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Le coureur de « l’extrême » Serge Girard au Faso : L’exemplarité d’un courage hors norme

Publié le jeudi 27 septembre 2007 à 07h17min

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Le Français Serge Girard, l’homme qui a réussi le pari fou de traverser au pas de course les cinq continents a effectué, du 15 au 25 septembre, un séjour bien rempli au Burkina Faso. Les Burkinabè ont pu courir, échanger et partager avec un seigneur des marathons multiples que les chaînes de télévisions européennes s’arrachent.

Il vient d’effectuer un séjour au Faso au groupe AGF. Au-delà de l’aspect publicitaire, des exploits sportifs, les exploits de Girard constituent un symbole dans toute vie.

Sous les tropiques où le quotidien est une course, mais une difficile course pour une hypothétique pitance, le cas Serge Girard passe pour une belle leçon. Du reste, l’homme des sports de l’extrême le dit lui-même : « Mon objectif, le dépassement de soi-même ». Ce Français n’arrête pas de courir et d’aligner les exploits. Le lundi dernier au CCF, il a été donné au public de suivre l’homme dans une de ses courses les plus folles : le Tokyo-Paris à pied sans un seul jour de repos ! Il aura parcouru 19 096 km en 260 jours, 18 heures. Il a traversé 19 pays et a usé 50 paires de chaussures et 100 paires de chaussettes.

Le film qui retrace cette aventure apprivoise toute de suite le téléspectateur. Celui qui pense qu’il faut être un extra terrestre pour y parvenir découvre que Girard est fait d’eau et de sang comme vous et moi. Sur la route de Tokyo, on le voit souffrir, torturer son corps. Un jour, il s’écroule, son taux de glycémie ayant trop chuté. Un autre jour, le coureur est envoyé au sol par deux fois par un violent vent. Il crie, gémit sous la douleur quand son staff médical tente de « réparer » son corps meurtri. Il a fait face à des températures variées, -17° en Macédoine et +50° en Chine ! « Diable pourquoi n’y renonce-t-il pas » soupire notre voisin ? Répondant à cette question par la suite, Serge Girard est catégorique « Jamais l’idée d’y renoncer ne m’a traversé l’esprit. »

Ce coureur a sur son tableau de chasse, d’autres exploits dont la traversée des USA (1997), de l’Australie(1999), de l’Amérique du Sud (2001) et de l’Afrique (2003), soit un total de 40 978 km parcourus sur les cinq continents en 557 jours.Le Français a-t-il quelque chose de plus que l’homme ordinaire ? Serge Girard ne croit pas être un extra terrestre. « Tout se passe dans la tête. Le physique compte pour 20% et le mental 80% », a-t-il révélé. En clair, tout sportif et de façon générale, tout homme peut améliorer ses performances, son rendement, sa condition pour peu qu’il soit armé d’un mental d’acier. Preuve à l’appui, le Français Girard l’a confirmé. En plus, le coureur de l’extrême est d’une étonnante modestie.

Malgré une forte sollicitation médiatique, malgré les superlatifs que les dieux de la télévision française, Patrick Poivre d’Arvor, Gérard Halls et autres ne cessent de lui coller, l’homme dit trouver toute sa joie devant le « sourire d’autrui », d’où son séjour en Afrique. « J’ai gardé un bon souvenir du continent lors de mon passage au Mali. Tous ces sourires, que c’est beau ! Il fallait y revenir ». Ancien employé de AGF, ce professionnel de la course à pied, malgré ses multiples exploits, n’a pas pour autant un compte garni. Pour financer chacun de ses projets « d’efforts gratuits » le Français avoue que c’est toujours un combat.

Un séjour burkinabè au pas de course

AGF-Burkina a pris maintenant l’habitude de toujours offrir à chaque rentrée un événement qui marquera les esprits du public. C’est dans ce cadre que Serge Girard a été invité au Burkina. Le ministère des Sports et des Loisirs qui a compris qu’il pouvait tirer quelque chose du séjour du Français, a accompagné AGF. Dès l’arrivée du Français, le ministre Jean Pierre Palm le reçoit en audience, le jeudi 20 septembre.

Le patron du Sport avait l’espoir de pouvoir relancer le sport de masse qui lui tient à cœur à cette occasion. Cela tombe bien, le programme de séjour de Serge Girard prévoyait un cross populaire, le dimanche dans la matinée à travers les artères de la ville de Ouagadougou.
Effectivement, l’éternel coureur prendra le départ de ce cross avec à ses côtés, le ministre des Sports et des Loisirs à la tête d’une foule. Dans les rangs de ce cross, il y avait des habitués des courses urbaines mais il y a eu des Burkinabè qui ont retrouvé le goût du sport, uniquement pour cette raison. « il y a longtemps que j’ai fait du sport. Vous savez que le gouvernement a suspendu son sport les jeudis. Ce cross, je ne pensais pas pouvoir courir mais je l’ai fait. C’est la preuve que tout le monde peut aller au-delà de soi-même”, a avoué le ministre Palm à l’arrivée.

Quant à Girard, pour qui le cross n’a été qu’une petite balade, “ça été que du bonheur“. « J’aurai pu courir comme ça très longtemps grâce à vos chants”.Le séjour du Français a été meublé par quatre conférences publiques animées à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, des visites de sites touristiques du Burkina, des rencontres avec des hommes d’affaires. Avant de retourner chez lui, il confie : “Franchement, je suis très content d’être au Burkina. Vous savez, le sourire qu’on a eu en Europe , on continue de le garder ici. Et j’ai vraiment envie de revenir très souvent au Burkina pour courir avec vous surtout.” La balle est donc dans le camp de l’AGF. D’ici à là, Serge va se concentrer pour réaliser un autre rêve fou : le premier tour du monde sans stop au pas de course pour 42 000 Km. Et pour l’occasion, il promet de repasser par là.

Jérémie NION

Sidwaya

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