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Foncier rural : Une problématique tout aussi préoccupante dans le Nord

Publié le jeudi 12 avril 2007 à 07h28min

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A l’instar des producteurs du Burkina, ceux de la Région du Nord vivent des difficultés liées au foncier. C’est ce qu’elles ont affirmé lors de la rencontre d’information de la Confédération paysanne du Faso, tenue le Jeudi 29 mars 2007 à Ouahigouya.

En organisant pour la deuxième fois des tournées d’information et de sensibilisation en 2007, la CPF voulait partager avec les producteurs à la base les résultats d’une réflexion interne amorcée sur le foncier. En effet, en raison de nombreuses situations rendant de plus en plus difficile l’accès des producteurs à la terre et du fait de difficultés rencontrées par des exploitations familiales pour conserver leur patrimoine foncier, la CPF a depuis sa création, placé le foncier au coeur de ses préoccupations.

Dans un contexte où la loi portant Réorganisation Agraire et Foncière (RAF) est inopérante et face à quatre constats majeurs : Non application de la RAF ; caractère de plus en plus crucial de la question foncière ; Mise en place du Comité National pour la Sécurisation Foncière en Milieu Rural (CNSF/MR) ; Nécessité pour la CPF d’influencer les prises de décisions au sein du CNSF/MR- , la CPF a mis en place un comité de réflexion qui, au terme d’échanges et d’activités précises a abouti à des propositions et des interrogations.

Au titre des propositions, la CPF estime que l’Etat ne doit plus être le propriétaire de la terre. Des principes consensuels doivent dorénavant régir l’attribution et l’usage de la terre. Tout en reconnaissant le droit d’exister des agro-buisnessmen, la CPF estime que ces derniers se doivent d’obéir à des règles limitant les superficies exploitées et les délais d’exploitation. Parmi les autres solutions proposées par la CPF sur le foncier, figurent la conciliation entre la coutume et la modernité en matière de gestion du patrimoine foncier, une large diffusion de l’information sur le foncier.

Quant aux interrogations formulées par la CPF et qui lui permettront d’interpeller le gouvernement au cour du forum national sur le foncier annoncé pour mai 2007, la CPF en a formulé cinq : comment l’Etat vit la sécurisation foncière et quelles sont les questions de fond ? Sur quel type d’exploitation agricole l’état s’appuie ? Quelle est sa vision par rapport à la typologie des exploitations agricoles au Burkina ? Quelle position l’Etat adopte-t-il par rapport à la légalité foncière et la légitimité foncière ? Quelle articulation entre politique nationale de sécurisation foncière en milieu rural et Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté ?

Une réflexion légitimée et renforcée à la base

A Ouahigouya, l’ensemble de ses résultats et questions ont été présentés aux producteurs à la base par une équipe de la CPF conduite par Marcelline SIMPORE, trésorière de la CPF et présidente de la Fédération Nationale des Femmes Rurales du Burkina (FENAFERB). En livrant le message de la CPF, Marcelline SIMPORE et ses collaborateurs ont insisté sur leurs attentes : que la réflexion sur le foncier soit enrichie par les contributions diverses à la base.

Prenant la mesure de cette situation, les producteurs présents à la rencontre ont exprimé des préoccupations, apporté des contributions et soulevé des interrogations.

Dans la foulée des interventions, les expropriations et les déguerpissements des paysans du fait des lotissements et aménagements ont été dénoncés. Pour nombre de paysans ayant été victimes, les expropriations des exploitations familiales doivent s’accompagner de dédommagement. L’assistance a souhaité de vive voix que la sécurisation foncière à travers la délivrance de titres fonciers soit inscrite prioritairement dans la vision stratégique de la CPF sur le foncier. Cependant, les procédures d’octroi des titres doivent, aux yeux des participants, être simplifiées.

Tout comme les résultats de la réflexion de la CPF, les producteurs reconnaissent qu’en situation de difficultés foncières, les femmes et les jeunes constituent de véritables groupes défavorisés dont la CPF doit défendre la cause.

De façon générale, la rencontre de Ouahigouya a consacré une légitimation et un renforcement du document de base produit par la CPF. Mieux, les résultats de la réflexion ont été illustrés par des expériences vécues sur le terrain par des producteurs. En témoignent les expropriations de paysans suite à la construction du Camp Zondoma à Ouahigouya et au lotissement intervenu aux environs de Gondolgo, village situé à l’Ouest de Ouahigouya. Il en est de même pour la situation d’insécurité foncière vécue par certains exploitants des périmètres irrigués du barrage de Goinré au Nord-Est de Ouahigouya.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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