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Classement du PNUD : Parce que nous préférons la nature ?

Publié le lundi 19 février 2007 à 09h03min

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Ah bon ! Parce que nous avons sacrifié à notre sempiternelle tradition, il nous ont classé 174e sur 177. Pourtant, que de vertus dont nous regorgeons ! Lesquelles sont même très reconnues et expérimentées par certains de nos représentants à l’hémicycle : comme, par exemple, nous soulager, pardon ! chier dans la nature, en plein air pour faire romantique.

Jugez-en vous-même par ce classement concocté par le PNUD pour l’année 2006. Niger : 177e ; Sierra-Leone : avant dernier ; Mali : 175e ; Burkina Faso : un point juste au-dessus de son voisin sahélien ; Norvège : première mondiale. Evidemment, ça n’a rien de surprenant pour ceux-là qui sont rompus à ces fameux critères de pauvreté, souvent aussi hétéroclites les uns que les autres. Passons sur les taux de scolarisation, d’accès aux soins médicaux, à la nourriture... et arrêtons-nous un peu à celui-ci : la disponibilité de l’eau potable.

Le Rapport mondial sur le développement humain 2006, dont le thème était "Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et la crise mondiale de l’eau", nous apprend ceci : si le taux de couverture en eau est de 60% dans notre pays, celui de l’accès à l’assainissement (toilettes) est de 10%. Par ailleurs, si le seuil de stress hydrique (volume d’eau indispensable pour un être) est de 1700 m3, au "Pays des hommes intègres", on y a franchi le cap de 1750 m3/an/personne.

Autant dire qu’il y a quand même quelque motif de satisfaction ; mais il n’y a pas lieu, pour autant, de jubiler à tout-va :les 90% des sans-toilettes, par exemple, sont là pour nous rappeler qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire si l’on veut grappiller quelques bons points les années à venir ; c’est d’ailleurs le plus dur reste à faire quand on sait quelles sont nos réalités culturelles, sociales et... pécuniaires. Allez, par exemple, demander à ce brave paysan de Bonyolo de se construire des latrines et il vous répondra qu’il préfère de loin se retrouver derrière un arbre, dans un fourré, avec le vent qui lui caresse les bijoux familiaux, une pierre ou des feuilles en guise de papier hygiénique.

D’ailleurs, un illustre fils de la région n’a-t-il pas défendu les bienfaits de cette pratique qu’il perpétue chaque fois qu’il en a l’opportunité ? Mais si en campagne, cela peut, à la limite, se comprendre, en ville, la donne change et pour cause : face aux contraintes de tous ordres liées au logement, très peu sont ceux-là qui, même s’ils réussissent à construire des latrines, parviennent à en assurer un entretien digne de ce nom. Et il n’est pas rare d’en apercevoir qui, à la faveur de la pénombre, se débarrassent de sachets noirs nauséabonds dans les décharges publiques, s’ils ne profitent pas de quelque pluie pour envoyer dans nos barrages le contenu de leurs W.-C.

Pauvreté oblige bien sûr, d’aucuns éprouvant de sérieuses difficultés pour recourir aux vidangeurs professionnels. De quoi se demander s’il ne faut pas, au regard des spécifiés de certains pays, leur trouver des critères de classement appropriés. Et cela, pour plus d’égalité entre les peuples en matière de liberté. Car, si pour le Français pur teint, bien vivre rime avec toilette nickel, pour le villageois des campagnes reculées du Burkina, le mieux-être passe par la liberté de se soulager dans quelque fourré, si ce n’est en plein air quand tombe la nuit et que ça lui chante !

L’Observateur Paalga

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