LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Alioune dit Mawa Faye : “Une entreprise qui ne forme pas ses ressources humaines n’a pas d’avenir”

Publié le jeudi 9 octobre 2008 à 17h27min

PARTAGER :                          

Venu dans le cadre des XVes Journées africaines des ressources humaines (JARH), qui s’ouvrent aujourd’hui 9 octobre 2008, le président de l’Association africaine des ressources humaines (AFDIP), Alioune Mawa Faye dévoile les missions de la structure qu’il dirige, dresse le bilan de son mandat et présente les enjeux de la rencontre.

Sidwaya (S). : Pouvez-vous présenter l’Association africaine des directeurs et formateurs des personnels (AFDIP).

Alioune dit Mawa Faye (AMF), directeur de l’Institut africain de développement professionnel (IADEP), président de l’AFDIP : l’AFDIP a été créée le 18 juin 1980 à Casablanca au Maroc. Au départ elle était composée de l’Association sénégalaise de gestion des ressources humaines, (GRH) de l’Association marocaine des ressources humaines l’Association ivoirienne des ressources humaines et l’Association tunisienne des ressources humaines. Celles-ci ont décidé de se regrouper pour former une fédération d’associations des ressources humaines. En 28 ans, la fédération a grandi et compte dix associations. Trois autres organisations de gestion des ressources humaines vont adhérer à l’occasion des Journées africaines des ressources humaines (JARH) qui se déroulent du 9 au 11 octobre 2008 à Ouagadougou. Les associations de gestion des ressources humaines en cours de création sont également à prendre en compte. La journée réunira environ une quinzaine d’associations de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb, ayant un siège au niveau de la Haute fédération mondiale des associations de management des ressources humaines. Tous les deux ans, l’AFDIP organise un congrès de GRH dans l’un des pays d’une association membre. Le dernier congrès s’est tenu à Tunis en 2004. Au début, nous avons baptisé la rencontre Journées africaines de la formation, droit des éditions. Depuis la IVe édition on parle de Journées africaines des GRH qui englobe la formation. Les XIII et XIVes journées ont été respectivement organisées en Tunisie et au Sénégal. Le Burkina Faso va abriter les XVes journées cette année, organisées par l’Association burkinabè de GRH (ABGRH) sous l’égide de l’AFDIP. Celle-ci se propose d’offrir à ses membres, un cadre de coopération et d’échange d’expériences.

S. : De quel bilan l’association peut-elle se prévaloir depuis sa création ?

AMF. : Beaucoup d’actions ont été réalisées depuis la naissance de l’AFDIP, bien que les moyens substanciels dont elle a besoin ne suffisent pas, comme éditer une revue scientifique et d’information, réaliser des enquêtes, études et consolider notre réseau d’experts. Des activités ont été consacrées à la formation, la réalisation des congrès car nous sommes à une phase de conception, l’élaboration, la construction de l’outil qui va permettre dans tous les pays d’avoir des hommes à même de conduire la politique des RH. Les JARH qui se tiennent tous les deux ans sont une occasion de réunir toutes les associations, de tenir un collogue, l’assemblée générale, pour faire le bilan de ses membres, tracer les perspectives et ajuster notre feuille de route.

S. : Quelle importance revêt pour vous le thème des 15es JARH : “politique et plan de carrière dans les organisations en Afrique : réalités, innovations et défis...

AMF. : Le thème de cette année est spécifique en ce sens qu’il porte sur une question qui interpelle l’avenir des personnes dans l’entreprise. Le sujet concerne aussi bien les entreprises que des l’ONG ou les institutions. Etant dans une ère de mondialisation avec énormément de crises (alimentaire, financière, sécuritaire), qui posent des problèmes aux entreprises, est-ce que l’environnement de nos entreprises peut leur permettre de rester compétitives ? Comment faire pour que dans cette turbulence, l’entreprise puisse conserver sa compétitivité à partir de son niveau de production ? Nous pensons que les ressources humaines ont un rôle extrêmement important à jouer au niveau de la compétitivité et la productivité à travers leur comportement, leur motivation et le projet professionnel qui leur est proposé. Aujourd’hui celui qui ne sait pas bien gérer les ressources humaines ne pourra pas pénétrer certains marchés et s’imposer. Et l’entreprise qui ne prend pas en compte l’environnement des RH, risque de se retrouver devant un avenir hypothétique, toute chose qui la contraindra, n’ayant plus de marge de manœuvre, à réduire sa masse salariale, ses charges sociales voire se débarasser de son personnel et perdre ses compétences. Ce qui va se répercuter sur la politique gouvernematale, puisqu’on évolue vers une situation où les emplois se font de plus en plus rares.

S. : Est-ce que la formation est une priorité, au regard des coûts élévés qu’elle implique et que les entreprises en Afrique sont embryonnaires ou de petite taille ?

AMF. : La formation doit être considérée comme un investissement, donc elle implique un retour sur investissement. Il faut l’organiser. Mettre en place les outils, qui permettent de traiter les besoins réels de formation, organiser un cahier des charges pouir avoir véritablement une réponse adéquate des formateurs. Une entreprise qui ne forme pas ses ressources humaines n’a pas d’avenir.
Il faut programmer la formation dans les budgets. Je pense qu’il est nécessaire de la prendre beaucoup plus au sérieux car il n’y a de vrai que la formation. Tout le reste porte sur des activités qui tournent pour aboutir à ce besoin pour développer les compétences.
On a besoin dans les entreprises surtout africaines, d’individus compétents, capables de s’approprier les missions pour les réaliser et atteindre les performances attendues. Celles-ci doivent être également motivées. Les deux paramètres sont le centre de gravité de la gestion des ressources humaines. Il importe de les concilier pour une meilleure reussite au sein des entreprises et organisations.

S. : Vous devez donner une communication sur le maintien des seniors en activité. Pouvez-vous nous en donner les grandes lignes ?

AMF : Je livrerai effectivement une communication sur le maintien des seniors en activité parce que c’est une réalité chez moi au Sénégal où il y a un accord national sur l’allongement de la retraite à 60 ans dans les entreprises, alors qu’elle était de 55 ans. Ce qui signifie que des gens qui devraient être à la retraite sont maintenus en activité, toute chose qui fausse la pyramide des âges. Est-ce qu’il faut accepter cette situation comme telle ou la prendre comme une opportunité ? L’accord constitue une contrainte pour les entreprises. Il y a toujours eu des préjugés sur les gens d’un certain âge, des bons comme des mauvais. Il sera question d’expliquer les deux appréciations et voir comment positiver, exploiter ces bons stérotypes par rapport à l’âge et amener ces personnes à participer efficacement à la croissance de leurs entreprises. Ils sont compétents pour avoir occupé de grandes fonctions, pétris d’expérience et de maturité et par conséquent, aptes à encadrer et former les jeunes etc. Nous devons prendre en compte tous ces éléments et voir comment mieux utiliser ces ressources. Les chefs d’entreprises, ayant l’obligation de les maintenir en activité, doivent trouver les voies et moyens pour les rentabiliser dans l’intérêt des entreprises.

S. : Qu’attendez-vous concrètement au sortir des XVes Journées des ressources humaines ?

AMF : Beaucoup de choses. Le thème des Journées est très complexe. Mais au vu des différentes communications qui seront livrées, nous aurons des échanges fructueux qui donneront aux participants de nouvelles idées et des outils qui leur permettront de mieux gérer les carrières professionnelles. Les échanges d’expériences contribueront à l’enrichissement des connaissances et compétences.

S. : En fin de mandat, avez-vous le sentiment d’une mission accomplie ?

AMF : Aucune œuvre humaine n’est parfaite. Il y a des chantiers qui s’ouvrent au fur et à mesure qu’on avance dans le travail. Un mandat de deux ans passe rapidement. Les distances en Afrique constitue un handicap sérieux pour la communication même s’il y a les technologies modernes, d’information et de communication (téléphone, Internet, etc.). Mais, il est parfois nécessaire de se retrouver pour travailler. Notre association a été confrontée à ce handicap. Certaines délégations ne pourront pas honorer le rendez-vous de Ouagadougou à cause de cela. Toutes les promesses du mandat n’ont donc pas été réalisées. J’étais particulièrement pris par le problème de l’occupation du siège de l’AFDIP au niveau de la Fédération mondiale des associations de management des ressources humaines (WFPMA). L’Afrique a deux sièges au sein de l’organisation. L’AFDIP les partage avec l’Afrique du Sud. Une situation qui les a opposées depuis dix ans (10).

Ce pays qui a créé sa féderation après l’AFDIP a souhaité que celle-ci vienne fusionner avec leur organisation. Nous avons estimé que c’était eux qui devaient nous rejoindre. Mais l’association sud-africaine a refusé.
Et comme elle est anglophone, et que le plupart des pays membres de la WFPMA le sont également, ils ont usé de leurs relations pour occuper un siège. En réponse, l’AFDIP a décidé de ne pas siéger. Je me suis rendu à la réunion de Londres avec l’Algérien Abdelaziz Dahi, le président de l’Association algérienne des ressources humaines, pour négocier des modalités de regroupement des deux fédérations (sud-africaine et l’AFDIP) dans l’optique de créer la Convention africaine des ressources humaines (CAR). Mais cela n’a pas pu être réalisé pour divers motifs. Je n’ai pas pu réaliser l’union recherchée. Je souhaite que mon successeur y arrive.

Séraphine SOME

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique