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Agrobusiness : Des producteurs brassent des millions

Publié le mercredi 15 novembre 2006 à 07h36min

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La Boucle du Mouhoun se hisse aux premiers rangs des treize régions les plus nanties du Burkina Faso. Grenier du pays, elle est marquée aujourd’hui par l’apparition de gros producteurs agricoles.

Les futurs fermiers du Burkina Faso sont en train de naître à l’Ouest dans la Boucle du Mouhoun. Kani Bicaba à Fouankuy (département de Ouarkoye), François Traoré dans la région de Solenzo (Banwa), Diomou Bazoumou à Ouahabou (Balé) constituent entre autres, les figures de proue de la nouvelle race de producteurs.

Exploitant des centaines d’hectares, ils sont peut-être les pionniers d’une agriculture intégrée : l’agrobusiness. Ces gros producteurs pratiquent une agriculture intensive, diversifiée et surtout orientée vers le marché. De plus, ils emploient des dizaines d’ouvriers agricoles dans leur exploitation. »Cette année, j’estime ma production à 245 hectares répartie entre le maïs, le coton, le sorgho , le niébé, l’arachide, le sésame, etc. On a abattu un travail de trois mois pour en arriver à ce résultat. Dès les premières pluies, on n’a plus de jour , ni de nuit, ni encore de week-end de repos. C’est le travail.

On se repose un jour toutes les trois semaines », a dit Kani Bicaba. Au cours de la campagne 2005-2006, il a estimé son revenu net à plus de 25 millions. Dans son exploitation, les techniques culturales modernes sont appliquées : culture attelée, rotation, utilisation de femure organique et minérale, etc. Toutefois, M. Kani pense que les producteurs sont confrontés aux coûts élevés des intrants et du matériel agricole. Comment passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture de marché ? C’est le pas que le Burkina doit franchir pour permettre aux populations de manger à leur faim.

Dans cette logique, on devrait accélerer la modernisation des producteurs tout en créant une chaine de commercialisation des produits agricoles. Dans la Boucle du Mouhoun, plusieurs facteurs concourent à la hausse de la production agricole. Le potentiel terres cultivables est important (80 000 ha de terres irrigables dont seulement 5000 sont mises en valeur, dans le Sourou notamment).

Les conditions climatiques sont propices à l’agriculture (800 à 1100 mm d’eau dans les Balé, les Banwa et le Mouhoun contre 600 à 800 mm pour le Nayala, la Kossi et le Sourou). Le réseau hydrographique offre également des possibilités d’aménagement hydroagricole (Sourou : 30000 ha, Kamandéna : 2000 ha, etc). La région produit par an, 500 tonnes de poisson. Outre ces facteurs naturels, les paysans sont au stade de la modernisation.

Des potentialités mais...

En plus des charrues, l’usage des tracteurs est une réalité pour la plupart des producteurs. Kani Bicaba, par exemple, dispose d’une dizaine de tracteurs. La Boucle du Mouhoun est également une des régions où les producteurs sont les mieux organisés. Ils se regroupent par filière (sésame, riz, fruits et légumes, coton, etc.) pour mieux maîtriser et défendre leurs productions sur le marché.

La Boucle du Mouhoun s’étend sur une superficie de 34497 km2 couvrant six provinces : Balé, Banwa, Kossi, Mouhoun, Nayala et Sourou. D’une population estimée à plus de 1, 440 million d’âmes en 2005 d’après les projections de l’analyse des résultats du récensement général de la population (INSD,1996), 80% de cette population a pour principale activité le travail de la terre.

Première région productrice de céréales (plus de 624 000 tonnes par an), elle se positionne au 2è rang de la production du coton estimée à environ 120 000 tonnes et l’élevage en termes d’effectifs du cheptel après l’Est.

La Boucle du Mouhoun, malgré ses énormes potentialilés agricoles, reste marquée par la pauvreté. En effet, diverses études sur la pauvreté classent cette région comme l’une des plus pauvres du Burkina Faso. Cette situation est aggravée par son enclavement rendant inaccessibles les zones de production. Pendant la saison des pluies, la plupart des axes routiers sont impraticables. La Nationale n°10 en cours de bitumage est l’unique voie goudronnée de la région.

Le mauvais état des routes entrave l’écoulement des produits agricoles. Pour Maurice Traoré, l’ensemble de ces richesses demeurent encore mal exploitées. De plus, il regrette l’absence d’un encadrement des paysans. « Nous n’avons pas encore pu définir une stratégie d’appui-conseil en direction des agriculteurs », a-t-il souligné. Et d’ajouter qu’il faut les accompagner. Un tel accompagnement devrait surtout rimer avec la mise en valeur des plaines de la région. Toute chose qui permettra à terme, de réduire les importations de produits comme le blé.

Le Burkina Faso importe 3 040 000 tonnes de blé (15 à 20 milliards de FCFA) par an. La relance de la culture du blé vise à réduire le poids de l’importation du blé dans la balance des paiements. De plus en plus, les acteurs s’accordent à dire qu’il faut poursuivre l’expérience de la culture du blé au Sourou. Des opportunités existent.

La Société nouvelle des Grands Moulins du Burkina et l’Association des boulangers pourraient être des « consommateurs » du blé du Sourou. Mais pour l’heure, le projet blé du Sourou, selon le directeur général de l’AMVS, Charles Etienne Zan, dispose de zéro franc pour cultiver son blé dont la campagne devrait démarrer incessament.

S. Nadoun Coulibaly

Sidwaya

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