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NIGER : Pitié pour Hama Amadou

Publié le lundi 6 avril 2009 à 00h22min

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Hama Amadou

Du paradis à l’enfer. C’est le destin tragique tracé par Mamadou Tandja à Hama Amadou, depuis le 26 juin 2008, date de l’incarcération de ce dernier à la prison de haute sécurité de Koutoukalé, érigée à une cinquantaine de kilomètres de Niamey la capitale. Le fait n’a rien de nouveau sous nos tropiques où à trop s’approcher du trône et aspirer à s’y asseoir un jour, on se brûle les ailes.

Au Niger, Hama Amadou fait aujourd’hui les frais de sa popularité qui portait ombrage au maître des lieux, Mamadou Tandja qui, lentement mais sûrement, s’ouvre la voie royale d’un troisième mandat présidentiel et sans doute, d’une présidence à vie. Après avoir été accusé et donc mis au frais pour détournement d’argent public, l’ex-Premeir ministre ne pourra même plus se donner un peu d’air en France où il espérait être évacué pour des raisons sanitaires.

De l’hôpital national de Niamey qui aurait pu lui servir d’antichambre pour un séjour hexagonal, l’homme vient d’être renvoyé manu militari, malgré sa santé toujours fragile, à la prison de Koutoukalé. Il n’y a plus de doute, l’option est faite d’en finir avec Hama Amadou qui est devenu maintenant un prisonnier politique. Même sur le délit de détournement d’argent public, la justice traîne les pieds pour rendre sa décision. Qui, contre l’avis de la justice qui est à l’origine de son hospitalisation, a fait renvoyer en prison, le dauphin tombé en disgrâce depuis que son président ne veut plus lâcher le pouvoir ? Mamadou Tandja entend mener seul la barque, et qui peut l’en empêcher si la classe politique (opposants comme militants du parti au pouvoir auquel appartient l’ex-Premier ministre), s’ennuie dans un silence de mort ?

Qui s’opposera à la persécution de Hama Amadou si les organisations de la société civile nigérienne très dynamiques de coutume restent amorphes ? Certes, au temps de son ascension et de l’étalage de sa toute puissance, Hama Amadou n’était pas un enfant de choeur, encore moins un ange. Toutefois, il est devenu, compte tenu de l’évolution de la situation, un prisonnier politique. Il faut oublier les abus qu’a pu commettre l’homme du temps de sa puissance, pour voler au secours d’un Nigérien en danger de mort. Pour cela, la société civile, garde-fou incontournable des dérives du pouvoir et garante du respect des libertés individuelles et des droits de l’homme, doit réagir pour sauver le citoyen Hama Amadou.

En tout cas, la chasse aux sorcières n’est pas seulement engagée contre l’ex-Premier ministre, car ceux qui lui sont restés fidèles dans le parti, vivent également leur lot de misère. Au sein de ce parti présidentiel divisé, Mamadou Tandja reste le seul maître à bord, son dauphin, affaibli par ces dures années d’incarcération étant pratiquement éliminé de toute course au fauteuil présidentiel. Mais attention ! Un homme de cette catégorie, ne meurt jamais politiquement tant qu’il est en vie.

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

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