurité et nécessité d’innovation.

C’est un challenge permanent et ancien à savoir inclure dans le système financier les exclus. "Cette conférence est aussi une occasion de rencontres et d’échanges pour l’Afrique francophone en particulier et l’Afrique en général", relève le sud-africain, l’un des grands noms de la microfinance Gerhard Coetzee. La présente assise devrait définir à cet effet, une nouvelle ligne directrice pour permettre d’asseoir un système financier décentralisé inclusif. Et l’ancien gouverneur de constater non sans amertume que “dans nos pays, trop peu de ministères sont dédiés au microcrédit”. Si tant est que le microcrédit s’adresse à la grande majorité, il n’en demeure pas moins que son institutionnalisation permettra de travailler avec la masse “exclue”. “Nous devons sortir des chantiers battus car qui peut nier que la microfinance n’est pas une nécessité…”, a martelé Charles Konan Banny devant un parterre d’universitaires, d’éminentes pointures de la microfinance.

Enfin, la rencontre se penchera sur l’épineuse question de la sécurité alimentaire. Il s’agit de trouver la meilleure formule de gestion des garanties dans le financement du monde rural qui, selon le ministre d’Etat, représentant le Premier ministre, peut être améliorée notablement grâce au renforcement de la sécurité foncière et à la mise en place de nouvelles formes de sûreté comme le nantissement des récoltes. Pour le ministre chargé des Affaires étrangères, il ne fait aucun doute que l’accès des petits entrepreneurs à des services financiers efficients passe par des solutions concrètes et constructives. Car soutient Alain Yoda, (…) à l’évidence, les IMF peuvent jouer un rôle crucial dans l’atteinte des objectifs de réduction de la pauvreté dès lors qu’elles offrent la possibilité à la majorité démunie (…) d’accéder à des systèmes financiers proches d’elles, adaptés à leurs besoins et capables de les intégrer à l’économie globale. Une si longue route qui s’ouvre par le renforcement de la solidité, de la pérennité et du professionnalisme des institutions de microfinance.

S. N. COULIBALY


Charles Konan Banny et ses trois vies

“J’ai eu trois vies. Aujourd’hui je suis en politique et les politiciens doivent se connaître entre eux. C’est avec plaisir que je voudrais saluer par votre intermédiaire le Président du Faso pour son action de paix dans mon pays et dans d’autres de la région tant il est vrai que la paix est l’autre nom du développement”. C’est par ces mots pleins de sens que Charles Konan Banny, ancien gouverneur de la BCEAO, ancien premier de Côte d’Ivoire, a introduit sa communication sur le thème général de la IVe conférence panafricaine de la microfinance. Entre émotion et désir de confession, M. Banny dit de lui-même qu’il a été décideur, faiseur de politique, responsable de politiques nationales et aujourd’hui citoyen, consommateur de microcrédit. Un témoignage qui n’a pas manqué de provoquer des rires et des applaudissements nourris dans la salle. Et le patron de la diplomatie burkinabè de répliquer avec beaucoup de courtoisie : “assurément vos trois vies sont utiles à chacun de nous ici présent”.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 8 juillet 2009 à 09:30, par L’homme de la rue En réponse à : Microfinance en Afrique : Inclure les exclus du système

    On voit bien qui sont les exclus du système hein. Costumes-cravates devant une salle feutrée. Si vous continuez d’être un journaliste du système, vous verrez comment vous aussi vous serez inclus ? Bonne chance journaleux qui ne prend pas le temps de comprendre avant d’écrire. Vous devez retourner à l’école...Enfin encore faut-il que vous soyez sortis d’une école digne de ce nom. Le journalisme c’est un métier qui a ses écoles...

    • Le 8 juillet 2009 à 18:01 En réponse à : Microfinance en Afrique : Inclure les exclus du système

      s’il vous plait monsieur l’homme de la rue, j’aurait aimésaoir ce que vous reprochez à l’articledu confrère au lieu d’etre méchant à son égard. sa formation n’a rien avec son apparence extérieur. soit profond dans nos critiques, évitons les réactions épidermiques meme si on s’appelle homme de la rue, meme dans la rue il ya du bon.

    • Le 8 juillet 2009 à 18:11 En réponse à : Microfinance en Afrique : Inclure les exclus du système

      Je trouve votre réaction un peu trop dure. Je ne suis pas journaliste mais il me semble qu’il s’agit ici d’un reportage et non d’une analyse. Et puis mon avis est qu’il n’y a rien de condamnable à ce que des gens ’’ nantis ?’’ cherchent à rendre la population ’’moins nantie’’ plus nantie. Bien au contraire cela est louable. Il reste cependant à s’assurer que les solutions préconisées porteront des fruits. Vous pouvez avoir des doutes, mais reconnaissons leur au moins le mérite d’essayer.
      Bonne journée à vous.
      Vaast.

  • Le 8 juillet 2009 à 18:09 En réponse à : Microfinance en Afrique : Inclure les exclus du système

    l’école n’a rien à voir avec le talent journalistique. on des cancres de journalistes qui sont sortis des meilleurs écoles de journalisme et on des génies qui n’aont jamis un seul jour dans une école de journalisme. foutez nous la paix monsieur l’homme de la rue.

  • Le 9 juillet 2009 à 10:37, par Télefariman En réponse à : Microfinance en Afrique : Inclure les exclus du système

    Je ne pense pas qu’il faille trop s’attarder sur les obervations faites sur l’article ou le journaliste. Ce monsieur (de la rue) pose un problème réel. Qui sont ces hommes en cravates et à Ouaga 2000 pour résoudre les problèmes des pauvres ?? JE ne suis pas sûr que c’est à Ouaga 2000 qu’on trouvera la solution aux problèmes des pauvres et sans eux. Ce n’est pas en se reveillant un beau jour, après avoir été Gouverneur de la BCEAO, Politicien Houphouetiste ivoirien que subitement MR KONAN Bani va maintenant se préoccuper de la pauvreté. Ce que je veux dire tout simplement c’est la microfinance est un effet de mode, une face cachée de la mondialisation financière. A travers la microfinance, on cherche à savoir comment tirer profit des pauvres. Un président de la banque mondiale a dit la microfinance permet la vibration du marché jusque dans les villages les plus reculés de la planète. Il suffif de regarder les taux d’intérêt qui peuvent aller jusqu’à 300% dans certains cas pour s’en convainre. Il suffit aussi de savoir, que la microfinance ne touche que les moins pauvres, autrement dit les plus riches des pauvres, c’est à dire les pauvres "solvables". La microfinance c’est qu’un instrument du néolibéralisme dominant. Cette rencontre n’est qu’une sorte de G8 à l’Africaine. Les riches qui se soucient apparemment des pauvres, mais ne veulent pas réellement que ceux-ci sortent de la pauvreté car ils n’auront plus de sujet de conference

  • Le 9 juillet 2009 à 11:32, par mag En réponse à : Microfinance en Afrique : Inclure les exclus du système

    c’est quoi ce acharnement qui n’est rien d’autre que l’expression d’une bassesse intellectuelle.c’est bien vrai que M. de la rue n’a pas les aptitudes nécessaires pour lire entre les lignes. En français facile sachez qu’il s’agit juste d’intégrer les exclus, "les laissés pour compte", les pauvres du système du capitaliste dans le processus du développement de la finance.

  • Le 16 juillet 2009 à 11:30 En réponse à : Microfinance en Afrique : Inclure les exclus du système

    chez nous en cote d’ivoire on dirait yako à ce jounaliste qui se met à critiquer aussi serverement.nous les financiers avons compris meme si ........... c’est pas bien de faire ces genres de critiques

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