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Justice burkinabè : Les misères de Siaka Koro

Accueil > Actualités > Société • • mardi 26 février 2008 à 10h04min

Sidwaya a reçu à sa rédaction de Bobo_Dioulasso, un habitant de Niénéta (secteur n°12) Siaka Koro, mécanicien qui se dit victime d’injustice et de menaces de mort à répétition. Voici sa version des faits, en intégralité.

L’affaire a commencé en 1997 à Niénéta, au secteur n°12 de Bobo-Dioulasso entre moi et mon voisin de cour, Bafétigui Traoré, un armurier. Il a aménagé une passerelle devant sa porte pour pouvoir passer facilement avec sa voiture. Mais, il se trouvait que cet aménagement était la cause de la stagnation de l’eau de pluie dans notre cour. J’ai tenté d’évacuer l’eau, en cassant partiellement la digue. Ce qui a suscité la colère de M. Traoré, qui n’a pas hésité à rentrer chez moi en menaçant de me frapper.

Pour me défendre, je lui ai donné un coup de tête. Le même jour, Traoré Bafétigui, s’est rendu au commissariat de l’arrondissement de Dô (couramment appelé commissariat « sans loi » par les Bobolais) pour revenir avec quatre policiers. Ceux-ci m’ont embarqué dans la voiture de Bafétigui Traoré pour me jeter en prison. Je l’ai même vu remettre 50 000 F CFA aux policiers pour qu’ils m’emmènent à Bolomakoté (ndlr : à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo). Mais avec la mobilisation de mes parents et de mes compagnons mécaniciens, j’ai été libéré trois jours après du commissariat. Mais le problème n’est pas pour autant résolu.

En 2000, une rixe a éclaté entre les enfants de Bafétigui et des jeunes du quartier Niénéta qu’ils accusaient d’avoir brisé la vitre de leur voiture. Cela a encore déclenché une nouvelle fois la colère de l’armurier, non en direction des supposés briseurs de la vitre, mais sur ma personne. Il m’en voulait parce que, selon lui, j’ai fait que les enfants du quartier ne le respectent plus. Mon domicile a été saccagé par les membres de la famille Traoré.

En 2001 (le 02 mai à 21 heures), Boubacar Traoré, un des fils de Bafétigui Traoré menace, pistolet en main, de me tirer dessus. Excédé par l’acharnement qui dure depuis des années, je lui ai dit alors de le faire. Il n’a pas osé et je lui ai donné un coup de tête qui a même fait tomber son arme. Son petit frère Ali Traoré venu à son secours, a subi le même sort et a été blessé au front. Ils sont rentrés chez eux, pour prendre cette fois-ci un fusil de chasse afin de se venger. La porte de ma maison derrière laquelle je me suis barricadé, a été transpercée à coups de fusil. J’ai été touché au menton et à la tête. Ma fille, une petite de quatre ans, Awa Koro a été blessée par balles à l’aine. La gendarmerie a dû intervenir pour éviter le pire. Le commissariat de Dô avait auparavant demandé à la gendarmerie de renvoyer l’affaire à leur niveau parce que c’est là que ça a commencé. Je m’y rends de nouveau avec les preuves de l’agression dont je venais d’être victime. L’auteur des tirs reconnaît les faits, mais les policiers me déconseillent de déposer une plainte contre lui. J’ai dû passer outre cette interdiction, pour me rendre au palais de justice. Le procureur du Faso m’y a remis une note pour le commissariat en me faisant dire aux policiers du commissariat de Dô d’arrêter les tireurs. Voici ce que m’a dit le commissaire (aujourd’hui décédé) : « Si tu peux, il faut les arrêter ». Rien n’a bougé.

Le 23 mai 2001, j’ai déposé une plainte contre les sieurs Boubacar Traoré et Ali Traoré alias Boby pour violation de domicile, menace de mort, coups et blessures, dégâts matériels. En plus, j’ai demandé 700 000 F CFA pour le préjudice subi.

Le jugement, en date du 14 décembre 2004, établit que les prévenus sont des délinquants primaires, et ils sont reconnus coupables de détention illégale d’armes à feu, de coups et blessures volontaires sur ma personne et sur ma fille mineure, Awa Koro. Moi-même, je suis reconnu coupable de coups et blessures sur la personne d’Ali Traoré.
Par conséquent le tribunal a condamné, Ali Traoré et Boubacar Traoré à six mois de prison avec sursis et à une amende de 500 000 F CFA chacun. Il les a aussi condamnés subsidiairement à verser la somme de 700 000 F CFA de dommages et intérêts à ma fille.

Pour les coups et blessures, je suis moi-même condamné aux dépens avec les deux coupables. L’un des condamnés, Ali Traoré a fait appel le 27 décembre 2004, mais l’arrêt n°38 de la Chambre correctionnelle a requis, le 26 décembre 2006, la confirmation du premier jugement. Il restait maintenant à l’appliquer. Le cabinet de Me Saliou Seck, huissier de justice, a procédé donc à une saisie de deux voitures et d’une moto chez les Traoré, mais Ali Traoré et Boubacar Traoré ont détourné les biens saisis.

Le huissier a porté alors plainte pour détournement et détérioration de biens saisis. Comme par hasard, leurs comptes sont vides et même si aucune des parties n’était assistée d’un avocat lors du procès, le huissier qui dit ne plus rien comprendre dans l’affaire, est persuadé qu’ils ont des conseillers à la justice.
Le 11 février 2008, et suite à la plainte du huissier, le juge a requis 6 mois fermes contre eux et ils ont été déférés à la Maison d’arrêt et de correction de Bobo. Mais ils ont été libérés aussitôt après, puisque le 16 février 2008, Boubacar Traoré m’a encore agressé dans la rue en me disant qu’un fils de pauvre comme moi ne peut pas l’enfermer à Bobo-Dioulasso ici.

Je suis reparti voir le procureur du Faso qui m’a posé deux questions avant de me vider de son bureau : « Est-ce toi qui leur donne à manger en prison ? Est-ce toi qui a pris la décision de les emprisonner ? »

Propos recueillis
par Mahamadi TIEGNA
camerlingue78@yahoo.fr

Sidwaya

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