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Production de la pomme de terre dans le Lorum : Plus de 1 600 tonnes attendues

Publié le vendredi 30 mars 2007 à 07h21min

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Poumon de l’économie de la province du Lorum, la production maraîchère intéresse de plus en plus les populations de cette localité. De cet engouement, les alentours du barrage de Titao sont pris d’assaut par les nombreux producteurs (grands, moyens et petits). Zoom sur une filière porteuse à la veille de la tenue de la fête de la pomme de terre, qui se tiendra le 31 mars 2007 à Titao !

La production de la pomme de terre a commencé en 1966 suite à la grande sécheresse et à la crise alimentaire qui ont véritablement secoué la région pour prendre progressivement de l’ampleur à partir des années 80.

Depuis lors et avec l’appui technique et financier de certains partenaires tels les « Groupements Naam », la Fédération nationale des organisations paysannes, la Fédération des producteurs agricoles du Burkina entre autres, le maraîchage est en train de prendre corps et âme dans les habitudes des populations de la province.
Aujourd’hui, ce sont des centaines de producteurs qui sont installés sur les sites le long du barrage.

Hamidou Bélem est mécanicien au marché de Titao. Il a tout abandonné de la mécanique pour s’adonner à son périmètre maraîcher : je préfère de loin m’adonner à la production maraîchère parce qu’elle me rapporte beaucoup plus que la mécanique. » C’est un périmètre de 23 planches de pomme de terre, de 58 planches d’oignons et 7 planches d’ail, que le jeune mécanicien exploite.

Au bas mot, c’est une production d’environ une tonne de pomme de terre, 140 tines d’oignons et 7 tines d’ails soit une somme de plus de 500 000 F que notre jeune producteur attend de la vente de sa production. De quoi subvenir à ses petits besoins et renforcer ensuite la capacité de son atelier. Comme Hamidou Bélem, ils sont nombreux les jeunes de Titao à passer tout leur temps dans les bas-fonds de novembre à mars ou avril.

Les femmes au cœur de la production

Dès 6 heures, tout au long des voies menant au bas-fonds, des femmes et leurs enfants, qui à pied, qui sur des charrettes, prennent la direction des périmètres maraîchers. Sur le site de Yemvanré, 8 heures en cette matinée du 20 mars 2007, des femmes et des jeunes filles, arrosoirs en main, font les va-et-vient d’une parcelle à l’autre. Un peu plus loin, d’autres femmes préfèrent pratiquer l’irrigation. A partir des points de répartition d’eau, elles essaient de ravitailler les plantes en eau sous le ronronnement incessant d’une motopompe dont le site s’est doté. Les femmes semblent être les actrices cachées de la production maraîchère.

Madame Bélem est propriétaire d’un périmètre d’un demi-hectare. Cela fait environ trois ans qu’elle s’adonne régulièrement à la production maraîchère. Elle emploie sur son site trois jeunes. Bon an mal an, c’est environ 500 000 F CFA de chiffre d’affaires qu’elle réalise de la vente de ses produits maraîchers. « Les sites des femmes sont mieux entretenus », témoigne un producteur. « Elles sont les premières à produire. Elles ne viennent en aide aux hommes qu’après avoir fini d’ensemencer leurs parcelles ».

Malgré leur charge domestique, elles s’évertuent à réussir sur leur périmètre. Aïda Savadogo explique : « Dès 4 heures du matin, je suis debout. Après quelques travaux ménagers, je rejoins mon périmètre pour l’arrosage de mes plants. A 10 heures, je repars à la maison pour faire la cuisine. A 14 heures, je retourne m’occuper de mes planches jusqu’à 18 h ».

Un calendrier assez chargé que Dame Savadogo essaie tant bien que mal de supporter. Pour Madame Savadogo, il faut se battre pour se faire une place au soleil. L’année précédente, c’est environ une recette de 100 000 francs qu’elle a faite. Cette année, elle compte réaliser un chiffre de 250 000 F CFA.

De quoi subvenir aux charges scolaires et sanitaires de ses enfants et faire du petit commerce. De l’avis du président de l’Union provinciale des producteurs agricoles, Rasmané Kagoné dit 105, plus de 80% des producteurs sur le site sont des femmes. Malgré les difficultés de tous genres, elles essaient de se faire une place dans cet environnement où les moyens de production (terre, matériels agricoles, intrants) sont entièrement contrôlés par les hommes.

Une production en pleine évolution

La production de la pomme de terre connaît des progrès notables, ces dernières années. Avec une superficie de 55 ha emblavée pour la campagne 2006-2007, la province attend environ 1650 tonnes de pomme de terre.

Pour la présente campagne, c’est au total, 53,5 tonnes de semences d’une valeur estimative de 55 millions de F CFA qui ont été apportées aux producteurs. Les semences tout comme les intrants sont essentiellement fournis par l’ONG King Agro et la Fédération de producteurs agricoles du Burkina (FEPAB). La direction provinciale de l’Agriculture se charge de l’appui technique.

Au Lorum, les grands producteurs maraîchers ont pour noms : Salam Tao et Yacouba Tao du site de Golonga (25 ha), Madi Bélem du site de Yemvaré, Salam Niampa du site du pasteur (10 ha), Tasséré Badini du site de Rimassa (20 ha), Rasmané Kagoné dit 105 du site de la FEPAB. Sur la plupart de ces sites, la pomme de terre vient en seconde place après l’oignon (132 ha emblavés). Les producteurs se spécialisent mais préfèrent diversifier la production pour minimiser les risques liés au marché.

« Les sols du Lorum sont très favorables à la production de la pomme de terre », confirme Almissi Savadogo, directeur de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques du Lorum. En effet, les zones de production sont essentiellement situées autour du barrage de Titao.
Ce sont des sols amorphes riches en limon et en sable.

L’autre aspect et sûrement le plus déterminant selon le directeur provincial, réside dans l’emploi de la fumure organique : « les producteurs utilisent beaucoup plus la fumure organique que l’engrais chimique. Nous sensibilisons à la constitution de fosses fumières et les produits servent à enrichir les parcelles ».

Contrairement aux autres localités, le Lorum est beaucoup plus orienté vers la production de la pomme de terre « bio ». Ce qui permet aux tubercules de garder toute leur saveur et d’être plus conservable, plus longtemps.

Abdoul Salam OUARMA

Sidwaya

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