Jeux olympiques Paris 2024 : « Je veux être au moins sur le podium », Marthe Koala
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Cela ne fait aucun doute. Marthe Koala est la locomotive de l’athlétisme féminin du Burkina Faso. Grâce à sa détermination, l’amazone du saut en longueur a décroché plusieurs médailles dans des compétions africaines. Avec son allure sportive dès son plus jeune âge, la médaillée d’argent aux 13e Jeux africains d’Accra était certes prédestinée à ce sport mais tout n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle représentera le « pays des hommes intègres » aux Jeux olympiques de Paris 2024, dans la discipline du saut en longueur. Marthe Koala est à fond dans sa préparation pour cette compétition internationale. Dans cette interview qu’elle a bien voulu nous accorder, elle se confie sur ses objectifs pour ces JO de Paris. Nous plongeant dans son univers, Marthe Koala se remémore sa plus grande satisfaction en tant qu’athlète mais aussi ses plus grands revers. Mais elle continue le combat. À ces JO de Paris, Marthe Koala nous promet au moins le podium.
Lefaso.net : Comment Marthe Koala se définit ?
Marthe Koala : En quelques mots, je me définirais comme étant une femme battante, une femme passionnée de sport, notamment d’athlétisme. Je dirais également que je suis une femme qui aime les défis et qui est très forte mentalement.
Quand a commencé l’histoire d’amour entre l’athlétisme et vous ?
J’ai aimé l’athlétisme à travers mon père. Je l’accompagnais chaque soir quand il sortait faire le sport. Un élément important à souligner également, c’est que depuis le bas âge, j’avais un corps athlétique. A l’école primaire, j’étais toujours la première de ma classe aux épreuves d’Éducation physique et sportive (Ndlr : EPS). Donc, c’est tout cela réuni qui m’a fait aimer l’athlétisme. Par l’intermédiaire d’une amie, j’ai pu intégrer le groupe de sport de M. Missiri Sawadogo, (Ndlr : actuel directeur technique national de la Fédération burkinabè d’athlétisme), au Lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso.
A quand remonte votre toute première médaille pour le Burkina Faso ?
J’ai remporté ma première médaille au niveau national pendant les compétitions de l’USSU-BF (Ndlr : Union des sports scolaires, universitaires du Burkina Faso). Quant à ma première médaille sur le plan international, je l’ai obtenu au Niger lors des jeux de la CEN-SAD Ndlr : Communauté des Etats sahélo-sahariens). Cela remonte en 2009.
Quel est votre plus beau souvenir dans l’athlétisme ?
Mon plus beau souvenir en athlétisme c’est incontestablement lors des Championnats d’Afrique en 2014 où j’ai décroché ma première médaille africaine chez les seniors. C’était un rêve que je venais de réaliser. Je précise que j’avais déjà eu une médaille en catégorie cadette et junior. Car mon objectif et mon rêve c’était de décrocher une médaille aux championnats d’Afrique en senior, chez les grands si je peux m’exprimer ainsi. Donc, j’avais accompli une partie de mes rêves, c’est-à-dire, être championne d’Afrique senior.
Parlez-nous de votre plus grande déception ?
Ma plus grande défaite a eu lieu lors des championnats du monde à Doha, en 2019. J’y suis allée très en forme. Malheureusement, je n’ai pas pu terminer la compétition. Une blessure m’a contrainte à abandonner. C’était vraiment une grande défaite pour moi parce que je savais que j’avais mon mot à dire dans cette compétition. Je savais que je pouvais être parmi les huit premières dans cette compétition. Malheureusement, je n’ai pas pu m’exprimer comme il le fallait. Des épreuves difficiles à supporter mais qui arrivent à tous les grands sportifs.
Cela ne fait aucun doute, vous êtes une des athlètes les plus prometteuses du Burkina Faso. Quels sont vos sentiments ?
C’est une grande fierté pour moi d’être l’une des meilleurs athlètes du Burkina Faso. Par-là, je démontre, si besoin en était encore, que même si on est femme, on peut aller jusqu’au plus haut niveau peu importe son domaine d’activité. Pendant que j’y suis, pourquoi ne pas ramener des médailles dans des compétitions comme des Jeux olympiques et les championnats du monde d’athlétisme ? Je suis également très contente parce qu’il y a actuellement des jeunes athlètes prometteurs au pays et ailleurs qui s’identifient à moi. Donc, c’est un sentiment de fierté qui m’anime quand j’y pense. Toutefois, il ne faudrait pas dormir sur ses lauriers et continuer de travailler.
Pour en arriver là vous avez certainement connu des hauts et des bas. Parlez-nous-en…
Dans le sport de haut niveau, il y a effectivement des hauts et des bas. Personnellement, je suis passée par pas mal de difficultés et d’échecs. Mais cela ne m’a pas ébranlé pour autant. Je suis arrivée dans certaines compétitions en pleine forme mais je n’ai pas pu m’exprimer à 100%. Car j’ai eu des blessures si bien que je n’ai pas pu terminer lesdites compétitions. Ce sont des choses que j’ai vécu plus d’une fois. Il faut le dire également, à côté de cela, j’ai connu assez de succès surtout sur le plan africain. J’ai eu beaucoup de médailles aux championnats d’Afrique, aux Jeux africains, dans plusieurs grands meetings partout dans le monde. L’objectif maintenant c’est une médaille sur le plan mondial.
Vous avez été l’une des satisfactions de la participation des athlètes burkinabè aux 13e Jeux africains d’Accra. Quelles leçons tirez-vous de cette participation ?
Ma participation aux 13e Jeux africains à Accra, au Ghana, a été satisfaisante. L’objectif pour moi c’était de décrocher la médaille d’or. C’est finalement la médaille d’argent que j’ai pu remporter. Il faut dire que cette médaille était bonne à prendre. Il faut dire aussi qu’au-delà de cela, les 13e Jeux africains d’Accra étaient une bonne aubaine pour me préparer pour les Jeux olympiques Paris 2024.
Que fait Marthe Koala en dehors des pistes ?
Cette année, je suis focus sur ma préparation aux Jeux olympiques de Paris 2024. J’avais commencé des études en management du sport mais j’ai dû faire une pause pour me concentrer uniquement sur les JO de Paris 2024. Après cela, je vais reprendre le chemin de l’école.
En dehors de l’athlétisme quels sont les autres occupations de Marthe Koala ?
En dehors de la piste, je ne fais pas grand-chose. Les études étant suspendues, après mes séances d’entraînements, le peu de temps qui me reste, je l’utilise pour me reposer afin de reprendre des forces. Parce qu’il sied de préciser que je m’entraîne pour la plupart du temps, deux fois par jour. Ce qui fait que je n’ai pas vraiment le temps de faire autre chose.
On est à quelques semaines (-50 jours) des JO de Paris 2024. A votre niveau, comment se passe les préparatifs ?
Effectivement nous sommes à quelques semaines de la compétition tant attendue, c’est-à-dire, les Jeux olympiques de Paris 2024. Je peux dire que ma préparation se passe assez bien. J’essaie de faire comme je peux pour être bien en forme le jour J.
Sur quoi travaillez-vous âprement pour espérer faire de bonnes performances aux JO ?
Ma discipline étant le saut en longueur, avec le coach, on met beaucoup l’accent sur la force, la vitesse et la technique. Ce sont les trois aspects sur lesquels je travaille quotidiennement pour espérer une bonne performance aux JO.
Quels sont vos objectifs pour les Jeux olympiques de Paris 2024 ?
Mes objectifs pour les JO, c’est évidemment être au moins sur le podium. Je me rappelle que l’année dernière, j’ai terminé septième en finale. Donc, cette fois ci, je mettrai tout en œuvre pour être sur le podium. Si j’arrive à réaliser cette performance cela me rendra fier et rendra aussi fier toute la nation.
Peut-on espérer de voir Marthe Koala médaillée d’or à ces JO de Paris ?
Oui, pourquoi pas ? La médaille d’or est faisable. Avec le coach, on a conscience que nos adversaires sont très fortes également. L’objectif c’est de sauter au moins 7m. Parce qu’avec 7m, on peut s’adjuger une médaille d’or à ces Jeux olympiques. Donc, l’objectif c’est de sauter au moins 7m aux Jeux olympiques.
Aux JO de Paris quelle sera la discipline de prédilection si on sait qu’en plus du saut en longueur, vous faites également d’autres disciplines ?
J’ai arrêté de faire les disciplines combinées. Je ne fais plus d’autres disciplines à part le saut en longueur depuis 2018. Parce que les disciplines combinées sont très fatigantes et dispersent également les énergies. Je me suis spécialisée uniquement en saut en longueur. Donc, je suis qualifiée à ces Jeux olympiques que pour la discipline du saut en longueur.
Est-ce que vous avez une idée de vos adversaires et de votre entrée en lice aux JO de Paris ?
Oui. Je connais mes adversaires. Nous nous sommes côtoyées dans plusieurs compétions. A Budapest déjà, nous étions ensemble, on se connaît très bien. Pour ce qui concerne la discipline de saut en longueur, les qualifications commencent normalement le 6 juillet 2024 et la finale, le 8 juillet 2024.
Après les JO de Paris 2024, quels sont les prochains défis de Marthe ?
Après les Jeux olympiques de Paris, je compte faire une ou deux compétitions, notamment la finale de la Diamond league en septembre 2024. Et après, on verra.
Nous sommes au terme de cette interview. Avez-vous un dernier mot ou un appel à lancer ?
J’ai un petit appel à lancer. Je demande aux entreprises et autres qui pourraient éventuellement nous aider, à ne pas hésiter. Cela nous aidera à réaliser ce rêve olympique. Personnellement, je n’ai pas de sponsors. Donc, c’est un peu compliqué. C’est vrai que j’ai une bourse mais ce n’est pas suffisant. Le sport de haut niveau demande beaucoup de moyens. En France tout est payant. Ce n’est pas comme au football. Il faut payer le kinésithérapeute, il faut payer le docteur, il faut payer l’entraîneur, il faut payer le local ou tu t’entraînes, etc. Donc, personnellement j’ai besoin de sponsors. En dehors de cela, j’aimerais par votre canal, dire merci à toutes ces personnes qui me soutiennent depuis que j’ai commencé l’athlétisme, de près ou de loin. Un grand merci également à ma famille, un grand merci à mes proches et à mes amis. Je dis aussi merci à la Fédération burkinabè d’athlétisme (FBA), au ministère des Sports et des loisirs, au Comité national olympique, au Fonds national pour la promotion des sports et des loisirs. Pour terminer, grand merci à la presse.
Interview réalisée par Obissa Juste Mien
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