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Lucien-Marie Noël Bembamba, DG du Trésor : "On peine pour payer les salaires, mais on paie quand même"

Publié le vendredi 2 mars 2007 à 08h55min

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Lucien Marie Noël Bembamba

On le dit volontiers discret sans qu’on ne sache trop si un trait de caractère, si c’est dû à sa fonction ou si c’est pour ne pas gêner son beau-frère de président puisque Lucien Marie Noèl Bembamba, le directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique a épousé... la petite sœur de Blaise Compaoré.

Un mois après la grève du Syndicat autonome des agents du trésor (SATB), nous sommes allés prendre le pouls de l’institution avec celui qui tient les coffres-forts de la république depuis une bonne décennie. Grand entretien.

Vous êtes à la fois connu en tant que D.G. du Trésor et méconnu pour ce qui est de l’homme. Qui êtes-vous au fait ?

• Je me nomme Lucien Marie Noèl Bembamba. Je dis bien Lucien Marie Noèl et non Marie Noèl tout court comme l’écrivent parfois vos confrères, ce qui peut faire penser que je suis une femme...(rires). Je suis né le 08 janvier 1957, donc je viens de fêter mes 50 ans. Je suis économiste de formation avec une spécialisation en gestion et banque. Je suis titulaire d’une Maîtrise en économie, option gestion, et d’un D.E.S.S. en banque. Je suis marié et père de 3 enfants.

Avant le Trésor, vous avez été au siège de la BCEAO à DAKAR. Comment y êtes-vous arrivé ?

• Pendant mes études universitaires, je me suis beaucoup intéressé aux questions monétaires. Après la maîtrise, j’ai eu l’opportunité de pratiquer dans ce domaine à travers la BCEAO. A l’époque, l’institution était en plein programme d’africanisation de ses cadres et organisait chaque année un concours de recrutement au niveau de l’ensemble des pays membres de l’U.M.O.A.

J’ai donc passé le concours, c’était en 1980, et j’ai été reçu. Nous étions deux au niveau de la Haute-Volta de l’époque, à réussir au concours en tant que cadres supérieurs. Nous avons suivi une formation au COFEB à DAKAR, c’était la 4e promotion de ce Centre de formation. Cette formation s’est passée avec succès et j’ai été directement intégré à la BCEAO, c’était en juin 1982.

Qui était avec vous le deuxième Voltaïque admis au concours de la BCEAO en 1980 ?

• Il s’agit de Paul Balma avec qui j’ai, du reste, fait le seconde et l’université.

On dit que vous étiez particulièrement bosseur. Aviez-vous l’âme d’un carriériste ?

• Bosseur peut-être, mais pas carriériste. Cela est à lier peut-être à mon environnement familial depuis mon enfance : mon papa était instituteur et je me rappelle qu’à chaque fois qu’il se mettait à sa table pour préparer ses cours ou corriger les cahiers de ses élèves, il m’obligeait à être à côté de lui pour apprendre ou réviser mes leçons ; c’est ainsi que j’ai appris à ne pas accumuler le travail à faire, à être à jour dans mes leçons ; je dois dire que cela a forgé en moi des prédispositions pour être disons.... bosseur. Je lui en suis grandement reconnaissant.

Quel souvenir gardez-vous de la maison quand vous étiez en activité dans cette institution d’émission ?

• Ce qui m’a le plus marqué, c’est la rigueur et la discipline. A l’époque, il fallait relever le défi de l’africanisation de la Banque Centrale. Le Gouverneur d’alors, feu Abdoulaye FADIGA, paix à son âme, avait placé toute sa confiance en ses cadres africains. En retour, il nous fallait mériter cette confiance, et on avait le souci du travail bien fait, on était prêt à tous les sacrifices pourvu que la bonne image de l’institution soit préservée. Tout cela se faisait avec une certaine discipline, à la limite comme dans l’armée.

Quand vous étiez à la BCEAO, vous avez été, semble-t-il, le "papa de Dakar", c’est-à-dire le tuteur de nombreux étudiants burkinabè, notamment du CESTI, dans la capitale sénégalaise. Gardez-vous toujours le contact avec ses anciens étudiants ?

• C’est vrai qu’on formait une bonne famille avec les compatriotes étudiants. Je dois avouer que depuis lors, les contacts ne sont pas aussi suivis que je l’aurais souhaité. Vous savez, ma fonction est très contraignante en termes de disponibilités, mais aussi dans l’esprit de beaucoup de gens en termes d’accessibilité. Cela étant, à chaque fois que j’ai l’occasion de les revoir, c’est avec un grand plaisir qu’on revit les bons souvenirs.

Vous qui avez connu la maison, entre nous, notre compatriote Damo Justin Barro a-t-il des chances réelles d’être hissé au gouvernorat ?

• Sur le plan des compétences de l’intéressé, je pense que oui. N’oubliez pas que M. Barro a une longue expérience ! Il a été longtemps Ministre des Finances pendant des périodes difficiles. A cela il faut ajouter que, malgré les contraintes et difficultés multiples et Dieu seul sait qu’il y en a eu, il a su assumer correctement l’intérim de la BCEAO. Cela étant, il appartient aux Chefs d’Etat de prendre la décision qui sied.

Votre réponse est pour le moins diplomatique, mais le fait que la tradition ait toujours porté un Ivoirien à la tête de la BCEAO ne complique-t-il pas aujourd’hui le principe de la rotation, voulue par certains, surtout que la Côte d’Ivoire pèse pour 40 % de l’ensemble l’UEMOA ?

• Je note déjà que les textes prévoient expressément la rotation. C’est vrai que cette rotation n’a pas été effective, pour plusieurs raisons, dont peut-être aussi la personnalité des gouverneurs en poste.

Cela étant, le contexte a évolué, l’UMOA est devenue l’UEMOA avec de nouveaux organes, c’est-à-dire que ce n’est plus seulement une union monétaire, c’est également une union économique. Donc la question de la rotation ne devrait plus seulement se poser au niveau de la BCEAO, mais, de mon point de vue, concerner l’ensemble des organes de l’UEMOA.

Pourquoi devrait-on parler de poids économique rien que pour la BCEAO ? Et les autres organes, la commission de l’UEMOA, la BOAD, etc. ? Cela étant, encore une fois, il revient aux Chefs d’Etat de se prononcer, eux qui ont certainement d’autres éléments d’appréciation que nous n’avons pas.

Dites-nous, comment devient-on D.G. du Trésor ?

(Rires)... On ne devient pas D.G. du Trésor comme on passe un examen. C’est une nomination, et en la matière, c’est vraiment discrétionnaire, même si, certainement, les aspects de compétences, d’aptitudes doivent être pris en compte.

De la BCEAO au Trésor, n’avez-vous pas été dépaysé ? Comment s’est faite l’adaptation ?

• Sur le plan des domaines d’activités, je n’ai pas eu de difficultés particulières. Les questions de finances publiques, de dette publique, de système bancaire etc., ce sont des sujets sur lesquels je travaillais déjà à la BCEAO.

J’avais même, dans certains domaines, des connaissances approfondies dont j’ai fait bénéficier le Trésor Public. C’est peut-être au niveau de la méthode de travail que j’ai eu quelques difficultés au début. Je suis quelqu’un qui aime la ponctualité au travail.

Sur ce plan, j’étais pratiquement parmi les tout premiers et parfois je me retrouvais seul au bureau le matin. Je me rappelle encore que lorsque j’ai voulu instaurer des réunions hebdomadaires sur la trésorerie et que j’ai proposé qu’elles se tiennent à 7h30, il y a eu un tollé, les uns estimant que c’était trop tôt pour une réunion.

Par ailleurs, concernant le rythme de travail, je n’aime pas le travail qui traîne, donc j’avais tendance à mettre urgent ou urgence sur tous les dossiers. Il a fallu du temps pour que, de part et d’autre, on se comprenne, et Dieu merci, je crois qu’aujourd’hui on a trouvé le juste milieu.

Quel est le secret de votre longévité à la tête du Trésor ?

• Je ne sais pas s’il y a un secret. Certainement que le travail accompli donne satisfaction et que je mérite toujours la confiance de mes supérieurs. En tout cas, j’essaie de donner toujours le meilleur de moi-même. Le fait d’être le beau-frère de Blaise COMPAORE doit sans doute y être aussi pour beaucoup.

Je vous voyais venir... (rires). Vous savez très bien que les relations personnelles, qu’elles soient familiales, d’amitié ou de toutes autres affinités, sont généralement la base de la confiance par certaines responsabilités, et cela se vérifie partout. A cela il faudra ajouter certainement la compétence, sinon vous ne pourrez pas tenir.

Le Trésor, c’est quoi exactement pour les profanes ? De quoi s’occupe-t-il au quotidien ?

• Le mot Trésor Public peut avoir deux sens : d’abord, c’est en quelque sorte la personnalisation financière de l’Etat ; par exemple, lorsqu’on dit que la fraude fait perdre au Trésor public de l’argent, le Trésor ici signifie l’Etat, dans sa manifestation financière ; le Trésor Public signifie aussi l’Administration qui s’occupe, de façon générale, de la gestion des finances de l’Etat.

Cette Administration s’appelle officiellement la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique ; à ce moment, l’appellation trésor public est en quelque sorte son diminutif. Cette Administration est donc un service public qui fait partie du ministère des Finances et du Budget au même titre que la Direction Générale du Budget, la Direction Générale des Impôts ou la Direction Générale des Douanes.

C’est vrai qu’elle a une diversité de missions qui peuvent paraître complexes pour le citoyen lambda. Mais ces missions sont toutes complémentaires et consistent à assurer une bonne et saine gestion des fonds publics.

Essayons de passer en revue ces principales missions : tout d’abord, le Trésor Public est chargé de gérer l’ensemble des ressources financières de l’Etat, c’est-à-dire que toutes les ressources collectées à travers l’impôt, les taxes, ou reçues des partenaires et appartenant à l’Etat doivent être centralisées au niveau du Trésor Public, qui joue ainsi le rôle de caissier ou de banque de l’Etat.

Centralisant l’ensemble des fonds publics, il lui revient de procéder au paiement des dépenses de l’Etat, c’est-à-dire les salaries, les pensions, les factures de l’Etat, etc. Pour exécuter correctement ce rôle, il dispose d’un vaste réseau sur l’ensemble du territoire. En liaison avec ce rôle de caissier et de payeur, il lui revient de tenir la comptabilité de l’Etat.

Caissier, payeur, comptable...on pourrait donc assimiler le Trésor à un service ordinaire de la comptabilité d’une entreprise ?

• Exactement, c’est d’ailleurs ce rôle qui est prépondérant. Mais le Trésor Public a reçu également pour mission de réglementer la gestion des fonds publics, c’est-à-dire de codifier les normes, les procédures, pour une saine gestion de ces fonds.

Cette réglementation se fait à travers ce qu’on appelle le règlement général de la comptabilité publique. Voilà pourquoi on parle de Direction générale du Trésor et de la Comptabilité Publique. Le Trésor Public a été également investi pour gérer la dette publique.

Lorsque l’Etat s’endette, il encaisse des ressources, mais il lui faut aussi rembourser, c’est en fait le prolongement du rôle de caissier et de payeur. Toujours dans son rôle de veiller à la bonne gestion des fonds publics, le Trésor assure, pour le compte du Ministère des Finances et du Budget, ce qu’on appelle la tutelle financière des entités publiques autres que l’Etat, à savoir les collectivités territoriales, les établissements publics de l’Etat, les sociétés d’Etat, etc. : il s’agit de veiller à ce que la gestion financière de ces entités se fasse dans les normes.

Le Trésor Public est également responsable du suivi du système financier constitué des banques, des établissements financiers, des assurances et des structures de la microfinance pour s’assurer de leur viabilité et du respect de la réglementation qui leur est appliquée.

Enfin, on a confié au Trésor Public la gestion du contentieux de l’Etat et la défense des intérêts de l’Administration publique devant les tribunaux, en raison certainement des incidences financières que cela implique.

N’est-ce pas trop pour une seule administration ?

• C’est selon. Je note seulement que dans l’histoire du Trésor Public, il y a eu, à plusieurs reprises, un éclatement des services, mais, chaque fois, on a dû revenir à un regroupement de ces services pour constituer la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique.

C’est, de mon point de vue, par souci d’efficacité et de synergie d’actions, tant ces services sont complémentaires. Du reste, c’est la même configuration qui a tendance à être appliquée dans tous les Etats de l’U.E.M.O.A.

Comment faire fonctionner alors cette grosse machine à sous ?

• Nous avons misé sur une bonne organisation du travail et sur la modernisation : tout d’abord, nous avons précisé les attributions de chaque service, suivant une formule qui nous est chère, à savoir que chaque fonction principale doit être attribuée à un seul service et chaque service doit pouvoir être identifié par une seule fonction principale, cela, pour éviter les chevauchements et les conflits de compétences.

Dans chaque service on a défini des postes de travail qui couvrent l’ensemble des attributions du service, et chaque agent a été affecté à un poste de travail. S’agissant maintenant de l’exécution du travail, elle est basée sur la programmation des activités.

Chaque année, il est arrêté pour chaque service un programme d’activité dont le suivi se fait à travers les tableaux de bord et les rapports périodiques, ce qui permet de s’assurer que le travail s’exécute correctement et comme convenu.

Au regard du volume et de la complexité de nos opérations, nous avons misé sur la modernisation en faisant appel à l’informatique. Le Trésor Public est aujourd’hui l’une des administrations publiques les plus dotées en micro-ordinateurs, et cette informatisation couvre l’ensemble de notre réseau, y compris dans les provinces.

Voilà donc schématiquement comment on essaie de faire fonctionner cette grosse machine comme vous le dites, à savoir donc une bonne organisation du travail et la modernisation..

Avec quel effectif la faites-vous fonctionner ?

• Nous sommes environ 1260 agents toutes catégories confondues. Il y a environ 430 agents dans les services centraux et 830 dans les services déconcentrés. Nous sommes une Administration très déconcentrée, nos services sont présents dans près de 90 localités.

Signalons que nous avons dans nos effectifs également des agents communaux, pour la bonne et simple raison que c’est le Trésor qui assure la tenue du service comptable des communes, qu’on appelle recette municipale.

Ce personnel donc est employé dans les recettes municipales, qui se confondent avec nos services. Nous avons été également autorisé à avoir recours à des contractuels pour renforcer nos effectifs, notamment dans nos postes appelés perceptions qui se trouvent au niveau des départements.

Dans ces postes, il n’y a qu’un seul agent fonctionnaire, qui doit tout faire : recouvrer les recettes, payer les dépenses, tenir la comptabilité, etc., ce qu’il ne peut manifestement pas faire sans cet appui des contractuels. Mais malgré ces dispositions, l’effectif actuel reste insuffisant surtout avec la communalisation intégrale, qui s’est traduite par la création de nouvelles communes rurales, donc de nouvelles recettes municipales.

Pour certains, les finances publiques ne sont pas toujours bien gérées. Si vous deviez soutenir le contraire, quels arguments concrets avanceriez-vous ?

• Disons déjà que le « viim koèga » tombe régulièrement... (rires), c’est-à-dire que les salaires sont payés régulièrement. D’autre part, vous savez que le Burkina n’a pas de richesses particulières. Pourtant il y a des réalisations concrètes, visibles comme les écoles, les centres de santé, les forages, les routes etc., toutes choses qui n’auraient pas été possibles si le peu qu’on était mal géré ;

autre argument que l’on pourrait avancer, c’est l’attitude des bailleurs de fonds étrangers vis-à-vis du Burkina : de plus en plus, certains bailleurs, dont les plus sensibles aux questions de bonne gouvernance, limitent leurs appuis à une catégorie de pays appelée zone de concentration ; le Burkina fait partie des zones de concentration de plusieurs bailleurs de fonds.

Il est certain que s’il n’y avait pas un minimum de rigueur dans la gestion de nos finances publiques, aucun de ces bailleurs ne continuerait à nous faire confiance.

A propos du « viim koèga », chaque mois, l’Etat peine, semble-t-il, à payer ses fonctionnaires. Vous qui êtes au Trésor, quelle est la réalité de la chose ?

• On peine, mais on paye tout de même ! Vous savez, le Burkina est un pays en développement, où il y a encore beaucoup de besoins, de nombreuses priorités. Au regard de la faiblesse de nos ressources, à moins de ne pas être ambitieux, il est clair qu’il y aura toujours des tensions pour satisfaire ces nombreux besoins.

Ce qui me paraît important, c’est que, face à ces pressions, il faut savoir s’organiser, faire une bonne programmation, c’est-à-dire parvenir à déterminer ce que l’on fait en priorité, quand et avec quelles ressources, etc. Dans cette programmation, il faut veiller à couvrir normalement les priorités dégagées. C’est ce que nous faisons.

Combien en fait, ça coûte, chaque mois, la paie des fonctionnaires ?

• En moyenne 10 milliards si on ne tient pas compte des salaires des Ambassades et de certaines structures autonomes.

Est-ce vrai que pour rassembler ces 10 milliards nécessaires chaque mois à la paie des fonctionnaires, l’Etat est parfois obligé de pressurer certaines grosses entreprises, devenues, de fait, des vaches à lait ?

• L’Etat ne pressure pas les entreprises pour payer les salaires. Dans le cadre de ce que nous appelons la gestion de la trésorerie, il arrive qu’il y ait un décalage entre les paiements à faire et les entrées de ressources du budget.

En attendant l’entrée de certaines ressources, le Trésor public peut rechercher des fonds, soit auprès des banques à travers l’émission de bons du Trésor, soit en se faisant octroyer une avance par certaines entités publiques. Cela se fait de façon régulière avec des conventions précisant les modalités de remboursement. Et jusqu’à ce jour, le Trésor a honoré ses engagements.

Au fait, pourquoi l’Etat paie ses fonctionnaires le 25 du mois et pas à la fin du mois comme dans le privé ?

• En fait, cette date s’est imposée par la force des choses. Au départ, le 25 du mois était la date de convocation des billeteurs. Il fallait donner du temps aux billeteurs, qui sont disséminés sur l’ensemble du territoire, pour rejoindre Ouaga où faire vérifier leurs états, puis repartir avec les fonds pour procéder au paiement des salaires à la fin du mois.

Mais dans l’esprit des gens, dès lors qu’il y a le communiqué, appelé couramment « viim koêga », c’est que les salaires sont prêts, et chacun va à sa banque .Sinon il n’y a pas de texte qui fixe la date de paiement des fonctionnaires au 25 du mois.

Les usagers du Trésor, notamment les opérateurs économiques, disent éprouver les pires difficultés pour rentrer dans leurs fonds. Qu’est-ce qui est fait pour soulager leurs peines ?

• Je note, malheureusement, que malgré nos efforts pour communiquer sur l’amélioration des délais de paiement des factures de l’Etat, on continue à penser que les fournisseurs peinent à se faire payer.

Je répète, encore une fois, que les prestations ou les travaux qui ont été réalisés normalement, respectant les procédures et les exigences en matière de pièces justificatives, sont payés dans des délais qui s’améliorent d’année en année.

Nous avons un système informatisé qui calcule automatiquement les délais, et en moyenne, nous sommes aujourd’hui autour de 30 jours entre ce qu’on appelle la liquidation et le paiement.

Ce délai était de l’ordre de 75 jours en 2001. C’est vrai que 30 jours peuvent paraître encore longs, mais c’est inférieur aux 90 jours que l’on rencontre dans le milieu commercial. Malheureusement il y a encore des opérateurs économiques qui ne respectent pas les procédures en matière de marchés publics.

On leur fait livrer des fournitures ou exécuter des travaux sans documents contractuels, en promettant de faire régulariser les choses par la suite. C’est un grand risque qu’ils prennent, car cette régularisation peut ne pas se faire si on n’a pas prévu de crédits budgétaires ou, si elle intervient, cela prend beaucoup de temps. Donc, nous appelons encore une fois les opérateurs économiques à respecter les procédures en matière de dépenses de l’Etat.

Récemment les syndicats du Trésor ont manifesté leur mécontentement par des arrêts de travail. Maintenant que le calme est revenu, quel commentaire en faites-vous ?

• A vrai dire, je m’interroge toujours sur les motivations réelles... peut-être pas du mécontentement, mais plutôt de la grève. Pour le mécontentement, officiellement, de quoi s’agit-il ? Comme je l’ai indiqué tout à l’heure, le Trésor Public a été autorisé à recourir à des contractuels pour compléter son effectif, qui reste de loin insuffisant par rapport aux tâches à effectuer surtout dans les perceptions.

Jusqu’en 2005, ce personnel n’avait pas de statut. Dans le souci de nous mettre dans la légalité, nous avons procédé à la régularisation de leur situation, en les dotant d’un statut qui a été reconnu et visé par l’Inspection du travail. Côté rémunération, nous leur avons appliqué le barème des contractuels de l’Etat.

Enfin nous les avons déclarés à la sécurité sociale. En procédant ainsi, nous croyons nous être comporté en employeur exemplaire, soucieux de la sécurisation de l’emploi de notre personnel. Mais curieusement, cela va être à l’origine du mouvement d’humeur que le Trésor a connu.

Il est surtout question d’un fameux fonds commun et des modalités de sa répartition. Qu’est-ce au juste, et quelle est la nature du problème ?

• C’est juste. J’allais y venir. Le fonds commun, c’est une sorte de prime d’encouragement, qui est servi à certains services dont notamment les régies de recettes. C’est un système qui existe, du reste, dans plusieurs pays de la sous- région. Pour la répartition de ce fonds, on a défini des modalités, parmi lesquelles la part revenant à chaque agent est indexée à son salaire.

Je disais tantôt que nous avons régularisé la situation des contractuels en leur appliquant le barème des contractuels de l’Etat. Or dans ce barème, et cela est bien connu, le salaire du contractuel est supérieur à celui du fonctionnaire à qualification égale.

La part des agents dans le fonds commun étant indexée sur le salaire, il s’en suit logiquement que la part revenant à un contractuel est supérieure à celle d’un fonctionnaire de catégorie assimilée. Cette situation a été perçue comme une injustice et a donné lieu à une remise en cause même de la présence des contractuels au Trésor.

Il a été également question de la détérioration du dialogue social entre vous et le syndicat. Vous n’êtes donc pas très conciliant ?

• Ceux qui s’intéressent au fonctionnement du Trésor savent très bien que c’est l’une des administrations où le dialogue social est une réalité. Nous avons créé des cadres de concertation à tous les niveaux, à savoir au niveau de chaque service, chaque direction et au niveau de l’ensemble du Trésor. Vous avez dû suivre l’organisation régulière des journées de réflexion des services du Trésor, des conférences annuelles des services du Trésor, etc.

J’ai multiplié d’autres initiatives en matière de dialogue social, telles que les tournées régulières dans les provinces, tournées au cours desquelles j’ai pris, chaque fois, le soin de rencontrer les agents pour des échanges directs. Franchement, si on est de bonne foi, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de dialogue social au Trésor.

S’agissant du syndicat, je note que depuis sa renaissance, c’était, je crois, au mois d’août dernier, ce n’est qu’une seule fois qu’il a demandé à me rencontrer, pour me présenter son bureau et me soumettre sa plateforme revendicative. Toutes les autres fois qu’on s’est rencontrés depuis lors, c’était à mon initiative. Là aussi, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de dialogue.

Maintenant, il y a entre nous une divergence sur la forme du dialogue social. Pour eux, le syndicat représente l’ensemble des travailleurs, et moi je représente l’administration du Trésor ; le dialogue doit alors se faire exclusivement entre eux et moi, et les décisions convenues doivent être imposées aux autres. C’est le syndicat même qui a employé ce terme, "imposées aux autres".

Je leur ai fait savoir que ça sera un grand recul par rapport à ce que nous faisons actuellement au Trésor. Nous avons toujours procédé à une large concertation pour rechercher un consensus. J’ai surtout attiré leur attention sur le fait que nous sommes dans un contexte où les règles de la démocratie ont évolué. Le système où un groupe pense, réfléchit et agit pour les autres est révolu. Il faut permettre à chacun de s’exprimer.

Ils ont néanmoins décidé d’aller en grève. Au fait, quelles sont leurs revendications exactes, et pouvez-vous faire, point par point, cas des solutions que vous comptez apporter ?

• Je dois à ce titre noter également qu’il y a plusieurs versions de leur plateforme revendicative qui m’ont été soumises. Il y aurait même d’autres revendications qui ont été publiées dans la presse, mais au moment où je vous parle, je n’ai pas encore reçu officiellement cette plateforme. Pour revenir aux revendications qui m’ont été soumises, et en me référant à la version jointe au préavis de grève, il y a au total quatre points.

Le premier point est relatif à la mise en place d’une commission paritaire de relecture des textes du système de motivation et prenant en compte la proposition de modalités du SATB. Le SATB signifie Syndicat Autonome des Agents du Trésor. Sur ce point, il y a eu beaucoup d’échanges, que ce soit directement avec le syndicat, ou au niveau des cadres de concertations habituels.

Il a été proposé de prendre des mesures exceptionnelles, pour la répartition du fonds commun en cours et, par la suite, d’engager des discussions pour une relecture complète du système de motivation. Sur les mesures exceptionnelles le principal point de discorde était la part à réserver aux contractuels.

Le syndicat préconisait une part forfaitaire. Au niveau de nous, responsables, nous avons préféré proposer une formule qui permette de corriger l’écart entre leur part et la part des fonctionnaires.

C’est finalement cette formule qui a été appliquée, et je note que tout le monde sans exception est passé, comme on le dit, à la caisse. Maintenant et comme prévu, nous avons engagé des discussions pour revoir totalement le système de motivation, et à ce sujet, le syndicat a été saisi officiellement pour soumettre ses propositions.

Le second point des revendications concerne la suppression du fonds de stimulation qui, à la différence du fonds commun, encourage les agents méritants, désignés à partir de critères connus de tous. Selon le syndicat, il ne conteste pas le principe de cette motivation, mais estime que les modalités de mise en œuvre posent problème, parce qu’il n’y aurait pas de transparence dans la désignation des agents méritants.

De ce fait, il propose la suppression pure et simple du fonds de stimulation. Je leur ai fait savoir que dès lors qu’ils sont d’accord avec le principe de motiver les agents méritants, plutôt que de supprimer la motivation, ce qui serait une perte pour les agents, nous devons travailler à en améliorer les modalités. On est tombé d’accord sur cette démarche, et même qu’ils ont dit qu’en un mois on peut revoir les modalités de mise en œuvre de ce fonds.

Troisième point de revendication, c’est la mise à leur disposition d’un local. Bien qu’en la matière je ne pense pas que chaque administration ait obligation de mettre à la disposition de son syndicat un local, j’ai marqué mon accord de principe, le justifiant surtout pour le fait que je ne souhaitais pas qu’ils se réunissent dans les bureau aux heures de travail.

Le quatrième point est relatif à l’association du syndicat à toute décision touchant aux agents du Trésor. Sur ce point, depuis que le bureau m’a été officiellement présenté, non seulement j’ai donné instruction à toutes les structures de les reconnaître, mais, mieux, je les ai conviés à tous les cadres de concertation sur les questions concernant les agents.

Malheureusement, je note que, jusqu’à présent, ils ont opté pour la politique de la chaise vide. Voilà l’état de satisfaction de leur revendication. Maintenant, y avait-il encore motif d’aller en grève ? Je laisse le soin à chacun d’apprécier.

Les syndicats ont déclaré que leur grève a été suivie à 60 %. Comme il y a toujours cette guerre des chiffres, quel est votre propre bilan ?

• Je note tout d’abord que les services du Trésor ont fonctionné normalement, les usagers peuvent en témoigner. Nous avons dénombré 154 grévistes sur un effectif d’environ 1260 agents, soit en gros 12 % de grévistes. Je note également que le syndicat a fait son bilan en pourcentage sans donner le nombre exact des agents qui ont suivi leur mot d’ordre.

J’ai ouï-dire que ce pourcentage est rapporté au nombre de leurs militants. Si tel est le cas, il n’y a pas de guerre de chiffres, puisque nous n’avons pas la même base d’appréciation.

Pour les responsables syndicaux, le mouvement du 26 janvier n’était qu’un simple avertissement. Ne craignez-vous pas des grèves à répétition si leurs revendications n’étaient pas satisfaites ?

• Je vous ai fait l’état de satisfaction des revendications qui m’ont été officiellement soumises. A chacun d’apprécier s’il faut encore aller en grève. Cela étant, j’ai le sentiment suivant : le syndicat du Trésor vient de renaître, il a besoin de s’affirmer, ce qui est légitime. Malheureusement, pour cela, il opte pour des actions d’éclat. Dans cette logique, on lance des mots d’ordre de grève sans avoir épuisé voire même entamé les discussions ; on exige tout et tout de suite... bref.

C’est un peu à cette logique que nous assistons. Pour ma part, je ne peux que réaffirmer ma prédisposition qui, encore une fois, n’a jamais fait défaut, pour le dialogue. Seulement, s’ils veulent aller dans des grèves à répétition, c’est leur droit, mais qu’ils sachent aussi que la grève doit obéir à certaines dispositions qui, du reste, leur ont été rappelées.

On constate de nombreux départs parmi vos préposés au péage, qui s’en vont lorsqu’ils sont admis à des concours de la Fonction publique. L’absence de statut pour ces gens n’y est-il pas pour quelque chose ?

• Non. Les gens du péage ont bel et bien un statut, qui a été élaboré avec leur concours et qui a été visé par l’Inspection du travail. Il est vrai que ce statut est celui d’un contractuel, et cela peut expliquer que certains cherchent à être recrutés dans la Fonction publique où, peut-être, ils estiment avoir une plus grande sécurité dans leur emploi.

Quelle est la nature des relations qui vous lient aux Impôts et à la Douane ?

• Impôts, Douane et Trésor constituent ce qu’on appelle les grandes régies de recettes, c’est-à-dire les principaux services qui font rentrer les recettes dans les caisses de l’Etat.

A ce titre, nous avons d’étroites relations de travail. C’est vrai que chaque régie a son domaine de compétence, mais dans l’organisation du travail, il y a une nécessaire collaboration, et je me félicite que cette collaboration soit fructueuse. Quant aux relations entre responsables, elles sont des plus cordiales.

Quelle est la contribution du Trésor public au budget de l’Etat ?

• Cette contribution a évolué dans le temps. Par le passé, certains impôts et taxes étaient recouvrés à la fois par le Trésor et les Impôts, ou par le Trésor et la Douane, selon le chiffre d’affaires du contribuable ou le mode de règlement, c’est-à-dire au comptant ou à crédit.

Mais depuis 2005, dans un souci d’efficacité et pour éviter les risques d’empiétement, les Autorités ont spécialisé chaque régie dans des catégories de recettes précises à recouvrer.

Avec cette réorganisation des compétences, la part des recettes recouvrées par le Trésor s’est rétrécie et se situe à environ 10% des recettes propres du budget. En contrepartie, le rôle du Trésor en tant que gestionnaire de la trésorerie a été renforcé.

La réforme du Trésor a été entamée il y a une dizaine d’années. En quoi a-t-elle consisté, et quels en sont de nos jours les résultats concrets ?

• Cette réforme entamée effectivement en 1997, donc il y a dix ans, est l’aboutissement d’un long processus de réflexion, de concertation, de travaux d’audits, le tout visant à redynamiser le Trésor dans ses principales fonctions, mais aussi à adapter son organisation aux nouvelles exigences en matière de gestion des finances publiques.

Il nous fallait, par exemple, être plus efficace dans la production des informations financières et comptables, en veillant à ce qu’elles soient fiables, exhaustives et rapidement disponibles. En matière de prestations au profit des usagers, il nous fallait être plus diligent et introduire la notion de qualité du service.

La question de la saine gestion des deniers publics devenait de plus en plus une préoccupation majeure...bref, autant de défis à relever qui ont nécessité une certaine réorganisation.

Celle-ci s’est faite par une redéfinition et une précision des attributions de façon à assurer leur complémentarité. Mais c’est surtout au niveau de la structuration, c’est-à-dire l’organisation du Trésor en structures, et en services qu’il y a eu le plus d’innovations : par exemple, l’ancienne Trésorerie Générale, du fait du volume et de la complexité croissante de ses opérations, a été éclatée en trois structures, à savoir l’Agence Comptable Centrale du Trésor, pour gérer principalement la trésorerie, la Paierie Générale, pour s’occuper du règlement des dépenses, la Recette Générale pour l’aspect recouvrement des recettes.

Nous avons également misé sur la déconcentration, en créant des Trésoreries Régionales. De façon générale, nous avons appliqué le principe que j’ai cité tantôt, à savoir affecter une fonction principale à un seul service et identifier chaque service par une seule fonction principale. Côté résultats concrets, je pense qu’il revient surtout aux usagers et à nos partenaires d’apprécier.

Ce qui nous revient assez souvent, c’est qu’il y a eu une nette amélioration dans nos prestations. En tout état de cause, nous restons engagés à remplir au mieux les missions qui nous sont assignées. Notre slogan n’est-il pas la quête permanente de l’excellence ?

On a également relevé que le Trésor communique de plus en plus...

• Effectivement nous avons opté de communiquer davantage, partant du constat que le Trésor, soit n’était pas du tout connu, soit mal connu. Notre conviction est qu’en tant que service public, c’est de notre devoir d’être à l’écoute des usagers, de leur fournir les informations auxquelles ils ont droit, mais aussi de rendre compte de ce que nous faisons.

C’est ainsi que vous aurez remarqué que, de plus en plus, nous faisons des publications. Il y a Trésor Info, qui est mensuel, Echange Trésor qui est trimestriel et le Rapport d’activité, annuel. Nous comptons poursuivre dans cette voie et sommes ouverts à toutes suggestions et critiques pouvant nous permettre de nous améliorer et donc de fournir un service public de qualité.

Vous semblez être absent de la scène politique. Un mandat électif ne vous a jamais tenté ?

• Ah non... pas en tant que tel... et puis, je crois que déjà, à mon poste, je peux bien servir mon pays.

On vous a souvent vu en Ministre des Finances ou du Budget. Avez-vous déjà été approché pour cela ou est-ce plus juteux d’être D.G. du Trésor que membre du gouvernement ?

• (Rires...) Sachez que je ne suis pas le genre à courir derrière les postes. L’essentiel pour moi, c’est de remplir correctement la mission qui m’a été confiée. Je pense qu’à tous les niveaux on peut bien servir son pays. Si ce n’est pas indiscret, combien gagne-t-on quand on garde les coffres-forts de la République ?

• Rassurez-vous, il n’y a pas de fonds secrets. Il y a le salaire, lié à son indice, et les indemnités, qui sont prévues dans la grille des indemnités, et que chacun peut consulter.

Pour beaucoup, la corruption prend de plus en plus d’ampleur au Burkina. Avez-vous la même perception du fléau ?

• On ne peut pas nier que le phénomène existe et qu’il est préoccupant. La corruption est un comportement de l’homme. Nous avons tous cette tentation en nous, latente et prête à se manifester dès que les conditions se présentent.. Ce qu’il faut faire d’abord, à mon avis, c’est chercher à limiter les conditions propices à la manifestation de cette tentation.

A titre d’exemple, au niveau du Trésor, nous essayons d’éviter de mettre les opérateurs économiques en contact direct avec les agents qui traitent leurs factures. Il y a un guichet de renseignement, auquel tout le monde peut s’adresser.

Concernant les marchés publics, où, semble-t-il, le phénomène serait répandu, pourquoi ne pas créer une incertitude quant à la composition de la commission d’attribution jusqu’au jour du dépouillement ?

Ainsi, les opérateurs ne pourront pas savoir qui, finalement, sera dans cette commission et, de ce fait, me semble-t-il, ne se risqueront pas à corrompre tous ceux qui sont susceptibles d’y être.... Bref, je pense qu’on peut déjà chercher à limiter les conditions propices à la tentation.

Cela étant, on ne pourra jamais éviter que cela arrive, même dans les pays les plus attachés à la bonne gouvernance, les cas de corruption existent.

Si des cas de corruptions sont avérés, il faut, sans aucun doute, prendre les sanctions prévues en la matière. Sur tout cela, contrairement à ce que peut penser l’opinion, le Gouvernement est en train de prendre des mesures...

Cela étant, je ne pense pas que la corruption soit plus développée au Burkina que partout ailleurs, notamment dans la sous-région.

Je dirai même que dans certains pays, des pratiques sont tolérées, qui seraient inconcevables chez nous. Cela dit, que notre opinion soit très sensible à la question traduit certainement notre sens de l’intégrité.

• Ah bon !.. Je croyais que c’était plutôt Ouaga 2000... Bref, là-dessus, je crois qu’il faut relativiser. Entre nous, nous serions fiers qu’après plus de quarante ans d’indépendance, on ne voie que des taudis dans notre capitale ?

Je me souviens qu’il fut un temps où, dans une de nos villes, on reprochait aux grands commerçants natifs de cette ville de ne pas y construire malgré leur fortune. Ne diabolisons pas tant ce boom des constructions auquel nous assistons actuellement.

Cela participe à l’embellissement de la ville et, partant, peut attirer des investisseurs. On reproche d’ailleurs aux Burkinabé de chercher à niveler tout le monde par le bas plutôt que de tirer par le haut. On voit partout de l’argent mal acquis... Je pense qu’il faut faire la part des choses...

Quand on est DGTCP, a-t-on encore le temps des loisirs ? Si oui, quels sont-ils ?

• C’est vrai que si on veut assumer pleinement et correctement sa mission, cela prend beaucoup de temps et en ce qui me concerne, je suis soucieux du travail bien fait ; ce qui, forcément, me prend encore plus de temps. Cela étant, dès que le temps me le permet, c’est d’abord avec ma famille que je me divertis.

J’ai des enfants qui sont exigeants en la matière, et ils ne manquent pas de me rappeler à l’ordre pour ne pas les oublier au détriment de mon boulot. Je fais aussi un peu de sport, histoire de maintenir un peu la forme.

Mais je compte surtout sur mes vacances annuelles pour vraiment décompresser. Pendant trois semaines, je décroche et disparaîs sans laisser d’adresse. ..

Vous êtes pour le moins discret. Est-ce un trait de caractère ? Est-ce dû à la fonction ? Ou est-ce pour ne pas gêner votre beau-frère de président ?

• C’est beaucoup plus un trait de caractère, même si les obligations liées à ma fonction exigent un minimum de réserve. Je préfère être apprécié aux résultats de ce que je fais.

Si un jour on devait vous inviter à manger, qu’aimeriez-vous trouver à table ?

• Dieu merci, je ne suis pas compliqué en nourriture. Préparez-moi ce que le commun des Burkinabé mange, et je m’en régalerai... (rires).

Si vous n’êtes pas compliqué en nourritture, vous avez quand même des préférences ?

• Ecoutez, que ce soit le riz à la sauce d’arachide ou les plats traditionnels comme le "gonré", le "zamné" ou le tô sauce d’’oseille et de gombo, je me retrouve...

Entretien réalisé par Ousséni Ilboudo & Boureima Diallo

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 3 mars 2007 à 23:55, par Bugloo En réponse à : > Lucien-Marie Noël Bembamba, DG du Trésor : "On peine pour payer les salaires, mais on paie quand même"

    Je crois que Mr le Directeur n’est pas allé au fond du probleme et les journalistes ont joué un peu son jeu.
    Pourquoi le syndicat renait au tresor comme il l’a dit (apres une mort) ?

    Pourquoi ne pas affecter des agents dans les perceptions pour appuyer les percepteurs ?

    Comment ces vacateurs contractuels sont-ils reccrutés pour servir le tresor ?

    Les agents du Tresor ont des reponses avec preuves a toutes ces questions.
    Donnez leur aussi la parole et ils vous diront.

    L’enaref est la pour former pour le tresor, des agents recrutés sur concours et non par affinité pour servir un service de l’etat, ainsi préconisent les textes de la fonction Publique.

    Comment peut-on concevoir qu’un agent qu’on presente un matin a un percepteur, venu l’appuyé dans son travail et qui est sans formation professionnelle de base, puisse avoir beaucoup plus de motivation financiere sur la base ce meme travail. Quelquechose ne va pas.

    Les vraies raisons de la renaissance du syndicat et la grogne qui est née s’y trouvent. Cherchez-les messieurs les journalistes.
    Merci

  • Le 5 mars 2007 à 11:08 En réponse à : > Lucien-Marie Noël Bembamba, DG du Trésor : "On peine pour payer les salaires, mais on paie quand même"

    Cet entretien est très intéressant car il permet de comprendre un peu plus de choses sur le rôle et le fonctionnement du trésor public !
    merci

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