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Suppression des postes de contrôle : Joie des transporteurs, angoisse des commerçants

Publié le jeudi 20 avril 2006 à 07h45min

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Depuis un certain temps, la police n’est plus présente aux postes de contrôle à la sortie des routes nationales. Notre équipe de reportage s’est rendue à Nioko, au poste situé sur l’axe Ouaga-Fada. Le petit marché de fortune perd de sa superbe, à la grande désolation des commerçants. Et ce sont les transporteurs qui sont heureux de ne plus subir les tracasseries.

Pour celui qui a l’habitude d’emprunter la route qui mène à Zorgho, Koupèla, Fada, etc., le poste de police n’est plus aujourd’hui, que l’ombre de lui-même. Installés dans les cars, c’est à ce lieu que les voyageurs faisaient les petits achats pendant que les chauffeurs faisaient contrôler par les policiers leurs papiers. A l’heure actuelle, le coin a perdu de son animation et de son monde. En l’espace de 15 minutes, deux minicars (communément appelés Dîna) ont stationné, le temps de chercher quelques passagers.

Certains se permettent même de faire de la vitesse non réglementaire. Une vraie révolution. Il y a quelques mois, assure Mahamady Kéré, qui conduit une "Dîna" faisant la liaison Ouaga-Cinkansé, c’est à ce niveau que la police contrôlait la patente, l’assurance, la visite, le permis de conduire, la carte d’affiliation à la CNSS, la carte de transport, etc. "Quand tes papiers n’étaient pas corrects, il fallait payer 1 000 ou 2 000 F CFA", révèle notre interlocuteur.

"Maintenant, nous sommes contents ; c’est à la frontière qu’il y a le contrôle", ajoute-t-il. Salif Kiema de la société STB (Ouaga-Diabo), qui prend de l’essence avant le départ, est même plus dur : "Avant, c’était la merde". Il ajoute que dorénavant leurs papiers sont vérifiés par la mairie à Ouagadougou. "Nous sommes plus tranquilles avec la fin des tracasseries et des rackets des policiers", jubile-t-il.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

Situation paradoxale à Nioko. Pendant que les transporteurs apprécient la nouvelle mesure, les commerçants, eux, font grise mine. Ils ont maintenant un seul refrain à la bouche : les affaires ne marchent plus. A Nioko, on pouvait s’acheter tout ou presque. De nombreux commerces ont poussé comme des champignons et comptaient sur l’arrêt obligatoire des bus et cars de transport pour écouler leurs marchandises.

L’affluence a complètement baissé et il n’y a plus de clients. Issouf Kouanda déclare qu’il vendait jusqu’à 200 miches de pain par jour, surtout les week-ends. Maintenant, il arrive à peine à en écouler 100 par jour. "C’est très dur. Il n’y a pas de boulot à Ouaga et nous nous débrouillons avec cette activité", soupire un jeune homme adossé à une table.

Adjara Sawadogo, qui gère une boutique, propose carrément aux autorités ... de faire revenir les policiers "sinon on va nous chasser d’ici peu. Comment allons-nous payer la patente et nourrir nos familles ?" Sur ces entrefaites, son époux qui vient d’arriver entre dans la conversation. "Nos recettes ont vraiment baissé depuis la suppression du poste de contrôle. "Par exemple, quand les conducteurs maliens de remorques stationnaient ici, ils faisaient de gros achats", lance-t-il. Plus d’escale donc à Nioko, plus de boulot pour les policiers, qui se tournent les pouces. On scrute l’horizon et on espère y voir un bon présage. Les commerçants installés aux alentours du poste de contrôle proposent toujours du pain, de l’eau minérale, des fruits, des friandises, etc. aux rares passagers qui s’y arrêtent...

Par D. Parfait SILGA

Le Pays

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