Football : La coupe du Faso n’avait pas besoin de ce triste spectacle !
Le 18 juillet 2007 restera dans les annales du football burkinabè comme le summum de la pagaille qui règne dans les instances du sport-roi. Trois équipes se sont retrouvées sur un stade de football pour jouer une des demi-finales de la coupe du Faso.
Une scène digne de passer dans le bêtisier 2007 de la télévision nationale. Cette coupe qui est la compétition phare après le championnat national voit ainsi son image ternie par l’incohérence d’une série de décisions des instances de cette discipline.
Si le football national traverse une période difficile avec la démission de l’équipe fédérale, faut-il pour autant accepter cette descente aux enfers qui ne dit pas son nom ?
Le match avorté du 18 juillet est le résultat d’un manque d’autorité, comme s’il y avait un vide institutionnel qui permettait à chacun de faire ce qu’il voulait.
Manifestement, l’instance qui a pris la décision d’amener le RCB en demi-finale n’a pas pu la faire appliquer. Et il est urgent qu’elle en tire toutes les leçons car c’est une porte ouverte à la défiance. Une des équipes, le RCK, conteste sa légitimité. Fondée ou pas, cette situation a besoin d’être clarifiée pour éviter de faire pourrir une atmosphère déjà délétère, faite de suspicions, de ragots, et où l’on prête toutes les mauvaises intentions aux adversaires. Le doute sur la légitimité de l’organe qui a vidé l’appel traduit à souhait le fait que les instances de gestion de la transition n’ont pas été clairement prévues et expliquées à tous. Ceci aurait dû se faire en attendant les nouvelles élections fédérales.
Il faut dire aussi que la façon dont le différend entre le club ouagalais (RCK) et bobolais (RCB) a été tranché n’est pas exempte de reproche. C’est pratiquement la veille du match que la décision en appel du club bobolais a été rendue, après avoir été perdue en première instance.
Cette décision tardive a même surpris l’équipe bobolaise qui est arrivée en catastrophe à Ouaga. Que dire alors des perdants qui y voient plutôt une décision prise à la hussarde ?
La responsabilité de l’instance qui a pris la décision est entièrement engagée dans cette crise qui est de trop.
Et maintenant que faire ? L’absence de la fédération se fait déja sentir. Et certains observateurs se demandent si l’équipe fédérale de Diakité n’aurait pas pu attendre de terminer le championnat et la coupe du Faso avant de rendre son tablier. On ne va pas refaire l’histoire, mais cette crise qui commence donne raison aux défenseurs de cette option.
Sans fédération, c’est à la ligue nationale de gérer cette situation explosive qui risque de mettre à mal sa cohésion. La menace de retrait des représentants du RCK des instances du football est à prendre au sérieux car l’effet de contagion n’est pas à écarter.
Il faut donc une bonne dose de responsabilité de la part des acteurs, notamment des clubs, pour se sortir de cette situation. Après tout, il s’agit de la vie de leur association et ils ont besoin d’autorité de tutelle pour les accompagner. Ce n’est pas le rôle du ministère des Sports d’intervenir systématiquement dans les affaires de football. Quand il s’agit des Etalons, l’équipe nationale, cela passe encore. Même là, il y a des limites que la FIFA ne permet pas de franchir.
Le recours systématique au "gendarme" qu’est le ministère des Sports ne doit pas devenir un réflexe si les instances du football ne s’assument pas totalement par une gestion saine et transparente des affaires, débarrassées des mesquineries auxquelles elles nous ont habitué jusque-là.
Dans les coulisses, en termes voilés, on parle de favoritisme, voire de régionalisme. Toute chose qu’il faut tuer dans l’oeuf si l’on ne veut pas superposer la crise que traverse l’équipe nationale à celle des clubs.
Le vrai ennemi du foot aujourd’hui est bien identifié : c’est la passion trop grande de ses animateurs qui leur fait perdre la tête de temps en temps.
Sachons donc raison garder, car le football reste un jeu, même si, aujourd’hui, il engage biens des intérêts.
Le Pays