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Lutte contre la grippe aviaire : Ouagadougou se débarrasse de ses poulets à problèmes

Publié le jeudi 1er juin 2006 à 08h18min

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Alors que le gouvernement disait « éteint » le premier foyer de grippe aviaire à virus H5N1 découvert à Gampèla, et qu’on a affirmé que la capitale Ouagadougou est indemne de ce virus, trois autres foyers ont été notifiés au secteur n°2 de Ouagadougou, à Bobo Dioulasso et à Sabou.

Loin de se décourager, le gouvernement continue de mener des actions pour contenir la maladie et éviter à tout prix qu’elle ne se propage à d’autres localités. A cet égard, une opération d’abattage partiel, suivi de l’incénération et de l’enfouillissement des poulets des zones de séquestration a eu lieu mardi 30 mai 2006. Elle a concerné les élevages de Bilbalogo, un quartier de Ouagadougou.

La directrice provinciale des Ressources animales de la région du Centre, Mme Awa Touré, accompagnée des services de la Mairie centrale de Ouagadougou, a mené toute la journée du mardi 30 mai, une opération d’abattage, d’incinération et d’enfouillissement de cinq cent soixante trois (563) carcasses de volaille issue du secteur n°2 de Ouagadougou. Les poulets à problèmes ont fini leur vie au fond d’une grande fausse réalisée dans une ancienne décharge de Wapassi, une zone périphérique de Ouagadougou.

Ce carnage préventif, dont les poulets sont les plus grandes victimes, a touché 456 poules traditionnelles, 105 pigeons, un dindon et une pintade, la seule à avoir été capturée. « L’opération d’abattage dans la zone de séquestration à Ouagadougou n’est pas terminée », a précisé Mme Touré qui note justement qu’elle se poursuivra les jours à venir afin que tous les élevages concernés soient bien nettoyés.

Selon elle, la population n’a manifesté aucune résistance contre le mesures prises pour contenir la maladie. « Les gens sont consentants d’autant plus que ce n’est pas la première fois que cela arrive ».

Elle a rappelé l’engagement du gouvernement selon laquelle toutes les volailles détruites à titre préventif, seront dédommagées à raison de 1 000 francs le poulet traditionnel, 1 200 francs la pintade, 5 000 francs le dindon, 250 francs le pigeon, 25 francs l’œuf traditionnel...

La destruction des volailles n’est pas une mince affaire

On connaît peu à peu les mesures qui sont prises après la déclaration d’un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène. Ainsi savons-nous que les autorités mettent en place un comité chargé du recencement, de l’abattage et de la destruction de toute la volaille située dans la zone de séquestration. L’opération de destruction, apparement simple se revèle souvent fastidieuse dans la pratique comme on a pu le constater.

En effet, il est 15 h 30 mn lorsqu’un cortège de huit véhicules est sorti de la direction de la propriété de la commune de Ouagadougou et, s’est ébranlé vers le lieu d’incinération. Une équipe de 16 policiers prend la tête de la colonne. Dans le cortège on note la présence des agents de la mairie centrale, des responsables des services vétérinaires, et des journalistes. Une quizaine de jeunes de Bilbalago sont reconnaissables grâce à leurs combinaisons de protection tout de blanc, qui leur ont servi dans la capture et l’abattage de la volaille. On a l’impression qu’ils ont chaud dans ces ensembles qui les couvrent complètement. « Ils ont été mobilisés depuis le 24 mai », selon les précisions de Mme Touré.

L’air devient triste. Les véhicules allument leur feu de détresse. Les agents de la police, en position débout et sifflet à la bouche, font signe aux engins venant en sens opposé qui, s’arrêtent tandis que les voitures qui roulent dans le même sens, stationnent sur les côtés de la voie. Les populations au régard interrogateur, laissent leurs occupations pour satisfaire leur curiosité, le temps de passage du cortège.

Sur les lieux, le nouveau monde, que vient de construire l’équipe d’incinération, attire les badauds qui commencent à affluer. Mais les éléments de la police les tiennent en respect. « Sambissi, reculez », a lancé un policier à l’endroit des riverains.

Les carcasses de poulets, ensachées dan s du plastique rouge, commencent à choir dans la fosse commune, profonde de cinq mètres et large d’une dizaine de mètres. Au fond du trou, on remarque la présence de deux jeunes troncs de calotropis procera, une plante commune qui pousse un peu partout à Ouagadougou et dans tout le pays. « C’est le signe de l’interdit », m’a-t-on expliqué. Les jeunes ôtent leurs combinaisons, à l’exception des lunettes, et les jettent au fond de la fosse. Les techniciens des Ressources animales balancent aussi quelques matériels usagés, puis des fagots de bois sec.

Un jeune toujours dans sa combinaison de protection, descend dans le trou, met tout en place. Il déverse sur le tout un bidon de 20 litres d’essence, puis un autre de 20 litres de gas-oil. Il craint un instant qu’on n’allume le tas explosif avant qu’il ne soit remonté de là.

Le directeur provincial des Ressources animales, Philippe Toé prie tout le monde de se tenir bien à l’écart. « Ça pourrait produire une explosion », a-t-il prévenu.

Pendant que se consument les carcasses, les responsables de l’opération sont sollicités par la presse. Les journalistes avec insistance, veulent connaître le nombre exact des gallinacés brûlés. Mais on ne peut le leur fournir immédiatement « Pour le moment, nous n’avons pas encore la situation car l’opération n’est pas terminée, c’est même un début et à l’issue de cela, nous ferons le point à la presse sur l’effectif de la volaille abattue », ont-ils tenté de justifier. Pendant ce temps, le conducteur d’un caterpillar est aux prises avec un terrain accidenté, pour recouvrir ce qui reste des oiseaux.

L’opération du jour s’est terminée ainsi, mais le travail lui continue. Car les techniciens doivent poursuivre d’autres recensements-abattages-incinérations-enfouillissements mais aussi, désinfection des poulaillers et dédommagement des populations.

Aimé Mouor Kambiré (a.kambire@bf.refer.org)

Sidwaya

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