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Sidiki Daniel Traoré, président de la Fédération de boxe : « Il nous faut défendre le titre du caïd chez nous »

Publié le mercredi 30 août 2006 à 06h42min

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Sidiki Daniel Traoré

Depuis octobre 2000, le colonel Sidiki Daniel Traoré est à la tête de la Fédération burkinabè de boxe (FBB). Après un second mandat qu’il a entamé il y a deux ans, son équipe et lui ont des ambitions pour le noble art. Dans cet entretien, il nous parle de sa discipline et surtout de la défense du titre d’Irissa Kaboré dit le caïd.

Quel bilan faites-vous à mi-parcours de votre mandat à la tête de la Fédération burkinabè de boxe (FBB) ?

• Je voudrais d’abord remercier votre journal qui fait beaucoup pour le sport en général et le noble art en particulier. Cela dit, au titre du bilan que vous me demandez en ce qui concerne ma discipline et du bilan de mon mandat, sans vouloir être exhaustif, je dirais que nous nous sommes fixé des objectifs précis à travers notre programme d’activités quadriennal.

Aussi bien pour le premier mandat que pour le deuxième, mais je parlerai en l’occurrence du deuxième mandat pour lequel nous sommes à la deuxième année. Notre objectif se situait à plusieurs niveaux et vous n’ignorez pas que la boxe est structurée comme d’autres disciplines sportives. Il y a la boxe éducative, minime, amateur et professionnelle. Pour brosser les différents domaines, je commencerai par les amateurs en disant que nous avons régulièrement organisé les championnats nationaux dans cette catégorie.

Actuellement, on se prépare à organiser du 30 août au 1er septembre, le championnat national individuel senior de la saison sportive 2005-2006 à l’INJEPS. Les boxeurs des clubs de la ligue du Centre, des districts du Houet, de la Comoé et du Yatenga prendront part à cette phase finale. L’an passé, nous avions participé au championnat de la zone 3 du CSSA à Lomé et au championnat d’Afrique à Casablanca où nous avions remporté la médaille d’argent au niveau des super lourds.

Cette année, au niveau sous-régional, il n’y avait pas de challenge, c’est-à-dire de championnat de zone. Par contre, au niveau continental, on devait abriter la première édition de la coupe d’Afrique des nations de boxe. Mais, par manque de moyens, l’organisation a été confiée au Gabon. Je dois ajouter que nos boxeurs étaient absents à cette compétition et cela coïncidait aussi avec les préparatifs de notre gala de boxe professionnelle pour la conquête de deux titres africains.

En boxe éducative, on a une douzaine d’écoles à travers le pays et nous avons mis en place la commission de boxe éducative pour animer ces écoles. Nous étions accompagnés par la Coopération Française, mais malheureusement, ce projet a pris fin.

Aujourd’hui, c’est la Fédération qui se débrouille avec ses modestes moyens pour que la boxe éducative ne meure pas. Pour ce qui est de la boxe féminine, elle n’est pas bien implantée dans la sous-région, exception faite des pays anglophones.

Au Burkina, nous avons créé une commission de boxe féminine qui s’attelle à animer ce domaine. Il y a des écoles de boxe où il y a un certain nombre de filles qui apprennent à boxer. C’est du sport et ça fait du bien. Pour terminer, la boxe professionnelle nous a apporté satisfaction.

Cette année, on visait au moins un titre et nous avons décroché trois avec Irissa Kaboré dit « le caïd du Faso » en super welter, Alexis Kaboré dit « Yoyo » en coq et enfin, Boniface Kaboré dit le « python ». On ne peut que remercier le seigneur pour avoir exaucé au-delà de nos attentes cette ambition-là.

Concernant la boxe féminine, à quel âge recrutez-vous les filles et les parents donnent-ils facilement souvent leur accord ?

• Avant même de parler des parents et des âges, il est important que je précise que la boxe féminine, ce n’est pas la frappe. C’est essentiellement les gestes et les esquives. En un mot, c’est la technique qui importe. Il est d’ailleurs interdit de porter des coups. C’est ce qui est le plus important au niveau de la boxe éducative, qu’elle soit pour les garçons que pour les filles.

L’âge varie entre 10 et 15 ans. En ce qui concerne les filles, il nous faut beaucoup communiquer pour que les parents aient la bonne information. C’est un début et dans certaines écoles de boxe éducative, les filles sont nombreuses à pratiquer ce sport. Nous pensons que la mayonnaise commence à prendre et il faudra suffisamment communiquer pour que la boxe éducative soit une réalité au Burkina Faso.

Vous êtes à votre deuxième mandat. Pensez-vous qu’il y a d’autres chantiers à ouvrir ?

• En matière de sport, les chantiers ont commencé depuis l’existence de la discipline et se poursuivent avec des hommes qui se succèdent. C’est une continuité. En ce qui nous concerne, notre équipe essaie de faire ce qu’elle s’est fixé comme objectif et nous attendons d’être apprécié à ce niveau.

Quelles sont vos relations avec le ministère des Sports et des Loisirs ?

• Elles sont d’ordre hiérarchique et c’est notre autorité de tutelle parce que nos activités sont suivies par ce département. Pour moi, nos relations sont bonnes et d’ailleurs je ne peux pas les situer sous un autre signe.

Comment jugez-vous l’action du département du sport qui a décidé de mettre en place une seule structure des supporters par discipline sportive ?

• Le ministère des Sports et des Loisirs a pour mission d’organiser le sport dans sa globalité au niveau national. Qui parle du monde du sport, parle des sportifs, des partenaires et des acteurs. Donc, tout ce qui a trait à ce domaine-là, c’est tout a fait légitime pour le ministère de pouvoir se préoccuper de sa bonne marche.

A ce titre, je pense qu’en me situant à ce niveau, j’estime que c’est une démarche tout à fait normale de la part du département du sport de chercher à organiser le monde du sport. J’apprécie l’action du ministère à sa juste valeur.

Après Irissa Kaboré dit « le caïd du Faso » à Abidjan, Boniface Kaboré dit le « python » et Alexis Kaboré dit « Yoyo », viennent d’offrir deux nouveaux titres au Burkina. Quels sont les sentiments qui vous animent ?

• Ces trois boxeurs que vous venez de citer ont donné des moments de joie au public sportif et cela nous fait tous plaisir. Quelque part, cela encourage la Fédération à aller toujours de l’avant. Les résultats de ce genre motivent les différents acteurs de cette discipline à regarder dans la même direction.

Combien a coûté l’organisation de ces deux championnats d’Afrique ?

• Sans rentrer dans les détails, je voudrais simplement vous dire que nous avons évalué initialement le coût d’organisation à 15 millions de FCFA. Nous avons eu un appui du ministère qui ne couvrait pas ce montant. Mais il était dans une logique qui était que les partenaires aussi pouvaient accompagner son action.

A ce titre, il nous a appuyé dans les démarches pour approcher des sponsors. Mais ceux-ci sont un peu frileux pour accompagner le sport. Leur engagement n’est pas encore total. Le ministère nous a donné ce qu’il pouvait donner.

Etes-vous satisfait des recettes puisqu’il y avait quand même foule à la maison du peuple ce jour-là ?

• A ce niveau, ce qui nous a le plus satisfait, ce n’est pas surtout les recettes engrangées mais c’est d’avoir vu que le public a répondu massivement à notre appel. Mais, vous connaissez la capacité de la maison du peuple et quand on soustrait tout ce qu’il y a comme invités et tous les autres acteurs qui contribuent à l’organisation, on ne doit pas penser qu’on se frotte les mains. C’est à l’issue d’une réunion bilan qu’on saura exactement ce que nous avons pu récolter comme recette.

Le jour de ce Gala de boxe, il y a eu une caisse spéciale pour les invités qui se devaient de faire un geste, histoire d’encourager le noble art. Avez-vous récolté quelque chose de consistant ?

• Pour ce volet, c’était une première, et nous avons un peu imité Dyna Jolly Drabo, la promotrice de boxe. Ce réflexe n’est pas totalement rentré dans les habitudes des invités. Généralement, nous ne vendons pas de billets à ceux-ci. On demande modestement leur contribution selon leur bourse. Pour le moment, c’est assez timide et peut-être qu’avec le temps, on comprendra le sens d’une telle démarche.

En septembre prochain, Irissa Kaboré doit remettre le titre qu’il a gagné à Abidjan en jeu. Son adversaire est-il déjà connu ?

• Effectivement, pour la défense des titres en boxe professionnelle, c’est tous les six mois. Irissa a conquis son titre le 31 mars 2006 à abidjan. Nous avons déjà saisi la Confédération africaine de boxe (CAB) pour lui dire que nous sommes prêts à remettre son titre en jeu dans la première semaine du mois d’octobre. Dans tous les cas, si nous ne le faisons pas, elle nous le demandera.

Maintenant, il revient aux pays qui ont des boxeurs bien classés de postuler. Mais c’est la Confédération qui a le dernier mot pour retenir qui sera le challenger du tenant du titre. Pour le moment, il y a un promoteur algérien du nom d’Ali Addour qui nous a contacté dans ce sens.

Est-ce à dire que le prochain adversaire d’Irissa sera un Algérien ?

• Comme je le disais tantôt, il ne sera pas le seul. Il y aura forcément d’autres prétendants et c’est la Confédération qui appréciera.

Le « caïd du Faso » défendra-t-il son titre à Ouagadougou ?

• Le tenant du titre a la possibilité de défendre sa ceinture chez lui comme ailleurs. Si c’est au Burkina, toutes les charges de l’organisation nous incombent. C’est la même chose pour le challenger. A notre niveau, nous estimons qu’avec nos autres partenaires, nous allons toujours militer pour la défense de nos titres chez nous. C’est un choix qu’il faut exploiter à fond pour se donner le maximum de chance.

Combien peut coûter l’organisation pour la défense du titre à Ouagadougou ?

• Pour la défense du titre, ce sera plus de 15 millions de FCFA parce qu’il y a des charges à prendre en compte : le déplacement du challenger, son manager, son entraîneur et des membres de la Confédération. Ça demande quand même un budget conséquent pour faire face à certains besoins.

Si d’aventure, le ministère des Sports et des Loisirs vous saisissait pour dire qu’il n’a pas les moyens pour organiser ce gala titre en jeu, craignez-vous d’aller le défendre ailleurs ?

• Ce ne sera pas conforme à nos souhaits. C’est toujours bon de défendre un titre à domicile parce qu’on a son public avec soi. Je rappelle que c’est à Abidjan qu’Irissa est allé conquérir la ceinture et il peut bien se défendre n’importe où. Mais je pense que c’est avantageux pour le « caïd du Faso » de le faire ici. A l’extérieur, les risques sont encore plus grands que chez soi. Cela concerne aussi Boniface Kaboré et Alexis Kaboré qui défendront leur titre en février 2007.

Un autre boxeur, en l’occurrence Patrice Sou Toké, attend lui aussi de disputer un championnat. La date a-t-elle été choisie ?

• Sou Toké est un boxeur qui commence à faire des progrès. Vu le niveau qu’il a atteint et avec quelques combats de préparation, cela lui permettra de gagner des galons. Nous ne l’avons pas oublié et le moment viendra où il essaiera de conquérir un titre. Peu importe le lieu, pourvu qu’il soit prêt pour la bataille.

Entretien réalisé par Justin Daboné

L’Observateur Paalga

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